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écriteaux : à bas le veto ou la mort; des portes brifées à coup de hache, du canon porté jufque dans l'appartement du Roi, des armes meurtrières dirigées, avec toutes les imprécations de la fuicur, contre fa perfonne, & détournées par l'effort des grenadiers, par la frayeur du crime, & par l'afcendant majestueux de la vertu paitible, n'annoncent pas des féditieux ivres de rage, exaltés jufqu'à l'affaffinat!)...

Voici la peinture infidèle qu'il a faite de ces at

tentats :

« On s'étoit arrêté à la porte royale, pour entrer & préfenter cette pétition au Roi. On frappoit à la porte; on témoignoit beaucoup d'impatience. Un officier forti par la cour des Princes va rejoindre ces citoyens, leur expofe qu'ils ne peuvent pas entrer en fi grand nombre; qu'ils doivent envoyer des commillaires. Cela étoit convenu, lorique tout-à-coup la porte s'ouvre de l'intérieur. Alors le flot le précipite & inonde à l'inftant les cours & les appartemens. Où eft le moment donné à la méditation? Qui ne voit au contraire une maffe confidérable

d'hommes qui, par fon propre poids, fe preffe, s'entraîne, et portée ? Ce qui s'est pallé dats les appartemens, ne doit-il pas ouvrir les yeux aux plus incrédules? Car ei fin, qu'eft-ce que les citoyens qui y font entrés ont fait qui donne le plus léger indice d'un complot dont l'idée feule fait frémir? Ce ne font pas quelques vitrages callés, quelques panneaux de boiferie er foncés ou par une entrée précipitée, ou par la fimple preffion d'une foule immenfe qui s'agite par cela feul qu'elle s'incommode; ce n'eft pas le tambour abane pour faciliter le paffage d'un canon qu'on avoit monté avec je ne fais quelle impé

tuofité délirante, qu'on avoit defcendu de mêmes ce n'eft pas tout cela, dis-je, qui décèle de finiftres projets; & je n'apperçois pas là, comme le dit le département, des bugands & des affaffins. Lorfque j'arrival, je n'apperçus point fur les phyfionomies ce caractère fombie & farouche, cet air d'indignation & de courroux qui prétage des malheurs. Je vis des citoyens avides de voir, le preffant tumultuairement, dirigés par l'esprit d'imitation & de curiofité. Je ne dirai pas tour ce que je fis pour ramener le calme; pour déterminer le peuple à défiler pailible ment à (continuer de) le conduire avec lagelle, avec dignité. Mes détracteurs même font obligés ici de me rendre juftice.

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A l'en croire, fa condamnation eft devenue un fcandale public; il y eft préfenté fous les couleurs les plus fufes; & l'arrêté du département eft un libelle. « Les municipalités font particulièrement influencées par l'efprit de cité, & les départemens par l'efp:it de la cour... Combien vous enhardirez les départemens, fi l'exemple dangereux que vient de donner celui de Patis reftoir impuni !... Je ne parle pas de la décifion du Roi; le département lui avoit rendu un bon office en me fufpendant; le Roi lui en a rendu un autre en venant à fon appui. Applaudiffemens redoublés, honneurs de la féance (avant le jugement), & fur la motion de M. Lacroix, décret qui ftatue que le rapport fera fait demain à midi & que toute affaire ceifante, l'Alfemblée s'en occupera jufqu'à ce qu'elle ait prononcé fans. défemparer»; acclamations des galeries: vive Pétion! le vertueux Pétion! notre ami Pétion! Du jeudi, féance du foir.

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·M. Albitte demande que le miniftre foit reau

de rendre compte du cérémonial de la fédération, pour qu'en fache fi la majefté du peuple ne fera pas fubordonnée à celle du Roi. Les galeries applaudiffent, mais l'Aflemblée pafle à T'ordre du jour.

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Le procureur de la commune de Metz, troduit à la barre, annonce que la ville de Metz n'a pas de provifions pour alimenter fes citoyens plus de 24 heures, qu'elle manque de tout moyen de s'en pourvoir, & qu'il eft dû aux ouvriers plufieurs années de falaire. L'Affemblée décrète que le rapport lui en fera fait demain matin.

On procède à l'appel nominal qui devoit fuivre la déclaration du danger de la patrie. Il donne 673 membres préfens, 16 malades, 8 à la hautecour & aux fabriques d'affignats, 15 absens par congé, 6 morts non remplacés, & 27 qui n'ont pas répondu.

