cés, & qui font néceffaires pour le fervice

courant.

Cette motion a été appuyée par M. Fréteau, qui a loué la conduite du comité, & prouvé que le public avoit droit de tout connoître; que l'affemblée étoit envoyée pour porter le flambeau dans les ténebres de la finance.

L'affemblée nationale a d'abord décrété la motion de M. Camus, & fur celle de M. Biauzat, elle a rendu le décret fuivant:

L'affemblée nationale décrete que la lettre du premier miniftre des finances, eft renvoyée au comité des finances pour en faire fon rapport.

Que le premier miniftre fera tenu de donner l'état exact des dépenfes qui néceffitent le fonds extraordinaire de 40 millions, pour le fervice des mois d'avril & de mai, & les caufes de ce déficit inftantané.

De donner l'état des fonds exiftans dans les différentes caiffes, & le nom des provinces qui font en retard de payer leurs impofitions.,,

On a enfuite difcuté, fans décifion, le plan du comité fur les affignats-monnoie.

Dans cette même féance, M. Barrere de Vieuzac, au nom du comité des domaines, a présenté le tableau des domaines de la couronne, avec leur valeur préfumée. Le voici :

Objets territoriaux. - Maifons de Paris, y compris le terrein

de la Baftille & l'école militaire. 10,000,000 liv.
Bois territoriaux dans les gé
néralités.

Les châteaux de la Muette,
Vincennes, Madrid, Choify-le-
Roi, Alfort, la manufacture de
porcelaine

Le Château-Trompette
Objets incorporels.--Les droits

de rachats décrétés, &c.
Cens, rentes, &c.
Droits d'ufages, &c.

13,381,000

3,700,000

3,925,000.

. 122,150 000 liv.

De Paris le 13 avril.

Le premier fcrutin pour la place de préfident s'étoit balancé hier entre M. Pétion de Villeneuve & M. de Bonnay. Un autre fcrutin a adjugé la place à ce dernier.

La difcuffion fur le projet du comité eccléfiaftique a été ouverte par M. Roederer; telle eft la fubftance de fon difcours :

La nation eft propriétaire des biens du clergé, donc elle peut les adminiftrer. Eftce fon intêrêt ? Oui. C'eft le feul moyen de donner confiance dans les affignats. Salarier les prêtres eft le feul moyen de les fubordonner à l'ordre civil. Qu'ils ne plaident plus la caufe des pauvres; c'eft à la nation feule, & non à des individus, à pourvoir à leurs befoins.,, Il a voté pour le projet.

M. Dillon, curé du Vieux-Poufanges, & M. Mouet, auffi curé, ont défendu l'opinion judicieufe du refpectable abbé Grégoire, qui confifte à doter les curés de campagne moitié en terre moitié en argent.

M. de Boutellier a attaqué le plan entier du comité. Il en a propofé un autre qui confifte à faire vendre, par le clergé lui-même, les 400 millions de biens dont on a befoin. Les acquéreurs, difoit-il, feront fans crainte.",

Voilà donc, s'eft écrié l'archevêque d'Aix l'abyme où l'on vouloit nous amener, l'envahif fement total des biens du clergé. Cette ufurpation fera pour la France, ce qu'eft le Pérou pour l'Efpagne, une fource de défaftres. Les biens ne rendront pas ce qu'on en attend, & vous aurez un nouvel impôt de 133 millions pour les fraix du culte. Il s'eft livré enfuite à de longs calculs pour le prouver, & a offert un emprunt de 400 millions, hipothéqué fur les biens du clergé, il a demandé la convocation d'un concile national, fi l'on délibéroit fur la propofition du comité; & il a réitéré les pro. teftations de l'évêque de Nancy.

Nous paflons fous filence la réfutation de ce difcours par M. Thouret, qui rentroit dans les argumens de M. Roederer, pour venir à une propofition nouvelle, qui a changé le cours de débats.-- Plufieurs eccléfiaftiques avoient cru voir dans le projet la deftruction de la religion.

Dom Gerle a propofé, pour calmer toutes les inquiétudes, de décréter que la religion catholique feroit la feule autorisée dans le royaume.

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Un bon motif a fans doute infpiré ce di

gne

gne religieux, mais c'étoit jetter une étincelle fur un baril de poudre; c'étoit pro+ pofer de faire une brêche à la conftitution.

Ses ennemis l'ont bien fenti, & ils ont demandé la difcuffion fur cette motion, malgré l'ordre du jour, & on a eu la foibleffe de s'y prêter contre. les réglemens: alors les débats les plus violens fe font fait entendre, ou plutôt ce n'a été qu'un cri perpétuel dans le côté droit. En vain M. Charles Lameth lui rappelloit-il la déclaration des droits. La religion eft perdue, crioit-on, dé libérer c'est être criminel; on ne demande qu'une profeffion de foi.

De Paris le 14 avril.

Plus de crainte ! le coup perfide, que les ennemis de la conftitution vouloient lui porter, a été paré. On devine le motif qui avoit échauffé les têtes ariftocratiques fur la motion de dom Gerle. Ce n'eft pas que les étranges Chrifoftomes qui s'acharnoient à la défendre, foient des croyans bien intrépides. --A côté de pafteurs refpectables, beaucoup d'entr'eux nous rappellent le fameux mot de J. J. fur les prêtres qu'il avoit connus, & le vérifient. Mais il n'y a point d'athéïfme qui tienne contre cent mille livres de rente. Et s'il n'en étoit pas ainfi fi ces pervers apôtres des bénéfices eccléfiaf tiques étoient de bonne foi, pourquoi ne pas défendre la religión, comme fon fondateur, par la douceur, la patience, & une vie exemplaire ?

Le conciliabule nocturne où, dit-on, ils avoient jarrêté une proteftation qui devoit être préfentée au roi, annonçoit une féance Tome IX.

F

orageufe. Les démocrates n'étoient pas fans inquiétudes; ils voyoient une forte & nombreufe coalition formée entre les prêtres & les nobles; ils jugeoient de leurs moyens par leur contenance hardie & leurs menaces; ils les voyoient compter fur l'appui d'un homme qui avoit quelquefois rimé pour le parti des vers affez plats, & que fa place mettoit à portée de leur être utile. Cependant la bonté de la caufe, l'appui du peuple, & la nouvelle énergie que cette étincelle avoit communiquée à tout le parti, tout cela le raffuroit. Au club des Jacobins, où la queftion s'étoit agitée, où les efprits s'étoient préparés, on avoit bien démontré que reconnoître une religion de l'état ou nationale, c'étoit effacer la liberté religieufe, c'étoit mettre une torche à la main des fanatiques. Un bon efprit avoit propofé de fubftituer à la motion de dom Gerle: celle-ci Que la religion catholique fervit la feule dont les minifires feroient falariés aux dépens du tréfor public. C'étoit toucher à l'endroit foible des intolérans; c'étoit calmer leurs véritables inquiétudes, & ce moyen fût arrêté, fi la queftion préalable n'écartoit pas la motion.

Nous racontons ces détails, qui ne font pas étrangers à la féance, qui peignent les acteurs & la difpofition des efprits! Nous devons encore dire que, dans la cainte de quelques mouvemens, le commandant-général avoit pris de fages méfures, raffemblé, la nuit & le matin, aflez de troupes, pour parer à un coup inattendu, ou maintenir la tranquillité, que les émiffaires, les libelles & les bruits répandus dans les diftrics, pouvoient exciter.