Page images
PDF
EPUB

le plus pesant, et le feu le corps le plus léger; que l'air et l'eau sont tantôt plus et tantôt moins pesants. Les stoïciens disent que des quatre éléments, deux sont légers, c'est le feu et l'air; et deux sont pesants, la terre et l'eau. Les corps légers sont ceux qui s'éloignent naturellement de leur propre centre, et les corps graves, ceux qui y tendent. Le centre lui-même n'est point grave. Épicure croit que les corps sont infinis; que les premiers éléments sont simples, mais que les êtres composés, formés de ceux-ci, ont de la gravité; qu'entre les atomes, les uns sont mus perpendiculairement, et les autres ont une direction oblique ; que parmi ceux qui s'élèvent en haut, les uns le font par impulsion, et les autres par répercussion.

CHAPITRE XIII.

Des corps les plus petits.

Empedocle dit qu'avant les quatre éléments, il y a des corps infiniment petits, composés de parties similaires et rondes, et qui sont comme des éléments antécédents aux quatre premiers. Héraclite admet aussi des fragments très petits, et qui sont indivisibles.

CHAPITRE XIV.

Des figures.

La figure est la superficie, le contour et la terminaison des corps. Les pythagoriciens disent que les corps des quatre éléments sont sphériques, et que le feu seul, qui occupe l'espace le plus haut, est de figure conique.

CHAPITRE XV.

Des couleurs.

La couleur est dans les corps la qualité qui les rend

visibles. Les pythagoriciens donnent à la surface du corps le nom de couleur; Empedocle l'applique à ce qui est analogue aux pores de la vue; Platon, à la flamme qui émane des corps, et dont les parties sont proportionnées à celles de notre vue. Zénon le stoïcien dit que les couleurs sont les premières figures de la matière. Les disciples de Pythagore comptent quatre espèces générales de couleurs, qui sont le blanc et le noir, le rouge et le jaune ; . ils ajoutent que les nuances intermédiaires sont produites par les divers mélanges des éléments, et que les couleurs des animaux viennent de la différence des nourri– tures, et de l'air.

CHAPITRE XVI.

De la divisibilité des corps.

Les disciples de Thalès et de Pythagore disent que les corps sont susceptibles d'impressions, et divisibles à l'infini. D'autres philosophes pensent que les atomes et les corps qui n'ont point de parties, ont toujours la même consistance et ne peuvent être divisés à l'infini. Aristote croit que les corps sont divisibles à l'infini en puissance et non pas en acte.

CHAPITRE XVII.

Du mélange et de la combinaison des corps.

Les anciens ont cru que le mélange des éléments se fait par un changement réciproque de leurs qualités. Anaxagore et Démocrite disent que c'est par une opposition mutuelle des parties. Empédocle compose les éléments des parties les plus petites, qui, selon lui, sont comme les éléments des éléments. Platon admet que les trois premiers corps (car il leur refuse proprement le nom d'éléments), le feu, l'air et l'eau, passent l'un à l'état de

l'autre, mais que des trois autres.

la terre ne peut se changer en aucun

CHAPITRE XVIII.

Du vide.

Tous les physiciens, depuis Thalès jusqu'à Platon, n'ont pas admis le vide. Empédocle a dit :

le

Il n'est dans l'univers ni superflu ni vide. Leucippe, Démocrite, Démétrius, Métrodore et Épicure disent que les atomes sont infinis en nombre, et que vide l'est en grandeur. Les stoïciens prétendent qu'il n'y a point de vide dans le monde, mais que hors du monde il y a un vide infini. Aristote dit que les pythagoriciens admettent un vide qui s'étend jusqu'au ciel, et qui est comme l'aspiration d'un souffle immense; il est le premier des nombres, car c'est le vide qui en distingue la nature.

CHAPITRE XIX.

De l'espace

Platon dit que l'espace est ce qui peut recevoir successivement toutes les formes. Ainsi c'est la matière qu'il a appelée métaphoriquement espace, comme étant la nourrice et le récipient des êtres. Aristote définit l'espace l'extrémité du corps contenant, appliqué au corps contenu.

CHAPITRE XX.

De la capacité.

Les stoïciens et Épicure ont cru que le vide, l'espace et la capacité diffèrent entre eux; que le vide est la privation de corps, et la capacité, ce qui n'est occupé qu'en partie, comme le tonneau par le vin.

CHAPITRE XXI.

Du temps.

Pythagore dit que le temps est la sphère qui environne le monde. Platon, que c'est l'image mobile de l'éternité ou la durée du mouvement de l'univers. Eratosthène a dit que c'est le cours du soleil 1.

CHAPITRE XXII.

De la nature du temps.

Platon croit que la substance du temps est le mouvement du ciel. Le plus grand nombre des stoïciens pensent que c'est le mouvement lui-même. Plusieurs philosophes veulent que le temps soit incréé, et Platon croit qu'on ne peut le dire créé que suivant notre manière ordinaire de concevoir les choses ??

CHAPITRE XXIII.

Du mouvement.

Le mouvement, selon Pythagore et Platon, est une différence, un changement dans la matière. Aristote dit que c'est l'acte de la puissance mobile. Démocrite n'admet qu'une espèce de mouvement, c'est l'oblique. Épicure en suppose deux, l'un perpendiculaire et l'autre de déclinaison. Hérophile croit qu'il y a deux mouvements, l'un qui

1 L'idée du temps est une de celles qui a le plus exercé les philosophies. Tout le monde connaît le mot de saint Augustin, qui disait : Je sais ce que c'est que le temps quand on ne me le demande point; mais je ne le sais plus quand on me le demande.

2 Cette opinion célèbre de Platon, par laquelle ce philosophe paraît avoir admis que le temps est à la fois créé et incréé, a donné lieu à de vives disputes sur l'éternité du monde, entre les platoniciens et les disciples d'Aristote.

n'est sensible qu'à l'esprit, et l'autre qui l'est aux sens. Héraclite ôte à tous les corps le repos et l'immobilité, qui, selon lui, ne conviennent qu'aux morts. Il attribue un mouvement perpétuel aux corps éternels, et un mouvement passager aux corps périssables.

CHAPITRE XXIV..

De la génération et de la corruption.

Parménides, Mélissus et Zénon n'ont admis ni généra– tion ni corruption, parcequ'ils ont cru l'univers immuable. Empedocle, Épicure et tous ceux qui composent le monde de la réunion des corps les plus petits admettent des coalitions et des séparations; mais ils ne veulent proprement ni génération ni corruption, parcequ'ils supposent qu'il ne se fait point de changement dans les qualités des substances, mais seulement dans les quantités, par la réunion des corps. Pythagore et tous ceux qui veulent que la matière soit susceptible de changer admettent à la rigueur la génération et la corruption, et croient qu'elles sont l'effet de l'altération, du changement et de la dissolution des éléments.

CHAPITRE XXV.

De la nécessité.

Thalès dit que la nécessité est ce qu'il y a de plus fort, car elle commande à tout. Pythagore, que la nécessité embrasse le monde. Parménides et Démocrite, que tout est fait par la nécessité, et qu'elle est la même chose que le Destin, la Justice, la Providence et la cause efficiente du monde.

CHAPITRE XXVI.

De la nature de la nécessité.

Platon attribue certains effets à la Providence et d'au

T. IV.

17

« PreviousContinue »