Page images
PDF
EPUB

de l'assemblée qui m'écoute? Je l'avoue; mais c'e pour la constitution du discours, et non pour sentiment de l'orateur. Les souverains équitabl n'ont jamais balancé à se condamner eux-mêm dans des discussions douteuses; et la position plus avantageuse au bon droit est d'avoir à se d fendre contre une partie intègre et éclairée, jug en sa propre cause..

A ce motif qui m'encourage, il s'en joint u autre qui me détermine : c'est qu'après avoir sou tenu, selon ma lumière naturelle, le parti de l vérité, quel que soit mon succès, il est un pri qui ne peut me manquer : je le trouverai dans l fond de mon cœur.

PREMIERE PARTIE.

[ocr errors]

C'est un grand et beau spectacle de voir l'homme sortir en quelque manière du néant par ses propres efforts; dissiper, par les lumières de sa raison les ténèbres dans lesquelles la nature l'avait enveloppé s'élever au-dessus de luimême; s'élancer par l'esprit jusque dans les régions célestes; parcourir à pas de géant, ainsi que le oleil, la vaste étendue de l'univers; et ce qui est encore plus grand et plus difficile, rentrer en soi pour y étudier l'homme et connaitre sa nature, ses devoirs, et sa fin. Toutes ces merveilles se sont renouvelées depuis peu de générations.

L'Europe était retombée dans la barbarie des

[ocr errors]

ques s

ne s

[ocr errors]

de l'assemblée qui m'écoute? Je l'avoue; maists prezi pour la constitution du discours, et non por sentiment de l'orateur. Les souverains équite n'ont jamais balancé à se condamner eux-mèse dans des discussions douteuses; et la position plus avantageuse au bon droit est d'avoir à se fendre contre une partie intègre et éclairée, en sa propre cause..

que in

[ocr errors]
[ocr errors]

fut

lettre

[ocr errors]

A ce motif qui m'encourage, il s'en joint autre qui me détermine: c'est qu'après avoir se tenu, selon ma lumière naturelle, le parti di vérité, quel que soit mon succès, il est un qui ne peut me manquer: je le trouverai daris fond de mon cœur.

PREMIERE PARTIE.

:

C'est un grand et beau spectacle de v l'homme sortir en quelque manière du néant par ses propres efforts; dissiper, par les lumières sa raison les ténèbres dans lesquelles la natur l'avait enveloppé s'élever au-dessus de l même; s'élancer par l'esprit jusque dans les régions célestes; parcourir à pas de géant, ainsi que le o leil, la vaste étendue de l'univers; et ce qui est ea core plus grand et plus difficile, rentrer en so pour y étudier l'homme et connaitre sa nature. ses devoirs, et sa fin. Toutes ces merveilles se son: renouvelées depuis peu de générations. L'Europe était retombée dans la barbarie des

[ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

eux le sentiment de cette liberté originelle pour. laquelle ils semblaient être nés, leur font aimer leur esclavage, et en forment ce qu'on appelle des » peuples policés. Le besoin éleva les trônes; les sciences et les arts les ont affermis. Puissances de la terre, aimez les talens, et protégez ceux qui les cultivent (1). Peuples policés, cultivez-les : heureux esclaves, vous leur devez ce goût délicat et fin dont vous vous piquez; cette douceur de caractère et cette urbanité de mœurs qui rendent parmi vous le commerce si liant et si facile; en un mot les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune.

C'est par cette sorte de politesse, d'autant plus aimable qu'elle affecte moins de se montrer, que se distinguèrent autrefois Athènes et Rome dans

(1) Les princes voient toujours avec plaisir le goût des arts agréables et des superfluités, dont l'exportation de l'argent ne résulte pas, s'étendre parmi leurs sujets car, outre qu'ils les nourrissent ainsi dans cette petitesse d'âme si propre à la servitude, ils savent très-bien que tous les besoins que le peuple so donne sont autant de chaînes dont il se charge. Alexandre, voulant maintenir les Ichtyophages dans sa dépendance, les contraignit de renoncer à la pêche, et de se nourrir des alimens communs aux autres peuples; et les sauvages de l'Amérique, qui vont tout nus, et qui ne vivent que du produit de leur chasse, n'ont jamais pu être domptés : en effet, quel joug imposerait-on à des hommes qui n'ont besoin de rien (*)?