Du vendredi, 13 juillet.

Les adminiftrateurs du département du BasRhin écrivent que l'ennemi fe difpofe à une attaque prochaine, & demandent qu'on arme les citoyens patriotes. Au pouvoir exécutif avec ordre de rendre compte. Décret d'urgence qui avance 400,000 liv. à la commune de Metz fur le 16. qui revient à la municipalité dans la vente des biens nationaux. Décret qui accorde coo liv. pour les premiers frais de la colonne de la liberté.

Perfuadé que l'Affemblée a porté « un remède efficace » à tous les maux des administrations en décrétant la publicité de leurs féances; mais que ce n'eft pas aflez d'un remède efficace pour les guérir, tant que les adminiftrateurs nourriront l'efpoir d'approcher du trône & d'avoir

part à la lifte civile, M. Couhan vouloit qu'aucun membre de directoire ne pût, qu'an an après avoir quitté les fonctions, accepter aucune place à la difpofition du pouvoir exécutif. Quelqu'un exclucit auffi les juges. M. Freffenel étendoit l'exclufion aux municipalités, poar que le Roi nu a choir que dans les fociétés fraternelles. L'abfurdité n'a pas été déconcertée par cette épi gramme. M. Clémenceau comptenoit dans l'in-. rerdiction tous les fonctionnaires que le peuple nomme & falatit. M. Turbé a obfervé qu'au bout de S à 6 ans le Roi ne pourroit plus choisir que des gens qui d'avance n'auroient pas la confiance de la nation. Une ingénuité de M. Duhem decouvre I fource pure de ces nouveaux priacipes civiques; il preffe la décifion, de peur qu'un ne nomme des miniftres parmi les menbres du département de Paris. Ainfi les haines pivées alpirent à dicter des loix générales en facrifiant le peuple au plaifir d'écarter tel ou tel individu. Deux décrets ferment la bouche à MM. Calvet & Tarbé. « Nous rendrons compte à nos commettans, s'écri: M. Boulanger, de la liberté d'opinion dont nous jouiffoes ici. Tous ceux qui font des propofitions inconftitutionnelles font etendus; ceux qui s'y oppofent ne le font pas. Au comité.

Avant d'écouter le rapport de M. Muraire fur la fufpenfion de M. Pétion, M. Briffot veut qu'on life celui de M. Ræderer; on le fit. Voici les fubtilités par lefquelles M. Ræderer le flatte de juftifier ce que toute l'Europe indignée a déjà jugé. C'eft le maire de Paris qu'il fait parler.

Je n'ai pas prévu an raffemblement le 20. II avoit pour objet un hommage à l'Affemblée nazionale. Je n'ai pu exécuter la loi qui défend

tous

tout rassemblement armé, parce que cette loi ek infirmée par une forte de défuétude connue de l'Affemblée nationale. Je n'ai pû contenir le raf*Temblement que par une force réfiftante; & la force mal commandée n'a pas été réfiftante. Je n'aurois pu le réprimer que par la fo:ce agiffantes mais les perfontes à réprimer & les perfonnes à préferver étoient mêlées enfemble. Le raffemblement lui même étoit compofé, pour la plus grande partie, de citoyens bien intentionnés qui croyoient affifter à une fête & non à une émeute.» Et de ce chef d'œuvre de difcuffion, M. Ræderer a conclu qu'il n'y avoit pas lieu à prononcer la fufpenfion qui devoit être un remède & non une peine.

Lettre de M. Manuel, qui, désolé que la fièvre l'empêche de venir « montrer la confcience & porter la tête à l'Affemblée, s'engage à confondre, dès qu'il fera moins malade, Les lâches & vils ennemis qui, l'on s'y attend bien. font ceux du peuple.

Organe de la commiffion des douze, M. Muraire a lu fon rapport. Ce n'eft abfolument que celui de M. Ræderer & l'apologic de M. Pétion par lui-même fondas enfemble. Nous n'y remarquerons que ce paffage : « Si vous confidérez à quel point l'attroupement armé (avec les écriteaux : la fanétion ou la mort, &c.) éroit, en quelque forte, légitimé par la facilité que le corps législatif avoit cue d'en recevoir d'autres dans fon fein..... Vous ne regarderez pas comme une violation de la loi une mesure qui avoit pour but de prévenir des mouvemens plus grands encore que ceux qu'elle n'a pu cmpêcher. »On verra les conclufions de M. Muraire No. 29. 21 Juillet 1792. I

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