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MM. Merlin, Thuriot, Charlier, Gamond, Tartanac & Bazire invoquent une prompte jul tice en faveur du « vertueux maire de Paris. » On lit une lettre du Roi portant que les miniftres ont donné leur démiffion; que le Roi s'occupe de leur remplacement; mais qu'ils continueront leurs fonctions jufqu'à ce que leurs places fcient remplies. « D'après cette lettre, dit M. Choudieu, vous voyez que vous avez un: pouvoir exécutif en activité & M. Choudieu fait décréter que le pouvoir exécutif rendra compte de fa détermination au fujet de la fufpenfion du maire, demain matin. Ce délai excite de vioJentes rumeurs dans les galeries, où l'on fe permet des gefticulations, des cris, des menaces, d'une telle indécence qu'on en feroit fcandalisé à la bale. Le préfident ordonne au commandant de Ja garde d'arrêter les perturbateurs... Un exbénédictin, capitaine, & fon époufe conftitu tionnelle effrent leur don patriotique. Mention honorable au procès-verbal.

Nouveau vacarme. Le commandant de fervice obtient la parole & raconte que tandis qu'il rempliffoit l'ordre du préfident en faifant arrêter un citoyen dans l'une des galeries, un particulier a pris au collet; fur l'objection de l'ordre, lui a répondu qu'il s'en mocquoit, & lui a déchiré fa chemife. Ce particulier s'eft trouvé être un député, un commiflaire de la falle, M. Beauvais qui a déclaré avoir reçu du commandant un coup de pied dans l'aîne. Aux interrogatoires fuccèdent de longs débats. Enfin l'ordre du jour fur la chemise déchirée de l'officier en fonction & fur le coup de pied dans Faîne, coup recounu involontaire, ou même impoffible vu la position, & renouvellement des commissaires de la falle.

Du mercredi, 11 juillet.

De nouveaux pétitionnaires follicitent bien moins qu'ils n'exigent la réintégration & du ver tueux Pétion & du courageux Manuel, » & un décret d'acculation contre le département de Paris. M. Gaftelier repréfente que la France eft divifie en 83 départemens; que l'Affemblée leur doit fon temps à tous & non à la feule ville de Paris dont telle partie de fection ou de fauxbourg fe reproduit à la barre 3 ou 4 fois par femaine; que ces a 'reffes de quelques individus inconnus parlant impudemment au nom du peuple François, font prefque toujours des déclamations injurieufes, inconftitutionnelles, des dénonciations ou des éloges dictés par l'efprit de parti, propres a femer la divifion dans l'Asfemblée. Il vouloit que, fur l'expofé fommaire, les adreffes fuffent renvoyées au comité compétem. M. Charlier n'a nullement compromis fa réputation en criant à l'ordre du jour. La motion de M. Gaftelier a été renvoyée au comité des pénitions pour en faire fon rapport après-demain.

Un décret accorde 100,000 liv. de récompenfe à M. la Reynie & de moindres fommes à d'autres perfonnes, pour avoir découvert & dénoncé une fabrication de faux affignats.

Au nom de la municipalité, M. Borie, maire par intérim, eft veru foumettre à l'Aflemblée la question de favoir fi le département avoit eu le droit d'ordonner au confeil de la commune de nommer un fuppléant au maire fufpendu, ou fi c'étoit la commune elle-même dans les 48 fections qui devoit y fuppléer. M. Borie a peint le confeil de la commune « frappé de la foudre »

par la fufpenfion du maire, puis ce revenu de fa ftupeur » mais moins « hardi que le département. » Or, le cas de la fufpenfion n'etoit pas prévu par la loi. Réponse du préfident, & honneurs de la falle.

M. Hérault de Séchelles, rapporteur de la commiffion des douze & des comi és militaire & dplomatique réunis, a prononcé un long dif cours pour motiver « Timportante déclaration : Citoyens, la patrie eft en danger... Ce feul mot, comme l'étincelle électrique, à peine forti de 'a représentation nationale (un met forti d'une préfentation!) va retenir le même jour dans les 83 départemens, gronder fer la tête des de potes & de leurs efclaves, repouffera leurs attaques, appuyera victoiieulement les négocia tions, fi ce lont dé celles qu'on peut entendre... Jufqu'à préfent les recrutemens ont été infuffifans on n'a pu atteindre le non bre d'hommes décrété.........» La formule pourvoira à tout.

