léger & furtif de louange indifcrete, ou de fentiment échappé, qui décelait une ame continuellement occupée de son objet unique; & fans prefque jamais lui parler d'elle-même, il avait le fecret de lui bien faire entendre qu'il y penfait toujours. On conçoit ailément le chemin que dut faire dans l'efpace de trois années cette ai→ mable correfpondance. De temps en temps on avait l'art cruel de retarder l'arrivée des lettres ; & alors Dieu fait quelle nuit, quel jour, quel fiecle de momens chacun passait à les attendre. Dans Adele, l'inquiétude ne reflemblait qu'à la tendreffe d'une fœur alarmée fur la fanté d'un frere abfent & vivement chéri. Mais dans Raimond, l'impatience était le trouble & le tourment d'une ame qui avait peine à fe pofféder. Comme l'un des foins de fon pere était de lui apprendre à fe commander à luiz même, il lui cachait la violence des mouvemens qui l'agitaient; & il fe dérobait à lui pour aller dans la folitude les exhaler par des foupirs. Son pere l'obfervait, l'écoutait, le plaignait ; & avec une lettre confolante à la main, venait enfin le fonlager. Lorfqu'il fut bien décidé qu'ils aimaient, comme pouvaient s'aimer deux êtres invifbles; à préfent, dit la mere, il faut leur ménager le plaifir de fe voir, mais fans fe reconnaître, ni fe douter qu'ils foient les un deuil annoncé. Bient deux apprit qu'on allait gne, & faire quelques mêmes. Quoi ! Madame, dir Varanzai, fir fur ces deux ames fo filence allait peut-être fe mond avec fon pere, Ade fe rendit à Paris, & ce voyage n'eft pas difficile à Par M La fin au et Mercu Explication de la C du Logogriphe Le mot de la de l'Enigme ef du Logogrip Démon. M. Voilla un deuil annoncé. Bientôt après chacun des deux apprit qu'on allait quitter la campagne, & faire quelques mois de féjour à Paris. Cette nouvelle, qui dans un autre temps aurait pu caufer de la joie, ne fit qu'une impreffion de trifteffe & de déplaifir fur ces deux ames folitaires qu'un long filence allait peut-être féparer. Enfin Raimond avec fon pere, Adele avec fa mere, fe rendit à Paris; & ce qui résulta de ce voyage n'eft pas difficile à prévcir. er Par M. MARMONTEL. (La fin au 1. Mercure d'Octobre.) Explication de la Charade, de l'Énigme & du Logogriphe du MERCURE dernier. Le mot de la Charade eft Moulin; celui de l'Enigme eft les Notes de Mufique; celui du Logogriphe eft Monde, où l'on trouve Démon. CHARADE. MONNOIE, étoffe, inftrument de cuisine; Voilà mes deux premiers, voilà mon tout : devine. JE E fuis un tout avec ma queue, Si l'on m'en fépare fans queue; J'occupe fille ou femme avec ma queue, LOGO GRIPHE. JE fuis dans chaque Culte un objet qu'on révere Les Prêtres, les Rabbins font tous mon ministere: Décompofe mon nom, je te donne une fleur; Le dernier châtiment qu'éprouvait maint voleur ; Cet emblême facré qui pare notre tête ; L'endroit où le vaiffeau ne craint plus la tempête; Ce qui fert au Sauvage attaquant Pennemis Enfin, ce que Clovis reçut de Saint Remi (Par M. Jean-Baptifle Calvet de Rignac, Département de l'Aveiron.) NOUVELLES NOUVELLES LITTERAIRES. LETTRES écrites de Barcelone à un Zélateur, de la Liberté, qui voyage en Allemagne, Ouvrage dans lequel on donne des détails vrais & circonftanciés. fur l'état dans lequel fe trouvaient les frontieres d'Efpagne, en Mars 1792, fur le cordon qu'on y a forme, & les préparatifs de guerre qu'on prétend y avoir été faits; 2.. fur les Emigrés dans ce pays, fur l'accueil qu'ils y reçoivent, & leurs menées; avec plu=” fieurs Anecdotes à ce fujet, auxquels on a joint quelques Réflexions & des détails philofophiques fur les mars, ufages & opinions des Efpagnols, &c. &c. Far M. CH. Citoyen Français. A Paris, cher Buiffon, Imprim-Lib. rue Haute-feuille No. 20. In-8. Prix, 4 liv. 10 f. br. & 5 liv. franc de port par la Pofte. CES Lettres, écrites avec la liberté & la négligence d'une correfpondance familiere n'en font pas moins curienfes & inftructives. Elles font d'un Patriote éclairé & judicieux, qui fut véritablement chargé d'une commiffion particuliere du Gouvernement au commencement de cette année, pour aller en Espagne reconnaitre l'état des chofes & la difpofi ion "N° 36. 8 Septembre 1792. B |