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fois au milieu d'un tourbillon de pouffiere une foule de femmes richement entretenues; les citoyens eux-mêmes faifoient le fervice de sûreté, au nombre d'environ 1200; beaucoup de particuliers étoient à fe promener dans le bois de Boulogne, pour profiter de l'air du printems & d'un foleil reftaurateur; qui depuis environ 3 femaines éclaire nos climats fans le plus léger nuage.

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De Namur le 31 mars.

Le parti qui avoit triomphé à Bruxelles étoit loin de s'attendre à une contre-révolu tion de la part des patriotes, puifque ceuxci, en fuite ou fe foumettant par la crainte à la loi du plus fort, ne paroiffent gueres redoutables. Mais c'étoit de l'armée même que devoient fortir les premieres étincelles de ce feu caché dont il n'eft pas encore poffible de calculer les effets. Puiffent les états ouvrir enfin les yeux, & reconnoftre qu'il vaut mieux céder, dans une circonftance auffi critique, que d'allumer le feu d'une guerre civile, qui détruiroit une nation pour foutenir l'ambition mal en‐ tendue de quelques particuliers !

Lettre du corps des officiers à Namur, au congrès des Etats-Belgiques-Unis.

La nuit du 30 mars 1790.

Sur la lenteur du congrès à redreffer les griefs multipliés de l'armée, lenteur équivalente à un refus; fur la nouvelle alarmante furtout que S. E. le géneral van der Merfch, dégoûté par les plaintes de tout genre & par les entraves, les

contradictions qu'éprouvent depuis fi longtems tou tes fes opérations, demandoit fa démiffion, -le refpectable corps d'officiers d'ici vient de déclarer au nom de toute l'armée, que fon digne chef ayant été choisi par l'acclamation de toute la nation, il n'appartient qu'à la nation feule de confentir qu'il fe défaififfe du commandement; que la nation conftitue le fouverain, le perple étant roi; qu'enfin l'armée adhere en tout point à la fameufe adreffe aux états de Brabant, s'obligeant par ferment d'en maintenir les principes.

Les députés dudit corps font partis pour noti fier aux états de toutes les provinces cette déclaration: d'autres font expédiés aux avant-poftes, & à l'armée du Lieutenant-général baron de Schoenfeld, pour inviter leurs confreres à y accéder.

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Etoit figné. Le corps des Officiers en garnifon à Namur.

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L. Van de STEENE, actuaire.

Les Officiers de l'armée Belgique, aux états des provinces Belgiques-Unies.

MESSEIGNEURS !

Un feul vounous anime & nous réunit pour dépofer dans votre fein nos douleurs & nos peiRes: la derniere confolation que puiffe avoir un peuple libre, eft de favoir quel malheur lui arrache fon efpérance, fon libérateur & fon dernier foutien van der Merfch, d'éternelle mémoire, eft nommé chef de l'armée par acclamation unanime de toute la nation; les officiers de l'armée, les principaux agens de notre heureufe délivrance, ne peuvent voir qu'avec la douleur la plus vive, qu'ils vont étre privés de ce génie

