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SERMEN T.

C'eft aux yeux de l'univers, c'eft fur l'autel du Dieu qui punit les parjures, que nous promettons & que nous jurons d'être fideles à la nation, à la loi, au roi, & de maintenir la conftitution françoife.

Périffe l'infracleur de ce pace facré!

Profpere à jamais fon religieux obfervateur ! L'orateur a joint à cette lecture celle du ferment prêté par les repréfentans de toutes les communes de ces deux provinces, de ne jamais fe féparer de la conftitution, ni du titre glorieux de François, & de pourfuivre, par tous les moyens, les ennemis du bien public.

De Paris le 27 mars.

On a dit que le comte de M*** avoit été vendu à l'Angleterre; rien n'eft moins probable que cette accufation; mais voici des faits fur lefquels fes ennemis la fondent. Les principaux de ces faits font vrais, mais les couleurs fous lefquelles on les préfente ont été vraisemblablement broyées par la calomnie. Ce député avoit un

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travail prêt contre l'efclavage des negres il lui avoit été, dit-on, fourni par des émiffaires Anglois, qui ne le quittent point. L'Angleterre facrifieroit la Jamaïque, s'il le falloit, pour faire perdre à la France fes colonies dans les Antilles. Le comte lut fon mémoire au club des Jacobins.

Cette fociété, compofée de près de 200 bons députés, l'engagea à n'en pas faire

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ufage, parce que l'affemblée nationale fe trouveroit entre deux feux par la préfentation de cette queftion: abolira-t on l'efclavage ou le confirmera-t-on ? fi elle le continuoit, elle étoit en contradiction avec la déclaration des droits de l'homme: fi elle le détruifoit, la perte des colonies s'enfuivroit, toutes les villes de commerce ruinées le renversement de la conftitution menacé; c'étoit là enfin où l'ariftocratie attendoit l'affemblée nationale. Le comte ne fe rendit pas à ces raifons, plus politiques toutefois que juftes. Le jour arrivé pour la pétition des colonies, pour faire elles-mêmes un plan de conftitution, qui feroit accepté par l'affemblée nationale, & fanctionné par le roi; le comte fe préfenta à la tribune pour mettre l'affemblée dans la cruelle alternative, en lui préfentant la motion de l'abolition de l'efclavage, ou fa conftitution. Quoiquil fût le premier fur la lifte pour avoir la parole, les Jacobins firent mettre en délibération fi on entendroit l'orateur. Il fut décidé qu'il ne feroit pas entendu; il fut furieux. Il doit avoir la confolation que l'Angleterre ne peut lui reprocher de lui avoir volé fes guinées, parce que, dans ce cas ci, la bonne volonté doit être réputée pour le fait.

Une foule de dénonciations & de pamphlets troublent le repos & la fanté de M. Necker, qui dépérit de plus en plus. Ces circonstances réunies à d'autres acheveront de brifer cette idôle. Quelques reproches qu'on pût lui faire, c'étoit encore le plus ferme appui de la révolution à la cour; car le civifme des au

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tres miniftres eft plus que fufpect; M. de Prieft, depuis l'émiffion du décret, donné des penfions aux vils fuppôts de la Raftiile, tandis que les deftructeurs de cette infâme fortereffe font reftés fans récompenfe. Le patriotifme des autres miniftres paroît au moins auffi équivoque. Les tergiverfations du garde-des-fceaux, fes négligences pour la fanction & l'envoi de quelques décrets, l'admiffion à fa table des plus outrés ariftocrates, qui, dimanche dernier, fe permirent, en fa préfence, les plus fortes forties contre la révolution, font fouvenir que ce prélat, avant la révolution, n'étoit qu'un homme de cour. Les dehors affectés de démocratie d'un grand prince,ne font pas perdre le change fur l'ariftocratie intérieure dont on le croit dévoré.

