Page images
PDF
EPUB

L'affemblée a ordonné l'impreffion de ce plan de travail.

RÉVOLUTION DANS L'AMERIQUE ESPAGNOLE, Lettre tirée de la gazette de Virginie.

George Town le 27 janvier 1790.

La lettre fuivante eft l'extrait d'une lettre écrite par un Américain libre à un de fes amis dans cette ville, datée de la Nouvelle-Orléans du 12 décembre 1789.

[ocr errors]
[ocr errors]

Les étincelles de liberté qui fe manifeftoient il y a quelque tems dans l'Amérique du Sud viennent de caufer une nouvelle explosion. Oui, mon ami, la fievre américaine, qui vient d'ébranler les trônes européens les plus folides, a pénétré jufques dans cette terre d'ignorance & de fuperftition. Tout fe prépare pour une révolution complette, fuivant les dernieres nouvelles reçues du Mexique. Les habitans de cette riche & fertile contrée qui ont été dans les fiecles paffés les dupes & le jouet de leurs moines commencent à ouvrir les yeux. Ils ont refufé de payer le' quart du produit de leurs mines au roi. Sur ce refus, le vice-roi a envoyé des troupes pour fe faifir des mines les plus riches & les moins éloignées de Mexico.. Cette expédition s'est faite au mois d'octobre dernier ; & le 20 novembre plus de fept mille habitans, parmi lesquels étoient des citoyens diftingués, ont pris les armes. Ils ont attaqué les troupes qui s'étoient emparées de leur propriété, & la plus grande partie de ces dernieres a péri dans le combat. Un corps considérable d'Indiens s'eft joint aux vainqueurs, qui ont marché vers la ville de Mexico, s'y font emparés des magasins du roi, des arfenaux, &c. Le Tome IX.

C

vice-roi, les principaux officiers, les prêtres & les jefuites, & en général ceux qui étoient haïs des naturels, fe font réfugiés à Charthagene. Deux exprès font arrivés ici par terre pour apprendre cette nouvelle. Le gouvernement cherche à la cacher au peuple; mais le tems en découvre infenfiblement les détails.

On ne peut garantir la vérité des faits contenus dans la lettre ci deffus ni fe refufer à l'idée que le moment où les Indiens, et même les Créoles de l'Amérique méridionale, fecoueront le joug efpagnol, n'eft pas éloigné. Plus de cent mille Américains libres font maintenant fur les bords de l'Ohio et du Miffiffipi: il y en a même déjà d'établis fur la rive méridionale de ce dernier fleuve, dans la Louifiane. Le génie adif et entreprenant des Américains ne connoît point d'obftacles. Le Mexique leur tend les bras, et il eft impoffible qu'ils n'y foient pas bientôt, ou comme commerçans, ou comme défenfeurs de la liberté.)

De Bruxelles, le 27 mars.

La fermentation. dans les efprits devient de plus en plus générale, & ces deux derniers jours il y a de nouveau eu des mouvemens populaires qui nous ont jettés dans les plus vives allarmes. Les chefs de la caufe populaire ont perdu, il eft vrai, la premiere partie; mais ils font bien éloignés de l'abandonner. L'aigreur entre les partis eft extrême, & l'on pourra en juger par l'écrit fuivant ayant pour titre : La cabale découverte, & pour épigraphe: Quo ufque tandem abutere van der Noot patientia noftrâ ?

,,Jufqu'à quand, van der Noot, abuferas-tu de notre patience? Jufqu'à quel point

la fureur de dominer te conduira-t-elle ? Que dis-je ? N'as-tu pas plongé ta malheureufe patrie dans l'horreur des guerres civiles? D'honnêtes & paifibles citoyens n'ont-ils pas été arrachés de leurs maifons? n'ont-ils pas vu leurs effets pillés, leurs propriétés dévastées, leur vie expofée à la brutalité d'une populace ignorante, ivre, excitée par tes agens, par des miférables notés d'infamie, des fcélérats accufés & convaincus de crimes qui méritoient le dernier fupplice, qu'ils n'ont évité que par une de ces caufès qu'on ne doit pas approfondir, & qui ont porté quelques hommes à douter que l'être fuprême fe mêlât de ce qui nous regarde. J'en appelle à tout ce qu'il y a de vraiment honnête en cette ville, ville dévouée aux fureurs de tes collegues & de tes complices; trouvera-t on affément dans tout le duché de Brabant, je dis plus, dans tous les Pays-Bas, un fcélérat déterminé plus flétri, plus abominable que ton agent van E.? De combien de crimes ne s'eft-il pas fouillé aux yeux de fes compatriotes? Tous le connoiffent pour ce qu'il eft, & un grand nombre a fouffert de fes atrocités.

