Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

vous par qui nous savons en quelles raisons 1. corps s'attirent dans le vide; quels sont, dans l révolutions des planètes, les rapports des air parcourues en temps égaux; quelles courbes o des points conjugués, des points d'inflexion et d rebroussement; comment l'homme voit tout e Dieu; comment l'âme et le corps se correspon dent sans communication, ainsi que feraient deu horloges; quels astres peuvent être habités; quel insectes se reproduisent d'une manière extraordi naire répondez-moi, dis-je, vous de qui nous avons reçu tant de sublimes connaissances: quand vous ne nous auriez jamais rien appris de ces choses, en serions-nous moins nombreux, moins bien gouvernés, moins redoutables, moins florissans, ou plus pervers? Revenez donc sur l'impor tance de vos productions; et si les travaux des plus éclairés de nos savans et de nos meilleurs citoyens nous procurent si peu d'utilité, dites-nous ce que nous devons penser de cette foule d'écri vains obscurs et de lettres oisifs qui dévorent en pure perte la substance de l'état.

Que dis-je, oisifs? et plût à Dieu qu'ils le fussent en effet! Les mœurs en seraient plus saines et la société plus paisible. Mais ces vains et futiles déclamateurs vont de tous côtés, armés de leurs funestes paradoxes, sapant les fondemens de la foi, et anéantissant la vertu. Ils sourient dédaigneusement à ces vieux mots de patrie et de religion, et consacrent leurs talens et leur philosophie

vous par qui nous savons en quelles raisons corps s'attirent dans le vide; quels sont, das a révolutions des planètes, les rapports des parcourues en temps égaux; quelles courbes des points conjugués, des points d'inflexion es rebroussement; comment l'homme voit tout Dieu; comment l'âme et le corps se corresp dent sans communication, ainsi que feraient de horloges; quels astres peuvent être habités; qu insectes se reproduisent d'une manière extrac naire répondez-moi, dis-je, vous de qui v avons reçu tant de sublimes connaissances: q vous ne nous auriez jamais ien appris de 1 choses, en serions-nous moins nombreux, mes bien gouvernés, moins redoutables, moins L sans, ou plus pervers? Revenez donc sur l'imper tance de vos productions; et si les travaux s plus éclairés de nos savans et de nos meilleurs c toyens nous procurent si peu d'utilité, dites-nous ce que nous devons penser de cette foule des vains obscurs et de lettres oisifs qui dévorento pure perte la substance de l'état.

Que dis-je, oisifs? et plût à Dieu qu'ils le fus sent en effet! Les mœurs en seraient plus saines et la société plus paisible. Mais ces vains et futiles déclamateurs vont de tous côtés, armés de leurs funestes paradoxes, sapant les fondemens de la foi, et anéantissant la vertu. Ils sourient déda gneusement à ces vieux mots de patrie et de religion, et consacrent leurs talens et leur philosopht

des pays où un homme ne vaut rien, et d'autres où il vaut moins que rien. Ils évaluent les hommes comme des troupeaux de bétail. Selon eux, un homme ne vaut à l'état que la consommation qu'il y fait; ainsi un Sybarite aurait bien valu trente Lacédémoniens. Qu'on devine donc laquelle de ces deux républiques, de Sparte ou de Sybaris, fut subjuguée par une poignée de paysans, et laquelle fit trembler l'Asie.

La monarchie de Cyrus a été conquise avec rente mille hommes par un prince plus pauvre que le moindre des satrapes de Perse; et les Scythes, le plus misérable de tous les peuples, ont résisté aux plus puissans monarques de l'univers. Deux fameuses républiques se disputèrent l'empire du monde; l'une était très-riche, l'autre n'avait rien, et ce fut celle-ci qui détruisit l'autre. L'empire romain, à son tour, après avoir englouti toutes les richesses de l'univers, fut la proie de gens qui ne savaient pas même ce que c'était que richesse. Les Francs conquirent les Gaules, les Saxons l'Angleterre, sans autres trésors que leur bravoure et leur pauvreté. Une troupe de pauvres montagnards dont toute l'avidité se bornait à quelques peaux de moutons, après avoir dompté la fierté autrichienne, écrasa cette opulente et redoutable maison de Bourgogne qui faisait trembler les potentats de l'Europe. Enfin toute la puissance et toute la sagesse de l'héritier de CharlesQuint, soutenues de tous les trésors des Indes,

des pays où un homme ne vaut rien, et d'u où il vaut moins que rien. Ils évaluent les hom comme des troupeaux de bétail. Selon eur. homme ne vaut à l'état que la consommat qu'il y fait; ainsi un Sybarite aurait bien va trente Lacédémoniens. Qu'on devine donc quelle de ces deux républiques, de Sparte o Sybaris, fut subjuguée par une poignée de par et laquelle fit trembler l'Asie.

La monarchie de Cyrus a été conquise e rente mille homes par un prince plus pa que le moindre des satrapes de Perse; et les thes, le plus misérable de tous les peuples, résisté aux plus puissans monarques de l'univers Deux fameuses républiques se disputèrent lea pire du monde; l'une était très-riche, l'autre vait rien, et ce fut celle-ci qui détruisit late L'empire romain, à son tour, après avoir engle toutes les richesses de l'univers, fut la proie de gens qui ne savaient pas même ce que c'était que richesse. Les Francs conquirent les Gaules, les Saxons l'Angleterre, sans autres trésors que le bravoure et leur pauvreté. Une troupe de pauvres montagnards dont toute l'avidité se bornait à quelques peaux de moutons, après avoir dompte la fierté autrichienne, écrasa cette opulente et redoutable maison de Bourgogne qui faisait trem bler les potentats de l'Europe. Enfin toute la puis sance et toute la sagesse de l'héritier de Charles Quint, soutenues de tous les trésors des Indes,

approuver que ce qui est proportionné à la pus lanimité de l'autre, on laisse tomber des chef d'œuvre de poésie dramatique, et des prodig d'harmonie sont rebutés? Ce qu'il fera, messicur il rabaissera son génie au niveau de son siècle, aimera mieux composer des ouvrages commun qu'on admire pendant sa vie, que des merveille. qu'on n'admirerait que long-temps après sa mort Dites-nous, célèbre Arouet, combien vous ave sacrifié de beautés måles et fort ́s à notre faussen délicatesse! et combien l'esprit de la galanterie, sig fertile en petites choses, vous en a coûté de grandes!

C'est ainsi que la dissolution des mœurs, suite ess nécessaire du luxe, cutraîne à son tour la corrup tion du goût. Que si par hasard, entre les hommes extraordinaires par leurs talens, il s'en trouve quelqu'un qui ait de la fermeté dans l'âme et qui refuse de se prêter au génie de son siècle et de s'avilir par des productions puériles, malheur à lui! Il mourra dans l'indigence et dans l'oubli. Que n'est-ce ici un pronostic que je fais, et non une expérience que je rapporte. Carle, Pierre (*), le

et vertueux, apprenez aux femmes ce que c'est que grandeur đ'âme et vertu. Les réflexions que ce sujet fournit, et que Platon a faites autrefois, mériteraient fort d'être mieux développées par une plume digne d'écrire d'après un tel maître, et de defendre une si grande cause.

(*) CARLE-VANLOO et PIERRE, peintres célèbres dans le der nier siècle, le premier mort en 1565, le second en 1589, out principalement travaillé à la décoration des égiis.s.

« PreviousContinue »