hézéditaire de fon Trône en faveur de la Maifon de Sixe. Perfonne aflurément n'étoit plus propre à me communiquer les détails de cet évènement que le Général Comte Potocki, qui y a joué un rôle fi intéreffant, & qui mérite à tous egards le témoignage que Votre Majefté lui rend. L'em preffement que j'ai mis à faire connoître ma façon de penfer à cet égard, a dû la convaincre, ai fi que toute la Nation Polonoife, de l'intérêt que j'y prends. Je me félicite d'avoir pu contribuer au maintien de fa liberté & de fon indépendance, & un de mes foins les plus agréables fera celui d'entretenir & d'affermir les liens qui nous uniffent. Je n'ai pu qu'applaudir en particulier au choix qu'elle a fait d'un Prince que les vertus rendent dignes du Trône qui l'attend. Je souhaite cependant que ce moment foit encore éloigné, & que Votre Majefté puiffe faire, pendant une longue fuite d'années, le bonheur de fes Peuples.» Ces vœux ne font pas moins fincères que l'attachement que je lui ai voué, & avec lequel je ferai invariablement, de Votre Majefté, le bon Frère,

cc

FRÉDÉRIC GUILLAUME.

Encore une fois, pour tout homme fenfé il y a loin de ces expreffions amicales à un engagement, même préjugé de facrifier fes armées & fes tréfors, pour maintenir une forme de Gouvernement contre une partie de la Nation qui, depuis le 23 Mai, a montré qu'elle n'en vouloit point, & contre un Allié qui la méconnoît, lorsqu'aucune raifon 'de sûreté commune, de protection des droits de

fEurope, n'en fait un motif irrécufable pour les Cours de Berlin & de Vienne.

Les Miniftres de Pétersbourg a Varfovie & de Varfovie à Pétersbourg n'ont point quitté les Cours refpectives auprès defquelles ils refident. Cette irrégularité diplomatique fembleroit annoncer l'efpor d'un accommodement de part & d'autre, ou de la part de la Ruffie, que cette Cour ne fe regarde pas comme en guerre envers la République de Pologne, & de notre part que nous n'avons pas voulu paroître rompre dans les formes avec Sa Majefé Impériale.

Les hoftilités & la marche des armées Ruffes, ainfi que les contre-fédérations formées fous leur protection, n'en menacent pas moins la forme du Gouvernement de 1791 d'un renversement total.

L'acte de la nouvelle confédération de Targowicz eft imprimé. C'eft une proteftation & une déclaration de nullité contre tout ce que la Dicte actuelle a fait, & notamment la deftruction de la République Polonoile par la Constitution du 3 Mai; cet acte réclame la protection de la Ruflis, & eft déjà figné entre autres de MM. Felix Pototky, le Comte Braniky, le Comte Rzewusky, & de plufieurs autres Sénateurs.

La réfiftance des oppofans dans tout changement fubit de Gouvernement s'ac

croît

Far la multitude & la rigueur même des moyens que l'on emploie pour les contenir, Habitués à regarder les anciennes loix politiques comme les feules qui réaniffent au confentement de la Nation la fanction du temps, les nouvelles leur paroiffent incertaines, fragiles, livrées à la difcuffion & aux effais de l'expérience, & lorfqu'elles éprouvent une violente oppofition, que ceux qui les méconnoiffent font nombreux & confédérés, les Tribunaux, les Comités, les Cours de Juice établis pour punir ceux qui les enfreignent, ne font plus aux yeux des mécontens que des moyens d'oppreffon & de ty annie, dirigés dans le fens d'un parti contre les réclamations & les droits de l'autre.

C'est l'effet que produit ici l'inftitution qu'on vient de former d'une efpèce de Haute Cour Nationale à l'inftar de celle de France. Elle infpire une frayeur d'autant nieux fondée, que dans les nomens de révolution, les crimes de lèze nation n'ont point de caractère prononcé, que la faction qui veut régner peut en étendre ou reftreindre le fens à volonté, que les jugemens font bien moins dictés par la juftice que par l'utilité du parti puiffant, & que les évènemens juffifiant tout, on eft coupable ou innocent, felon que la force s'eft trouvée plutôt d'un côté que de l'autre.

Ainti, le Tribunal extraordinaire de

Varfovie, loin de fervir la révolution, ne peut que lui nuire par la haine qu'il a infpirée, par les facilités qu'il donne au parti régnant d'être dur & oppreffeur d'après des formes impofantes, par les moyens qu'il offre aux Révolutionnaires de fervir leurs paffions, & de commettre des injuftices fous les plus légers prétextes de défobéiffance à des Décrets qui n'ont point encore le caractère de loix, dès - là qu'on fe bat pour favoir ft on les reconnoîtra, ou i l'on ne les reconnoîtra point pour telles.

Malgré les fuccès du 17, le Prince Poniatowski a été obligé de fe replier for Oftrog, en Volhynie, pofte qu'il a depuis abandonné; c'eft de là qu'il a propofé une fufpenfion d'hoftilités au Général Ruffe Kochowski, à quoi celui ci a répondu en difant qu'il avoit ordre de détruire la Conftitution du 3 Mai, & qu'il le fuivioit. Les Ruffes au refte n'avoient ni évacué ni reculé au 25 de juin; ils étoient de ce côté de la Pologne à Berdiczow; & dans la Lithuanie,' aux environs de Wilna, dont ils ont pris pof. feffion, & où ils ont rétabli l'ancien régime. Nos forces dans cette Province fent de 14,000 hommes. -Les-cfcatmouches continuelles auxquelles nos troupes font, expofées nous font perdie bien du monde; les derniers combats fur-tout nous ont

beaucoup p coûté, dans l'affaire entre notre Gé néral Vielorsky & le Général Ruffe Levaindorf, nous avons p gerda 700 hommes d'Infanterie, & plus de 400 de Cavalerie; dans celle du Général Poniatowsky, nothe perte a été au moins de

$,000 homines. Le Général Ruffe Feffen a afa fiégé & posle 20 de ce mois, la place & for terelle de Niefwicz, appartenant au jeune Prince de Radziwil. Il y a trouvé 28 canons, 6 700 hommes d'Infanterie, & une affez grande quantité de poudre; c'eft M. Dederko qui commandoit la place. On doit former un camp au-delà de la Viftule pour protéger la Capitale, que les Rufles paroiflent menacer & ou leurs armées tendent comme à un point central par l'Ukraine & la Volhynie d'un côté, les Palatinats de Wilna & de Novogrodeck de l'autic.

De Vienne, les Juillet 1791.

Sa Majesté ne s'arrêtera à Francfort que le temps néceffaire au couronnement; efle, fera de retour ici vers la fin de ce mois, fon Couronnement comme Roi de Bohême eft fixé au 18 Août; déjà les préparatifs fe font pour cette cérémonie. Son Alteffe le GrandDuc de Tofcane eft parti, le z pour l'Italie, accompagnée du Marquis de Manfredini.

La connoiffance de la réponfe officielle de la Cour de Copenhague à la note que lui avoient remile MA Weguelin & Breunner Miniftres des Cours de Vienne & de Berlin, a donné lieu à plufieurs réfexions plus ou moins fondées fur la conduite du Cabinet de Copenhague.

1. La neutralité de cette Cour eft motivé