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nouvelle de la nomination du génér 1 Dumon rier, à la place du général en chef de l'armée du Nord. Une joie univerfelle a éclaté. I es commiffaires s'attachent à lever tous les foupçons de trahison répandus fur le compte de M. Dillon; is l'ont reconnu en tout loyal & vrai. Son acte du 13 pourroit être un reproches. mais il ne connoiffoit po'nt les faies, ni les vrais coupables.

On demande la fufperfion du décret relatif à M. Dillon. L'Affemblée renvoie à la commiffion extraordinaire,

La municipalité de Paris fait part d'une lettre trouvée fous le fcellé des papiers de M. Gilet, notaire de la lifte civile, qui annonce une explofion prochaine, & elle prévient que M. Gilet eft maintenant à l'abbaye.

L'Affemblée entend 11 lecture de la notice d'une multitude d'adresses d'adhésion, elle reço t les fermens & les dons patriotiques de plufieurs citoyens, pour les frais de la guerre.

Du mardi, féance du foir.

M. Servan annonce à l'Affemblée que M. Lafayette & fon état major font paflés chez l'étranger, la nuit du 19 au 20. Et que les commiffaires détenus à Sedan font maintenant en liberté. (On applaudit.) Un membre demande que l'officier qui a apporté cette nouvelle au miniftre, foit invité à rendre compte à l'Affemblée, de ce dont il a été témoin. Cette propofition eft décrétée. »

M. de Montmorin, ex-miniftre, comparoit à la barre, pour fubir l'interrogatoire qui avoit été exigé de lui, par un décret rendu dans le cours de la femaine dernière. Il répond qu'il

ignore fi on a ordonné aux fuies de tirer fut le peuple. I nie qu'une note trouvée au château parmi des let ́es deffées à M. Montmorin, foit de lui. Il écit en marge de ce té noté quelques lignes pour fervir de compar.ifon de l'écriture. I obferve qu'il existe un aurre Montmorin, a qui certe note appartient peutêtre, & qu'il n'a point d'appartem:nt au châ

teau.

Interrogé fur plufieurs points de fes relations politiques quand il étoit an ministère, il dic qu'il n'a point en une connoiffance officielle de la convention de Pilnitz, & que c'est pour cela qu'il ne T'a point notifi'e à l'Affemblée nationale. Touti annonçoit des mefures pacifiques de la part des cours de Vienne & de Berlin; & lorfque le danger le manifesta, il en aveit i formé l'Atlemblée conftituante avec grand foin, par le canal de fon comité.

L'Affemblée le réferve de prononcer fur l'arref tation de M. Montmoria.

Le ministre de l'intérieur lit une lettre de la commune de Sedan, qui fe juftifie de la conduite qu'elle a tenue envers les trois premiers commiffaires de l'Affemblée; dès qu'elle n'a pu douter du caractère dont ils étoient revêtus, elle a délibéré leur élargiffement, elle leur a témoigné toute la confidération qui leur eft due.

Cette lecture a été fuivie de celle de deux lettres de M. Lafayette à la municipalité de Sedan. Dans la première, il lui ordonne d'arrêter les commisfaires de l'Affemblée. Dans la feconde, il déclare qu'il va éloigner une tête proferite par les ennemis de la liberté, mais qui ne veut fe courber fous aucun defpotifme.

M.

·M. Dorai-Cubières admis à la batte prononce le difcours feivant, en préfentant à l'Assemblée un volume de les pcëmes fur la révolution (1), & un don patriotique de 100 liv.

« Législateurs, quelques efprits pufillanimes & froids ont prétendu que les beaux arts & entr'aut es la poéfic & l'éloquence n'avoient guère fleuri que fous les Rois, & que les rayons du trône réfléchis fur les talens avoient prêté au génie un nouvel éclat, Ileft bien vrai qu'il y a eu quelques grands pretes fous les règnes d'Augufte, de Léon X & de Louis XIV: mis combien ces poëtes n'auroient-ils pas été plas grands, s'ils avoient vécu fous le règne de la liberté! Qu'on fe peignean Efchyle & un Sophotle, révélant les crimes des Rois dans leuts -immortelles tragédies; un Démosthènes tonnant contre cux du haut de la tribune :: qu'on fe peigne Tirtée fur-tout, l'impétueux Tirtée célébrant la valeur guerrière avec tant de force & de grandeur, qu'il fit remporter aux Spartiates une victoire complette fur les Melléniens. Tirtée ·& Démosthènes, Sophocle & Eschyle vivoient-ils

