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des vengeances atroces que déplorera toujours la fenfibilité.

Nous épargnerons à celle de nos Lecteurs, les détails de cette terrible exécution. Mais fi un sentiment confolateur peut adoucir le fentiment pénible que l'on éprouve, c'est que le Peuple a mis dans fa fureur undifcerne ment qui honore fon inftin&t qui l'appelle à être jufte. Il s'eft choifi lui-même un Jury qui fe faifoit repréfenter les écrous & les prifonniers pour dettes, pour mois de nourrice, pour des rixes particulières, en un mot pour des faits étrangers aux événemens du 10 & au crime de trahifon, il les a fauvés au milieu des cris de vive la Nation. Les droits de la nature ont été respectés, & il a fuffi à plusieurs femmes de dire qu'elles étoient enceintes pour être mifes fous la fauvegarde du Peuple. Il y a eu quelques mouvemens autour du temple; mais le ruban tricolore a été pofé fur la porte pa le maire, le Commiffaires de l'Affemblée Natione & de la Commune; & ce frêle & magique fcellé s'eft transformé aux yeux du Peuple, en une barrière infurmontable.

M. d'Offonville, Juge de Paix de la Section de Bonnes-Nouvelles, prévenu de complicité avec M. d'Angremont, pour fait d'em bauchage, a été acquitté par le Jury Spécial, le

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28 Août.. Mais M. Bachmann Major des Gardes Suiffes, extrêmement chargé par ces derniers, a été condamné à mort & exécuté le 3 Septembre.

On a trouvé chez M. Tourteau de Septeuil, Tréforier de la life, Civile des bons du Roi, pour des fommes confidérables en faveur de plufieurs perfonnes, & notamment de MM. Bouillé & Lafayette.

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Ce dernier, arrêté par les avant-poftes de Rochefort, a été conduit à la Citadelle d'An

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Rien n'égale la fluctuation de la crainte à 'efpérance relativement aux mouvemens de l'ennemi dans la Lorraine. Plofieurs couriers arrivés fucceffivement, ont annoncé, tantôt la prile de Verdun, tantôt la lèvée du fige. Voici la lettre que les Commiffaires à l'armée du Centre, éc ivoient de Metz, le 31 Août, à l'Afsemblĕe Nationale.

ce. M. le Préfilent, fi dans notre dernière, > nous vous avons donné des détails peu fatisfaifans, c'est que notre devoir & la confiance dont nous fommes inveftis, exigeoient de nous -la plus exacte vérité des faits; mais aujour d'hui nous avons à vous entretenir d'objets plus agréables. Le Peuple eft fi éclairé maintenant, qu'il n'a plus befoin de notre doctrine & qu'il eft auffi patriote que nous : l'arrivée du Général Kellermann ici, la réunion avec Luckner a inf. piré la plus grande confiance. Les enhemis qui s'avançoient fur Verdun, & qui s'imaginoicat qu'on alicit leur laiffer le chemin libre pour aller à Paris, commencent à mesurer leurs pas & à regarder dernière eux : ils ont fait mine de vou

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attaquer Thionville; mais ils n'y ont pas été reçus comme à Longwy.

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« A la première attaque, le canon de cette ville les a obligés de fe retirer après leur avoir tué beaucoup de monde. Il feroit utile d'écrire au vieux général & à M. Kellermann, une lettre de fatisfaction. Nous avons affifté à une courte délibération, qui vient d'avoir lieu entre les officiers généraux. Nous avons admiré à la fin de cette délibération, quelques mots qui peignent bien la loyauté de M. Luckner : « Allons, Kellermann, à cheval. » Ils fent auffi-tôt partis tous deux au fecours de M. Valance, qui fe trouvoit en: face de l'ennemi. Kellermann doane ici les plus hautes idées de fon efprit & de fes talens. Le jour où l'on publiera qu'il eft nommé général de l'armée du centre, & que M. Luckner eft généraliffime, fera un jour de félicité pour l'armée. Le vieux guerrier fait un tel cas de l'eftime de la Nation Françoise qu'il regarderoit comme un jour de malheur celui où il pourroit la perdre. Nous finissons par vous prier de fonger aux befoins urgens des foldars; la plupart marquent d'habits. Ces braves défenfeurs de la liberté feront tout avec ces généraux. »

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Depuis lors il paroît certain, au moment où nous écrivons, que la ville de Verdun a été prife, après avoir fait la plus vigoureuse réfiltance. On ne fait point encore l'ennemi eft maître de la Citadelle, ott la garnison s'étoiɛ retirée. L'ennemi occupe actuellement Longwi, Etain, Fontoy, Mangienne & Richemon. Il s'eft porté fur Thinville, mais il a été vivement epouffé par M, Felix wimpffen. Metz & Sar-Louis

fe difpofent à s'enfe velir fous les ruines de leur ville. Nos armées combinées retarderont pas à l'attaquer. Les Pruficos & far-tout les Emigrés commettent les plus horribles brigandages fur notre territoire. Les propriétés des ariftocrates font partout refpectées; mais celles des Patriotes font livrées au pillage & à la dévaftation. Il eft à remarquer que ces horreurs le commettent & que les villes fe prennent au nom de fa Majefté Très-Chrétienne. Un corps de 10 mille hommes envoyés du Rhin, par M. Biron, s'eft joint le 3 à l'armée Kellermann. Ce Général prépare un autre corps de 15 mille hommes destiné à se porter dans l'intérieur pour s'opposer à la marche de l'ennemi. Cent mille hommes font actuellement dans les plaines de Châlons. M. Dumourier s'eft emparé des gorges & des poftes avantageux du Clermontois. C'eft dans l'intérieur du Royaume que l'ennemi trouvera fen tombeau. Le courage des Citoyens eft au plus haut dégré d'effervefcence,

SUEDE.

De Stockholm, le 11 Août 1792.

Le Duc Régent fe conduit toujours fur les mêmes principes, & ces principes annoncent un Prince qui a beaucoup de vertu ou beaucoup d'habileté. En recherchant la fource des inquiétudes & des malheurs qui ont fatigué ce royaume durant tout le dernier règne, il l'a trouvée dans la révolution de 1772; dans cette révolution qui,

en laiffant fubfifter quelques formes de la Conftitution de la Suède, l'anéantit réellement, & foumit tour aux volontés arbitraires du Roi. Le projet du Duc Régent, on commence à le croire ici, eft de rendre à la Suède fa Conftitution, en la purgeant des vices qui en préparèrent la ruine; & toutes fes opérations paroiffent en effet conduire à ce but: ceux qui ont été les inftrumens, ou plutôt les complices du feu Ri, font renvoyés, & des hommes connus pour avoir d'autres maximes font appellés à des poftes éminens: c'eft ainfi que le Major général, M. Gustavskiold, qui dans les provinces du Midi prépare & exécuta le plus efficacement la révolution de 1772, a reçu fa déniiffion, & que plùfieurs des Adminiftrateurs des finances fous le feu Roi viennent de perdre leur place; que tout le Ministère enfin change, & qu'il n'y refte, non plus qu'à la Cour, aucune des créatures de Gustave III. C'eft ainfi encore que les inftitutions changent en même temps que les hommes, & qu'une efpèce d'Affemblée de Notables va fe tenir la femaine prochaine pour chercher les moyens d'éteindre la dette de l'état, ou du moins de l'acquitter. Le Duc Régent porte fa furveillance fur les mœurs du Peuple, en même temps que fur les finances de l'Etat; il prohibe tous les jeux de hafard, & ne permet dans la capitale aucune de ces mai

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