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ait trop de laboureurs et qu'on craigne de na quer de philosophes. Je ne veux point bas ici une comparaison de l'agriculture et de la j losophie: on ne la supporterait pas. Je de rai seulement: Qu'est-ce que la philosophie. contiennent les écrits des philosophes les connus? quelles sont les leçons de ces amis d sagesse? A les entendre, ne les prendraitpour une troupe de charlatans criant chaca son côté sur une place publique : Venez c'est moi seul qui ne trompe point? L'un pr qu'il n'y a point de corps, et que tout est c présentation ; l'autre, qu'il n'y a d'autre subst que la matière, ni d'autre dieu que le ani Celui-ci avance qu'il n'y a ni vertus ni vices." que le bien et le mal moral sont des chin celui-là, que les hommes sont des loups et pr vent se dévorer en sûreté de conscience. Og philosophes! que ne réservez-vous pour vos a et pour vos enfans ces leçons profitables? F en recevriez bientôt le prix, et nous ne cr drions pas de trouver dans les nôtres quelq de vos sectateurs.

Voilà donc les hommes merveilleux à qui le i time de leurs contemporains a été prodiguée per dant leur vie, et l'immortalité réservée aprèske trépas! Voilà les sages maximes que nous avoll reçues d'eux et que nous transmettons d'âge en age à nós descendans! Le paganisme, livré à tous les égaremens de la raison humaine, a-t-il laist

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siècles à venir une histoire fidèle du progrè des avantages de nos sciences et de nos arts. vous liscnt, vous ne leur laisserez aucune f plexité sur la question que nous agitons aujo d'hui; et, à moins qu'ils ne soient plus inser que nous, ils leveront leurs mains au ciel, et ront dans l'amertume de leur cœur : « Dieu to puissant, toi qui tiens dans tes mains les espri « délivre-nous des lumières et des funestes a a de nos pères, et rends-nous l'ignorance, li nocence et la pauvreté, les seuls biens « puissent faire notre bonheur et qui soient pr «< cieux devant toi. »

Mais si le progrès des sciences et des arts n rien ajouté à notre véritable félicité, s'il a co rompu nos mœurs, et si la corruption des mœurs porté atteinte à la pureté du goût, que penserons nous de cette foule d'auteurs élémentaires qui on écarté du temple des muses les difficultés qui dé fendaient son abord, et que la nature y avait ré pandues comme une épreuve des forces de ceux qui seraient tentés de savoir? Que penseronsnous de ces compilateurs d'ouvrages qui ont indiscrètement brisé la porte des sciences et introduit dans leur sanctuaire une populace indigne d'en approcher, tandis qu'il serait à souhaiter que tous ceux qui ne pouvaient avancer loin dans la carrière des lettres eussent été rebut's dès l'entrée, et se fussent jetés dans des arts utiles à la société? Tel qui sera toute sa vie un mauvais

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que leurs ouvrages ne se sentiraient pas de leu. état? Que les rois ne dédaignent donc pas d'ad mettre dans leurs conseils les gens les plus capa bles de les bien conseiller; qu'ils renoncent à c vieux préjugé inventé par l'orgueil des grands que l'art de conduire les peuples est plus difficile que celui de les éclairer; comme s'il était plus aisé d'engager les hommes à bien faire de leur bon gré, que de les y contraindre par la force que les savans du premier ordre trouvent dans leurs cours d'honorables asiles; qu'ils y obtiennent la seule récompense digne d'eux, celle de contribuer au bonheur des peuples à qui ils auront enseigné la sagesse : c'est alors seulement qu'on verra ce que peuvent la vertu, la science et l'autorité animées d'une noble émulation, et travaillant de concert à la félicité du genre humain. Mais tant que puissance sera seule d'un côté, les lumières et la sagesse seules d'un autre, les savans penseront rarement de grandes choses, les princes en feront plus rarement de belles, et les peuples continueront d'être vils, corrompus et malheureux.

la Ro

Pour nous, hommes vulgaires, à qui le ciel n'a point départi de si grands talens, et qu'il ne destine pas à tant de gloire, restons dans notre obscurité. Ne courons point après une réputation qui nous échapperait, et qui, dans l'état présent des choses, ne nous rendrait jamais ce qu'elle nous aurait coûté, quand nous aurions tous les titres pour l'obtenir. A quoi bon chercher notre bonheur

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en nous-mêmes? Laissons à d'autres le soin
d'instruire les peuples de leurs devoirs, et bor-
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O verta! science sublime des âmes simples,

clui de les éclairer; comme s'il était plus as faut-il donc tant de peines et d'appareil pour te He les y contraindre par la force : que les se dans tous les cœurs? et ne suffit-il pas, pour apager les hommes à bien faire de leur bong connaitre? Tes principes ne sont-ils pas gravés

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prendre tes lois, de rentrer en soi-même et d'écou

morables asiles; qu'ils y obtiennent la seu ter la voix de sa conscience dans le silence des npense digne d'eux, celle de contribuer z passions? Voilà la véritable philosophie, sachons,

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nous en contenter; et, sans envier la gloire de ces

-se: c'est alors seulement qu'on verra ce que hommes célèbres qui s'immortalisent dans la réent la vertu, la science et l'autorité animes publique des lettres, tâchons de mettre entre eux

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et nous cette distinction glorieuse qu'on remar

félicité du genre humain. Mais tant que quait jadis entre deux grands peuples; que l'un la Sance sera seule d'un côté, les lumières et savait bien dire, et l'autre bien faire.

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