Le miniftre de la juftice mande qu'il n'a reçu qu'à so heures du foir le décret relatif à MM. Pétion & Manuel; qu'invités à lui donner des éclairciffemens utiles à leur défenfe, M. Pétion a répondu que la malveillance interpré:eroit défavorablement cette invitation à laquelle il fe refufoit, & M. Manuel differoit fa réponse ; que le Roi a bien voulu promettre une féance extraordinaire, & que l'Affemblée recevra la dé cifion du confeil le jour même.

Produifant fcrupuleufement aux yeux de l'Europe, tout ce qu'il avoir promis de la pe file malveillance, M. Pétion écrit à l'Assemblée que fes décrets font « éludés d'une manière fcandaleufe » qu'il ne doit pas. être « le jouet des Intigues & des paffions » qu'il y a là un déni

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de justice, & qu'il attend tout de l'Affemblée.. Selon M. Lacroix, le pouvoir exécutif prolongeoit arbitrairement la fufpenfion du maire. Le département & le Roi s'entendent; le miniftre f'avoit pas d'éclaircillemens à demander. Eftimant que la patience de l'Affemblée devoit être à bout, M. Lacroix demandoit une décision dans le jour, ou l'apport des pièces le lendeman. Jamais on ne mefura plus impérieusement le temps à un esclave que M. Lacroix au. pouvoir exécutif fuprême réduit au vil perfonhage d'un agent falarié à qui, la monte à la main, ceux qui ont juré de lui être fidèles commandent d'examiner & de prononcer, d'exercer Ton droit ou d'y renoncer dans l'efpace de tant d'heures. M. Giraud voyoit en France 40 mille maires égaux en droits & en vertus à M. Pétion į & difoit; « Il feroit fouverainement ridicule que je vinte dire à cette tribune: la patrie eft en Zanger file maite de mon village n'eft pas re mis à fa place. » Il a rappelé qu'un diftri& du département de Corfe eft fufpendu depuis cinq mois qu'on attend la decifion de l'Aflemblée & que perfonne n'en gémit comme d'une calamité nationale; qu'on avoit tort de ne s'occuper que de Paris, & qu'il falloit lailler au Roi le temps de l'examen. M. Boulanger obfervoit que le miniftre n'avoit pu être à-la-fois au confeil & à PAffemblée. Vifs débats fur ics mots déni de justice. On les adopte, on les rejette. Enfi la motion de M. Lacroix eft décrétée fans cette inculpation évidemment calomnicule.

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On avoit renvoyé au comité la question du miniftre de la juftice, de favoir fi M. St. Huruge accufé & emp.ifonné à Péronne devoit être livré aux tribunaux ordinates. Le préfident a preg

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noncé la formule: Citoyens, la patrie eft en danger; & deux adrefes de l'Affemflée aux François & à l'armée, rédigées par MM. Vergniaud & de Vaublanc, ont été lues, applaudies & adoptés telles que nous les transcrivons ici..

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Adreffe aux François.

Citoyens, votre conftitution repofe fur les principes de la juftice éternelle. Une ligue de Rois s'eft formée pour la détruire. Leurs bataillons s'avancent ils font nombreux, foumis à une difcipline rigoureufe, & depuis longtemps exercés dans l'art de la guerre. Ne fentez-vous pas une noble ardeur enflammer votre courage? Souffrirez-vous que des hordes étrangères le répandent comme un torrent deftructeur fur vos campagnes; qu'elles ravagent vos moif fons; qu'elles défolent votre patrie par l'incendie & les cruautés en un mot, qu'elles vous accablent de chaînes teintes du fang de ce que Vous avez de plus cher ? »

«Nos armées ne font point encore portées au compler. Une imprudente fécurité a modéré trop-tôt les élans du patriotifme. Les recrutemens ordonnis n'ont pas eu un fuccès aufli entier que vos repréfentans l'avoient efpéré. Des troubles, intérieurs augmentent la difficulté de notre pofition. Nos ennemis fe livrent à de folks elpérances, qui font pour vous un outrage. » « Hârez-vous, citoyens fauvez la liberté & vengez votre gloire.

LAffemblée nationale déclare que la patrie eft en danger. »

«Cependant, gardez-vous de croire que cette déclaration foit l'effet d'une terreur indigne d'ells

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