Enfin le château des Tuileries eft regardé comme la boîte de Pandore, le centre de l'aristocratie, dont les rayons divergens s'étendent à la circonférence du royaume, à la tangente de laquelle (en dedans & en dehors) il y a quelques foyers d'ariftocratie, qui communiquent au principal foyer de Paris. Des officiers de la garde nationale en ont fait rapport au comité des recherches. Quelques que foient les clameurs de bien des gens, qui regardent ces comités de recherches comme une monftruofité, une inquifition dans l'ordre focial dans un état libre, il faut convenir néanmoins qu'ils paroiffent néceffaires à la sûreté de la révolution, & que le tems de guerre où nous vivons paroît en juftifier l'existence. Il n'y a pas d'apparence, toutefois, qu'ils donnent jamais de fuite à

toutes les découvertes qu'ils ont pu faire, notamment fur les journées du 5 & du 6 octobre.

De Paris le 29 mars.

L'affaire de M. d'Ambert a été rapportée par M. Goupilleau, le 27; en voici le précis.-En rentrant à Marfeille, M. d'Ambert, qui ne paroît pas fort ami de la révolution, refufe de répondre au factionnaire, l'injurie, ainfi qu'au capitaine de la garde nationale & à un officier municipal. Ayant apperçu des foldats de Royal-Marine, il fe met à leur tête, fond fur la garde-nationale, prend le capitaine au collet, le défie, ainfi que toute fa troupe, de fe rendre dans la plaine Saint-Michel. La municipalité inftruit cette affaire; les bas-officiers de ce régiment proteftent qu'ils ne s'écarteront point de leur ferment civique. M. d'Ambert fe préfente lui-même à la municipalité avec quelques foldats; le peuple s'ameute fuit le colonel, effrayé, fe met fous la fauvegarde de la municipalité. M. Miran commandant en fecond, le réclame pour lui infliger telle peine qu'il appartiendra. M. d'Ambert refufe de fortir: procès-verbal de fon refus. Envoi à l'affemblée nationale, pour favoir à quel tribunal on le jugera.

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M. de S. Prieft écrit une lettre à la députation de Marfeille, dans laquelle il déclare que le roi, juftement indigné de la conduite de M. d'Ambert, a donné ordre de le conftituer prifonnier, pour fon procès lui être fait par le tribunal qui feroit déterminé.

M. d'Ambert n'étoit point en fonctions lorfqu'il a voulu forcer la garde & commis le délit qu'on lui reproche; il n'étoit pas même en uniforme il ne peut donc être confidéré que comme un particulier ordinaire: c'eft donc le tribunal ordinaire du lieu du délit qui doit le juger, & c'eft d'après ce principe que l'affemblée l'a renvoyé à la fénéchauffée de Marfeille. Voici le décret : L'affemblée nationale, ouï le rapport de fon comité des rapports, déclare que la connoiffance du délit dont eft prévenu le fieur d'Ambert, appartient à la fénéchauffée de Marseille.

Plufieurs de nos grands feigneurs émigrés commencent à revenir dans cette capitale ; on compte déjà parmi eux les ducs de Sulli, Colbert, &c... On a parlé du retour du prince de Condé ; mais le bruit fe repand que ce prince a été revêtu du généralat des troupes Sardes.

M. le Maire à vifité, ces jours derniers les cachots de Bicêtre. Juftice & vengeance, lui cria un malheureux en ce précipitant

fes genoux! J'étois loin de Paris, ajoutat-il, lorfque mon père y mourut. Informé de cette mort, je fuis venu dans cette capitale pour y réclamer mon patrimoine. Ma fœur s'en étoit emparée, & le foir même on m'a précipité dans ce cachot au fond duquel je gémis depuis 15 ans. M. le maire met le plus grand zele & la plus grande activité à fervir cet infortuné.

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La commune de Paris a dénoncé au tribunal de la police une brochure intitulée: Les fottifes de la femaine. Ce tribunal a renvoyé la connoiffance de cette affaire au Châtelet de Paris.

M. Pain, libraire, imprimoit cette feuille, & la diftribuoit fous fon nom. Cette

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