(1) Les Etats-généraux du Parnaffe de l'Europe, de l'Eglife & de Cythère, ou les quatre Poemes politiques, lus au Lycée du PalaisRoyal, & fuivis de plufieurs autres poëmes; par M. Dorat Cubières, 1 volume in-8°. de 400 rages, 4 liv. 10 fous; de l'imprimerie & chez L. P. Couret, libraire, rue Chriftine, no. 2'; “Leclere, libraire, rue St. Martin, à côté de la rue aux Ours; Mlle. Soret, libraire, au PalaisRoyal; Girod & Teffer, tue de la Harpe - n°. 61.

Nos. 34 et 35. 31 Août 1792. L

fous des Rois? Eft ce l'or de la lifte civile d'Athènes qui les a payés de leurs travaux ou qui les a encouragés ? non, Messieurs, ron; c'est l'amour brûlant de la patrie; c'est le feu facré de la liberté. Et quel cft homme qui ne s'exptie pas mieux, lorsqu'il eft libre, que lorsqu'il eft fujet d'un Roi? N'est-ce pas furtout à leur langage qu'on reconnoît les elclaves? »

« Si des histoires de Rome & de la Ge nous defcendors jusqu'à la nôtre, nous y trouverons peu ou prefque point de modèles de l'éloquence politique, de cette éloquence hardie qui remue, pour sinfi dire, les Etats julques dans leurs fondemens, & pouffe les hommes vers la liberté. Cette fublime éloquence ne fleurit guère que dans les républiques ou dans les gouvernemens qui approchent de la république, & malheureusement nous avons toujours vécu lɔas des Rois, & malheureufenient nous avons toujours été opprimés par des defpotes. Remarquez cependant, Meffieurs, que Corneille, que le grand Corneille, le feul de nos poë:es qui peutêtre foit digne d'être avoué par vous; remarquez, dis-je, que ce poëte illuftre curit dans un temps où de grandes fecouffes politiques donnoient aux efprits plus de force & de majefté, & fembloient électrifer toutes les ames. Le defpotifme du cruel Louis XIII peloit fur fur toute la France, lorfque Corneille naquit. La guerre étoit au - dedans & au dehors du royaume on ne combattoit pas encore pour la liberté que nous venons de conquérir. Cependant nos vertueux frères les proteftans, ces hommes éclairés & prefque tous philofophes, que la fecte catholique perfécutok & qu'elle

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nomma Seclaires, quoiqu'elle mérita feule ce tigre odieux; les proteftans, dis-je, propɔsèrent les premièrs de renverser l'hydre royale & de faire une république de la France: ils vouloient la divifer en huit cercles, dont les rayons n'auroient correfpondu qu'à un contre commun; & ce fut fans doute d'après cette grande & belle idée, que Corneille mit ce veis admirable dans la bouche d'un de fes perfonnages:

« Pour être plus qu'un Roi, tu te crois quelque chofe. »

« Pourquoi n'imiterions-nous pas le grand Corneille, Meffieurs, depuis que vous nous avez délivrés du mal des Rois, de ce mal qui infecte encore la plupart des contrées de l'Europe, & dont j'espère que le genre humain fera bientôt délivré fon tour, grace à vos fublimes décrets ? J'avoue, Meffieurs, qu'ils ont influé fur moi d'une manière prefque miraculeuse : j'étois guéri depuis long-temps de la fuperftition reli gieufe, &, guéri par vous de tout préjugé politique ; j'ai compofé, depuis la révolution, dixà douze pcenes renfermés dans un feul volume, & qui font tous en faveur de la liberté. Je viens vous les offiir, Meffieurs ces poëmes patriotiques, & j'y ajoute la fomme de cent livres : c'eft le denier de la veuve, que je deftine aux veuves qu'a faites le malfacre de la Saint-Lau

rent. »

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Ge difcours a été applaudi, & M. Dorat Cubières admis aux honneurs de la féance, Men tion honorable dans le procès-verbal.

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