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tend pour l'annoncer que le Couronnement de l'Empereur.

L'Election s'en eft faite le s à une heure ; 300 pièces de canon placées fur les remparts & le bruit de toutes les cloches de la ville ont annoncé que le choix des électeurs étoit tombé fur le petit-fils de François le-Bon, fur le fils de Léopold-le-Sage fur François II, Roi de Bohême & de Hongrie, élu Empereur des Romains.

Après l'élection, les Electeurs se rendirent de l'Eglife de St. Barthelémi où elle s'étoit faite, au Rœmer, & de là à leurs hôtels refpectifs.

La défense faite à tout étranger, qui n'a point une patente de protection, de refter dans la ville pendant le jour de l'élection, a été étendue jufqu'après le Couronnement, & les Miniftres étrangers, en conféquence de cette difpofition, ne font point rentrés en ville comme de coutume après l'élection.

Le Nonce du St. Siége, M. l'Abbé Maury, eft un objet général de curiofité & de confidération. Tout le Corps des Ambaffadeurs le traite avec une diftinction marquée. Ses grands talens, fes fuccès n'ont point changé fon caractère; il a confervé toute fa fimplicité dans la place éminente qu'il occupe: il traite fes anciens égaux comme fes amis, & fe nomme lui

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même un parvenu. If eft utile à beaucoup de François dans la détreffe auxquels il prodigué les attentions & les fecours. "Son ancien Collègue, M. de Cazalès, eft retiré â Poppelsdorff près de Bonn, où il vit philofophiquement à la campagne.

La marche des troupes Pruffiennes & Autrichiennes n'éprouve point de fufpenfion jufqu'à préfent, mais tant qu'elles ne feront point réunies, on ne peut connoître rien de pofitif fur les moyens d'exécution qu'annoncent d'auffi grands préparatifs. Trois bataillons du régiment Pruffion de Romberg fe font arrêtés le 6 à Konigwintert, fur la rive gauche du Rhin, à une demilieue de Bonn. Ils fe rendent dans l'Electorat de Trèves, où plufieurs autres font déià arrivés. Le plus orand ordre rèone dans la marche de ces troupes, & aucune réclamation ne s'eft encore élevée contre elles. Neuf autres bataillons Pruffiens, faifant à-peu-p:ès 7,000 hommes, font paffés à Duffeldorff le 8; ils vont au camp de Neuvied près Coblentz. L'artillerie de fiége Pruffienne a été embarquée fur l'Eibe; elle arrive par la Baltique en Hollande, d'où elle fera tranfportée fur le Rhin jufqu'a Coblentz. Les régimens Prufliens de Schenk & de Thadden ont pafféle 3 par Gierfen pour Coblentz.-Le Duc de Brunswick, Commandant les arniées combinées eft ar

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rivé le 3 au village de Horsheim près Coblentz où ce Prince a établi fon quartier général. On affure que l'entrevue entre l'Empereur & Sa Majefté Pruffienne aura lieu à Margentheim. M. le Prince de Condé doit fe rendre entre Francfort & Mayence avec un corps de François de 5 à 6000 hommes.

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Le Roi de Pruffe a depuis peu renouvellé l'ordre de l'Aigle-rouge, inftitué ci-devant par la ligne Brandebourgeoile, régnante en Franconie. S. M. s'en déclare Chef Suprême & GrandMaître, & le confère aux Chevaliers actuels de l'ordre de l'Aigle-noir; mais ordonne qu'à l'exception des Princes de la maifon Royale, deg Souverains, des Princes régnans de l'Empire, perfonne ne fera revêtu dorénavant de l'ordre de l'Aigle-noir, à moins qu'il n'ait été décoré auparavant de celui de l'Aigle-rouge, déclaré deu xième ordre de Chevalerie du Royaume.

PAYS-B A S.