(*) Ce qui est rapporté ici d'Alexandre n'a d'autre fondement qu'un passage de Pline l'ancien, copié depuis par Solin (chapitre 54): Ichtyophagos omnes Alexander vetuit piscibus vivere, (HIST. NAT., lib. vi, cap. 25.)

eux le sentiment de cette liberté originelle per laquelle ils semblaient être nés, leur font ainer leur esclavage, et en forment ce qu'on appelle de peuples policés. Le besoin éleva les trones; les sciences et les arts les ont affermis. Puissances de la terre, aimez les talens, et protégez ceux qui les cultivent (19. Peuples policés, cultivez-les : het reux esclaves, vous leur devez ce goût délicate fin dont vous vous piquez; cette douceur de caractère et cette urbanité de mœurs qui renden: parmi vous le commerce si liant et si facile; en un mot les apparences ac toutes les vertus sans en avoir aucune.

C'est par cette sorte de politesse, d'autant plas aimable qu'elle affecte moins de se montrer, que se distinguèrent autrefois Athènes et Rome dans

(1) Les princes voient toujours avec plaisir le goût des tra agréables et des superfluités, dont l'exportation de l'argent se résulte pas, s'étendre parmi leurs sujets : car, outre qu'ils les nourrissent ainsi dans cette petitesse d'âme si propre à la servi tude, ils savent très-bien que tous les besoins que le peuple s donne sont autant de chaînes dont il se charge, Alexandre, tou lant maintenir les Ichtyophages dans sa dépendance, les contrai gnit de renoncer à la pêche, et de se nourrir des alimens communs aux autres peuples; et les sauvages de l'Amérique, qui vont tout nus, et qui ne vivent que du produit de leur chasse, n'ont jamais pu être domptés : en effet, quel joug imposerait-on à des hommes qui n'ont besoin de rien (*)?

(*) Ce qui est rapporté ici d'Alexandre n'a d'autre fondement qu'un passage de Pline l'ancien, copié depuis par Solin (chapitre 54): Ichtyophagos omnes Alexander vetuit piscibus vivere, (HIST. NAT., lib. vi, cap. 25.)

appris à nos passions à parler un langage apprêté, nos mœurs étaient rustiques, mais naturelles; et, la différence des procédés annonçait, au premier coup d'œil, celle des caractères. La nature humaine, au fond, n'était pas meilleure; mais les hommes trouvaient leur sécurité dans la facilité de se pénétrer réciproquement; et cet avantage, dont nous ne sentons plus le prix, leur épargnait bien des vices.

Aujourd'hui que des recherches plus subtiles et un goût plus fin ont réduit l'art de plaire en principes, il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans un même moule : sans cesse la politesse exige, la bienséance ordonne; sans cesse on suit des usages, jamais son propre génie. On n'ose plus paraître ce qu'on est; et, dans cette contrainte perpétuelle, les hommes qui forment ce troupeau qu'on appelle société, placés dans les mêmes circonstances, feront tous les mêmes choses si des motifs plus puissans ne les en détournent. On ne saura donc jamais bien à qui l'on a affaire: il faudra donc, pour connaître son ami, attendre les grandes occasions, c'est-à-dire attendre qu'il n'en soit plus temps, puisque c'est pour ces occasions mêmes qu'il eût été essentiel de le connaître.

Quel cortège de vices n'accompagnera point cette incertitude! Plus d'amitiés sincères; plus d'estime réelle; plus de confiance fondée. Les soup

[ocr errors]
« PreviousContinue »