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plus, soit que je réponde aux critiques ont annoncées, soit que je me contente er l'ouvrage augmenté qu'on me de avertis mes censeurs qu'ils pourraient pas trouver les modifications qu'ils es e prévois que, quand il sera question de adre, je suivrai sans scrupule toutes les ences de mes principes.

is d'avance avec quels grands mots on era: lumières, connaissances, lois, mo son, bienséance, égards, douceur, amé litesse, éducation, etc. A tout cela je ne i que par deux autres mots, qui sonnent

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LETTRE

DE J. J. ROUSSEAU

A M. GRIMM,

Sur la réfutation de son Discours par M. GAUTIER, professeur de mathématiques et d'histoire, et membre de l'Académie royale des Belles-Lettres de Nanci.

lus fort à mon oreille: Vertu! vérité! Js vous renvoie, monsieur, le Mercure d'octobre ai-je sans cesse, vérité! vertu! Si quel que vous avez eu la bonté de me prêter. J'ai lu

aperçoit là que des mots, je n'ai plus rien

e.

avec

beaucoup de plaisir la réfutation que M.Gautier a pris la peine de faire de mon discours : mais e ne crois pas être, comme vous le prétendez, dans la nécessité d'y répondre; et voici mes objec

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1oJe ne pais me persuader que, pour avoir raison, on seit indispensablement obligé de parler

le dernier.

2° Plus je relis la réfutation, et plus je suis

convaincu que je n'ai

pas besoin de donnner à

M. Gautier d'autre réplique que le discours même auquel il a répondu. Lisez, je vous prie, dans l'ur et l'autre écrit, les articles du luxe, de la guerre das académies, de l'éducation; lisez la prosopopé de Louis-le-Grand et celle de Fabricius; enfin, 1

sez la conclusion de M. Gautier et la mienne, et? vous comprendrez ce que je veux dire.

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3o Je pense en tout si différemment de M. Gau tier, que, s'il me fallait relever tous les endroits où nous ne sommes pas de même avis, je serais obligé de le combattre même dans les choses que j'aurais dites comme lui, et cela me donnerait une air contrariant que je voudrais bien pouvoir éviter. Par exemple, en parlant de la politesse, il fait entendre très clairement que, pour devenir homme de bien, il est bon de commencer par être hypocrite, et que la fausseté est un chemin sûr pour arriver à la vertu. Il dit encore que les vices ornés par la politesse ne sont pas contagieux, comme ils le seraient s'ils se présentaient de front avec rusticité; que l'art de pénétrer les hommes a fait le même progrès que celui de se déguiser; qu'on est convaincu qu'il ne faut pas compter sur eux, à moins qu'on ne leur plaise ou qu'on ne leur soit utile; qu'on sait évaluer les offres spécieuses de la politesse; c'est-à-dire, sans doute, que quand deux hommes se font des complimens, et que l'un dit à l'autre dans le fond de son cœur; Je vous traite comme un sot, et je me moque de vous; l'autre lui répond dans le fond du sien, Je sais que vous mentez impudemment, mais je vous le rends de mon mieux. Si j'avais voulu employer la plus amère ironie, j'en aurais pu dire à peu près autant.

4° On voit, à chaque page de la réfutation,

LETTRE

conclusion de M. Gautier et la mienne, omprendrez ce que je veux dire.

que l'auteur n'entend point ou ne veut point en-
tendre l'ouvrage qu'il réfute; ce qui lui est assuré-

e pense en tout si différemment de M. Gament fort commode, parce que, répondant sans
ue, s'il me fallait relever tous les endre
us ne sommes pas de même avis, je serais
de le combattre même dans les choses
s dites comme lui, et cela
trariant que je voudrais bien pouvoir necessaire; car on n'a jamais oui dire qu'un pein-
r exemple, en parlant de la politesse, il re qui expose en public un tableau soit obligé de

cesse à sa pensée, et jamais à la mienne, il a la plus belle occasion du monde de dire tout ce devient plus difficile, elle en devient aussi moins quil lui plait. D'un autre côté, si ma réplique en

me donnerait

devert

dre très clairement que, pour ne de bien, il est bon de commencer p ypocrite, et que la fausseté est un chena our arriver à la vertu. Il dit encore que s ornés par la politesse ne sont pas con comme ils le seraient s'ils se présentare ont avec rusticité; que l'art de pénétrer

p

visiter les yeux des spectateurs, et de fournir des lunettes à tous ceux qui en ont besoin. D'ailleurs, il n'est pas bien sûr que je me fisse entendre, même en répliquant. Par exemple, je sais, dirai - je à M. Gautier, que nos soldats ne sont point des Réaumurs et des Fontenelles; et c'est tant pis pour eux, pour nous,

et surtout

mes a fait le même progrès que celui de sed pour les ennemis. Je sais qu'ils ne savent rien, ; qu'on est convaincu quil ne faut dit et je dis encore qu'ils sont énervés par les ter sur eux, à moins qu'on ne leur plaise sciences qu'ils méprisent, et par les beaux-arts

qu'ils sont brutaux et grossiers; et toutefois j'ai

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ne leur soit utile; qu'on sait évaluer spécieuses de la politesse; c'est-à-dire, st , que quand deux hommes se font des co ms, et que l'un dit à l'autre dans le fondé je m eur; Je vous traite comme un sot, e de vous; l'autre lui répond dans le fond en, Je sais que vous mentez impudemment, je vous le rends de mon mieux. Si javas employer la plus amère ironie, j'en re à peu près autant.