De Bruxelles, le 14 Juillet 1792,d

La retraite des François a produit l'effet qu'on devoit en attendre, celui de rétablir la tranquillité & de décourager les efprits turbulens, qui fans autre motif que l'amour du changement, fe berçoient de l'efpoir d'une révolution à la Françoife chez nous. L'évènement de Courtrai en a infpiré de T'horreur. Le peuple ne parle des Fran

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çois que comme d'hypocrites ambitieux qui malgré l'étalage de leur fauffe philantropie ne fuivent pas moins l'exemple des oppreffeurs & des dévastateurs dans leur conduite politique & militaire. Voici comme la Gazette de la Cour a rendu compte de cette atrocité gratuite du Général Jarry.

Les François Jacobins étant à Courtrai & Hatlebeke, menaçant d'entrer ou à Gand ou à Oudenarde, on détacha à la hâte le Général BeauLieu, qui étoit alors à Tournay, pour fe placer. de manière à inquiéter les mouvemens de l'enremi, en forte qu'il prit les quartiers vers le village de Vicht, en étendant fa droite vers Hatlebeke, ayant prévenu le Colonel Mylius, qui étoit alors à Deynfe, de s'avancer & d'attaquer Harlebeke, que lui, Général Beaulieu, foutiendroit fa gauche, n'ayant rien à craindre à fa droite, couverte par la Lis; tout s'étant fait ainfi, ayant repris Harlebeke, le Général Beaulieu commença à pouffer les avant-poftes fur Courtrai d'autant plus aifément, que le Comte de Clerfait s'étoit avancé lui-même avec une grande partie des troupes qu'il avoit à Tournay jufqu'à Coeyeghem, de manière que le Corps. du Général Beaulieu communiquoit parfaitement au Corps d'armée du Général Clerfait dans cette Atuation. Le Général Beaulieu, fatigué d'une tiraillerie de moufqueterie & de canons que l'ennemi ne ceffoit de faire nuit & jour, tant du côté d'Herlebeke que contre fes Chaffeurs qu'il pouffoit en avant, réfolut, le 29 Juin, avang le jour, d'attaquer & faire chaffer tous les avantpoftes de l'ennemi qui fe trouvoient hors de

Courtrai en avant, & de les refferter dans la ville de Courtrai, afin de pouvoir, après cela, faire d'autres difpofitions décifives; les avantpoftes, compofés la plupart de Chasseurs & de quelques Bataillons d'Infanterie foutenus convenablement, attaquèrent & renversèrent généralement tous les avant-poftes ennemis dont ils en ruèrent & blessèren't beaucoup; mais l'ennemi fuyant roujours, les avant-poftes Autrichiens poufsèrent jufques dans les fauxbourgs de Courtrai, ou l'ennemi fe cut en fûreté : nos Autrichiens les en délogèrent encore malgré le feu du canon de la ville qu'on ne ceffoit de tirer de plufieurs batteries; enfin le Genéral Beaulieu fachant qu'une feule pièce de canon, qu'il avoit envoyée en avant pour foutenir les frens, venoit d'être démontée, fit ramener la pièce, & ordonna à fa troupe de rentrer, en obfervant néanmoins que

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A l'ennemi fortoit de fes murs de retomber deffus, & qu'il enverroit de plus gros fecours s'il étoit néceffaire; mais l'ennemi, felon le rémoignage de la ville de Courtrai, ayant plus de 26 chariots chargés de morts & de bleflés il ne lui prit aucune envie de recommencer & resta dans la ville; nos troupes rentièrent tranquillement dans leur poficion, excepté qu'on prit: des avant-poftes beaucoup plus près de la ville, en forte que l'ennemi ne pouvoit s'attendre que d'être attaqué fubitement.

« Le Général Beaulieu ayant déjà fait mine de jetter un pont fur la Lis à Harlebeke, l'ennemi fe trouvoit menacé de tous, côtés; M. Jarry, Maréchal-de-Camp Jacobin, & Commandant à Courtrai, de tourment ou de rage de voir que fa troupe n'ofoit plus en fortit, mit Les fauxbourgs de la ville en feu, fit brûler less

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