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HISTORIQUE

ET

POLITIQUE,

SUÈDE.

De Stockholm, le 25 Juin 1792

M. DE VERNINAC, nouvel Envoyé de France, n'eft point reconnu comme tel à la Cour: il vit en fimple particulier. On s'étonne ici que le Ministère François connoiffant notre averfion pour fes principes ait nommé pour fon Repréfentant ici un homme exalté dans les idées de la Révolution, & dont la conduite dans l'affaire. d'Avignon pouvoit bien faire juger que nous n'en voudrions pas. D'un autre côté, M. Gauffin, qui jufqu'ici avoit été chargé des affaires de France, ne fe mêle plus de rien, en forte que la correfpondance offi cielle de la Suède avec la France fe trouve entièrement interrompue.

N°. 29. 21 Juillet 1792.

G

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POLOGNE.

De Varfovie, le 20 Juin 1792.

Les affaires fe compliquent à mesure que les évènemens fe preffent; la guerre au dehors, les contre-fédérations particulières ua dedans, la neutralité, ou peut être même la réunion de la Pruffe & de Vienne pour feconder les projets de la Ruffie: tout annonce que la Conftitution de 1791 doit céder à la violence des obftacles qu'elle rencontre dans fon exécution.

Malgré quelques avantages, toujours exagérés dans l'intention de foutenir les efprits incertains, les Ruffes pénètrent detoutes parts fur le territoire polonois. Le Prince Dolgoroukijà la tête de 40,000 Ruffes, s'avance à grands pas dans la Lithuanie, tandis que le Général Kochowski, avec un nombre égal de combattans, fait des progrès dans l'Ukraine, qui prouvent que les fuccès que nous avons eu n'ont que foi

blement diminué fes forces.

C'eft le 17, que l'action générale eut lieu : elle commença par une forte canonnade qui dura depuis 7 heures du matin jufqu'às heures du foir. L'aile gauche des Ruffes fat mife d'abord en déroute, l'aîle droite refta feule, & fat bientôt forcée de fe retirer, & de nous laiffer le champ de

bataille; nous l'avons confervé deux heures encore apres le combat. On croit que les Ruffes ont perdu près de 4,000 hommes; notre perte s'è.'ève à 800 hommes & 300 chevaux. Le Gét éral Poniatowski a montré un grand courag & beaucoup d'intelligence. Cette action s'eft paffée près de Zaslaw dans l'Ukraine Polono,fe. Les évènemens mettront à même d'en apprécier apr le véritable fuccès; jufqu'à préfent elle n point déforienté les mouvemens du Général Ruffe Kachowski, dont la déroute n'a point été tellement complette qu'il n'ait défait entièrement le Corps de cinq cents hom mes qui couvroit notre arrière-garde.

A-peu-près dans le même temps que cette bataille fe donnoit en Ukraine, le Major Perekladowski étoit aux prifes en Lithuanie avec plufieurs Corps de Cofaques. L'acharnement de part & d'autre fut violent, mais enfin affailli par le grand nombre il fut obligé de fe retirer après avoir eu 30 hommes tués & so bleffés, fuivant le rapport envoyé le lendemain de l'action, c'eft-à dire le 14. On estime la pette de l'ennemi de 350 hommes,

ALLEMAGNE.

De Francfort-fur-le-Mein, le 10 Juillet.

Les préparatifs, les démarches, les mouĮ

vemens de guerre contre la France continuent avec l'activité que peut comporter une auffi grande opération; mais les évènemens hoftiles n'auront lieu qu'après que : 'le Manifefte des Puiffances coalifées aura été publié. Cet acte n'eft plus une chimère; ileft court, fimple, & repofe fur trois bafes principales 1. les Puifiances déclarent qu'elles n'entendent point faire la guerre au Roi, ni au Peuple François, encore moins leur dicter des loix; qu'elles ne font armées que contre ceux qui, après avoir perdu leur patrie, menacent la sûreté dey l'Europe entière; 2°. qu'on ne veut entrer dans le royaume que pour faciliter au Roi l'exercice libre de fon autorité légitime & le moyen de concerter avec la Nation Françoife les mesures qu'exigent les circonf tances & le retour de la tranquillité; 3. elles rendent refponfables les Corps en autorité des attentats qui pourroient être commis par efprit de fanatifme, ou autrement contre la Famille Royale ou les. Perfonnes profcrites dans l'efprit des factieux. Il paroît que cet article eft un de ceux auxquels les Cours réunies tiennent. effentiellement, & que, dans le cas de quelque crime commis contre l'avis qu'il donne, ilen réfulteroit des rigueurs extrêmes contre lefquels il feroit difficile au parti vaincu de réclamer. Cet acte eft prêt; l'on n'at

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