[ocr errors]

Quel reproche ofes-tu faire au gouvernement de Jofeph II? Le tien eft bien moins pardonnable; car alors le defpotifme étoit exercé par des étrangers. Mais toi né parmi nous, toi, nagueres fi chéri, fi révéré, toi que nous regardions comme notre libérateur, c'elt toi qui nous fais fentir que nous n'avons fait que changer de Tyrans. Les moyens que tu as employés, je me plais encore à le croire, ne viennent pas de toi; ils ne peuvent avoir été fuggérés que par un faux dévot, un pieux atra

bilaire, qui a cru prévoir que fon patrimoine étoit en danger, fi les Brabançons devenoient libres. Quel tems a-t il choifi pour la fonction de pafteur ? Un tems de jeûne, d'abftinence, que le fauveur du monde a marqué bien plus encore pour l'ame que pour le corps. Comment oferat-il, ce pafteur, couvert du fang & de la dépouille du peuple confié à fes foins, recevoir l'agneau fans tache ? Peut-il fe flatter que l'agneau qui efface les péchés du monde, effacera les fiens? Non ils font trop abominables; & il peut dire avec l'auteur du fameux fonnet:

Et jamais ta bonté Ne me pardonnera qu'en bleffant ta juftice. Vous vous êtes tous deux couverts d'une infamie que le tems ne lavera jamais. Les noms déteftables de v. d. N. & v. E. paf feront à la poftérité la plus reculée, chargés de l'exécration publique. Que n'avonsnous pû prévoir, lorfque nos cœurs volerent au devant de vous, lorfque nous vous reçûmes avec les démonftrations de joie & de reconnoiffance les plus vives, que nous recevions des Tyrans, qui, fous le mafque de l'amour de la patrie, cachoient la foif de dominer: nous vous euffions étouffés. Mais laiffant les juftes reproches qu'un cœur ulcéré des malheurs de fa patrie, fe permet contre vous, je vais tâcher de vous retracer le tableau horrible de votre conduite depuis votre rentrée jufqu'à ce jour. Votre premier crime eft celui d'avoir pris des engagemens oppofés au bien-être de la patrie; d'avoir tenu cachés ces mêmes engagemens....; de vous être emparés de l'autorité fouveraine; d'avoir, forcés par la

crainte, fait illufion au peuple que vous avez déclaré fouverain pro forma; vous avez baffement fait imprimer les noms des citoyens vertueux qui avoient figné une requête au confeil, pour les faire connoître à la populace fous l'odieufe dénomination de royaliftes; vous avez pouffé, par les diftributions d'argent, cette même populace à la licence, au pillage; vous avez empêché les volontaires armés pour la tranquillité de la ville, de faire leur devoir, & au moment où ils alloient repouffer les furieux excités par vous, par une duplicité horrible, bien digne de vous, vous vous êtes écriés ne frappez pas ce font nos freres et nos amis; vous avez voulu déshonorer aux yeux de l'Europe ces braves volontaires, en faifant piller à leurs yeux une ville qu'ils avoient défendue avec tant de bravoure; vous avez cherché à les défunir; vous vous flattez en vain d'y avoir réuffi. Perfonne n'eft la dupe de la lettre que vous avez écrite à M. Chapelle: elle n'a fervi qu'à vous mieux faire connoître. Et vous ne rougiffez pas! Et vous aurez l'audace de répéter: tout Le fait au nom du peuple ! Vous faites piller des maifons des citoyens; vous en faites mettre d'autres en prifon fans forme de procès, de votre autoriié privée que faifoient d'Alton & Trautmandorff de pis? Une catin que vous entretenez tous deux, s'eft permis de dire publiquement:,, que ces co,, quins parlant de l'affemblée patrioti,, que ) ne feroient jamais tranquilles que ,, Monfeigneur V... n'en ait fait pendre une douzaine. C'est au centre d'un peuple libre, c'eft dans une ville pleine de généreux défenfeurs de leurs droits, qu'une fem

[ocr errors]
[ocr errors]
« PreviousContinue »