aurais

On voit, à chaque page de la réfutation

qu'ils ignorent. C'est un des grands inconvéniens de la culture des lettres, que, pour quelque hommes qu'elles éclairent, elles corrompent pure perte toute une nation. Or, vous voyez bie monsieur, que ceci ne serait qu'un autre parado inexplicable pour M. Gautier; pour ce M. Gauti qui me demande fièrement ce que les troupes o de commun avec les académics; si les soldats auront plus de bravoure pour être mal vêtus mal nourris; ce que je veux dire en avançant

force d'honorer les talens on néglige les vertus; et l d'autres questions semblables, qui toutes mon-r trent qu'il est impossible d'y répondre intelligiblement au gré de celui qui les fait. Je crois que vous conviendrez que ce n'est pas la peine de p m'expliquer une seconde fois pour n'ètre pas mieux entendu que la première.

5° Si je voulais répondre à la première partie de la réfutation, ce serait le moyen de ne jamais finir. M. Gautier juge à propos de me prescrire les auteurs que je puis citer, et ceux qu'il faut que je rejette. Son choix est tout-à-fait naturel; il récuse l'autorité de ceux qui déposent pour moi, et veut que je m'en rapporte à ceux qu'il croit m'être contraires. En vain voudrais-je lui faire entendre qu'un seul témoignage en ma faveur est décisif, tandis que cent témoignages ne prouvent rien contre mon sentiment, parce que les témoins sont parties dans le procès; en vain le prierais - je de distinguer dans les exemples qu'il allègue; en vain lui représenterais-je qu'être barbare ou criminel sont deux choses tout-à-fait différentes, et que les peuples véritablement corrompus sont moins ceux qui ont de mauvaises lois que ceux qui méprisent les lois. Sa réplique est aisée à prévoir : le moyen qu'on puisse ajouter foi à des écrivains scandaleux, qui osent louer des barbares qui ne savent ni lire ni écrire? Le moyen qu'on puisse jama's supposer de la pudeur à des gens qui vont tout nus, et de la vertu à ceux qui mangent de la chair

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honorer les talens on néglige les vertus; true? Il faudra donc disputer. Voilà donc Héro-
s questions semblables, qui toutes me
u'il est impossible d'y répondre intelis
t au gré de celui qui les fait. Je crois
conviendrez que ce n'est pas la peine de
Liquer une seconde fois
entendu que la première.

n'être pour

que

pas

date, Strabon, Pomponius-Méla aux prises avec
Xenophon, Justin, Quinte-Curce, Tacite; nous
voula dans les recherches des critiques, dans les
antiquités, dans l'érudition. Les brochures se
transforment en volumes, les livres se multi-
pient, et la question s'oublie. C'est le sort des

Si je voulais répondre à la première parte disputes de la littérature, qu'après des in-folio

de ne jam éfutation, ce serait le moyen M. Gautier juge à propos de me prescre teurs que je puis citer, et ceux qu'il faut que ette. Son choix est tout-à-fait naturel; il re

déclaircissemens on finit toujours par ne plus savoir où on en est; ce n'est pas la peine de com

mencer.

Si je voulais répliquer à la seconde partie, cela autorité de ceux qui déposent pour moi, serait bientôt fait; mais je n'apprendrais rien à aires. En vain voudrais-je lui faire entende ter, de dire oui partout où j'ai dit non, et non parque je m'en rapporte à ceux qu'il croit met personne M. Gautier se contente, pour m'y réfuseul témoignage en ma faveur est des tout où j'ai dit on; je n'ai donc qu'à dire encore

5 que cent témoignages ne prouvent r

non partout où j'avais dit

non, oui partout où mon sentiment, parce que les témoins se javais dit oui, et suppr mer les preuves, j'aurai très-exactement répondu. En suivant la méthode

s dans le procès; en vain le prierais-je

quer dans les exemples qu'il allègue; en a de M. Gautier, je ne puis donc répondre aux deux résenterais-je qu'être barbare ou crim parties de la réfutation sans en dire trop et trop eux choses tout-à-fait différentes, et que le peu: or, je voudrais bien ne faire ni l'un ni

es véritablement corrompus sont moinsce

at de mauvaises lois que ceux qui mépriser 5. Sa réplique est aisée à prévoir : le mor

Tautre.

6° Je pourrais suivre une autre méthode, e examiner séparément les raisonnemens de M. Gau

puisse ajouter foi à des écrivains scand tier, et le style de la réfutation.

qui osent louer des barbares qui ne savent ≈ ni écrire ? Le moyen qu'on puisse jamai ser de la pudeur à des gens qui vont tout

Si

jexaminais ses raisonnemens, il me sera aise de montrer qu'ils portent tous à faux, q T'auteur n'a point saisi l'état de la question,

Et de la vertu à ceux qui mangent de la clar qu'il ne m'a point entendu.

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