libérateur; nul n'eft roi chez les Belges que le peuple, nul n'eft chef de l'armée que celui que le peuple s'eft choisi lui-même; ainfi nulle démiffion ne peut être donnée qu'au peuple, ni acceptée que par lui. Ce feroit donc méconnoître nos droits & nous méconnoître nous-mêmes, que d'accepter la démission d'un tel chef. La perte que nous ferions dans ce moment, nous affligeroit d'autant plus, que c'eft lui qui nous a procuré & confervé les forces que nous avons. Sans ceffe il s'eft vu accablé des plaintes que le défaut d'organifation a occafionnées dans l'armée; les foldats tout nuds & mourant de faim, ne fe font foutenus dans les poftes avancés, fous le feu de Pennemi, que par l'attachement qu'ils avoient pour ce généreux commandant. L'état déplorable de l'armée a fait naître de grandes défiances dans. l'efprit de tous ceux qui obfervoient les chofes de près; ils ont cru s'appercevoir que des gens cherchant à s'approprier le pouvoir fuprême, travailloient à anéantir l'armée par des voies publiques. Nous voyons les braves patriotes mépri fés, les officiers dégradés, les zélés défenseurs de notre liberté poftpofés à des gens nés efclaves, & la nation outragée par les affreux excès qui forcerent les états à envoyer fur les lieux des députés fe difant plénipotentiaires, mais qui nè voulurent pas remédier aux maux qu'ils reconnurent par leurs yeux, difant alors qu'ils ne pou voient le faire. C'eft pourquoi nous prenons la refpectueufe liberté dans ce moment d'interregne. de nous adreffer à vous, Meffeigneurs; vous fuppliant très humblement de prendre en confidération l'adreffe préfentéé le quinze du préfent mois de mars aux états de Brabant, & commençant par ces mots: La caffation des pouvoirs à laquelle nous adhérons dans tous fes points,

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& de redreffer les maux qui nous accablent. Cette adreffe étoit fignée par plus de 200 officiers.

Vœux de Meffieurs les Officiers de l'armée Belgique fous les ordres de S. E. le Général d'artillerie, van der Merfch.

La néceffité de porter un remede prompt au mécontentement général qui regne dans l'armée, au défordre, à la défection qu'il produit, & qui compromet dans ce moment actuel le falut du peuple, a raffemblé le corps refpectable des officiers fiégeant à Namur & à l'armée, pour fe concerter entr'eux fur les moyens qui pouvoient concourir le plus efficacement au rétablissement de l'ordre & fauver la patrie.

Les allarmes de l'armée font d'autant plus vives, qu'elle eft menacée de perdre fon digne chef, ce dépofitaire de fa confiance, qui l'a méritée à fi jufte titre, & qui, fatigué des entraves que toujours on oppofe à la fageffe de fes vues, veut demander fa démiffion.

Après une mûre délibération fur des objets. d'une auffi grande importance, ce corps des officiers a formé, d'une voix unanime, les vœux, fuivans:

1. Que S. E. le général van der Merfch refte généraliffime de l'armée Belgique.

2. Que Monfeigneur le duc d'Urfel foit remis inceffamment à la tête du département genéral de la guerre.

3. Que Monfeigneur le prince d'Aremberg, comte de la Marck, dont les talens militaires font généralement reconnus, & qui dans le principe de la révolution a donné des marques de fon patriotisme, en offrant fes fervices au co

mité affemblé à Breda, foit nommé commandant en fecond de l'armée fous les ordres de S. E. le généraliffime van der Merfch.

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4. Qu'il foit envoyé des adreffes de fupplications à toutes les provinces, pour les inviter à coopérer conjointement avec l'armée à la réforme des abus & au rétabliffement de l'ordre.

Ainfi délibéré & arrêté au comité militaire conftitué par l'armée de Namur, ce 31 mars 1790.

Par ordonnance

E. Van de STEENE, actuaire.

De Paris le 4 avril.

Il eft peu de queftions qui aient donné lieu à des opinions plus variées, pour ainfi dire même, fans acception de parti, que celle de la confervation ou de l'abolition de la compagnie des Indes. Cet objet a rempli une grande partie des dernieres féances. On a remarqué le difcours de M. Begouin, qui, en convenant du défavantage du commerce de l'Inde, fous le point de vue des marchandifes manufacturées dans ces contrées, a démontré fon extrême utilité fous le point de vue de l'exportation des matieres premieres, qui font la bafe de plufieurs de nos manufactures; il a propofé des moyens de reftreindre le premier par des droits confidérables, & de favorifer la feconde branche comme une fource de profpérité pour la France; mais il a montré qu'une compagnie ne peut pas atteindre feule à ce but; que la concurrence & la liberté du commerce y font plus propres. M. Bégouin a conclu à ce que le droit d'indult, impofé fur les marchandifes venant de l'Inde, foit

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