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tation de sagesse dans les chefs, tant de méditations pour le code nouveau, et tant d'écarts, tant de contradictions dans les nouvelles loix; tant d'exaltation dans les promesses et tant de frayeur sur le succès; tant d'espoir dans le peuple, de voir finir des maux dont la révolution devoit être le terme, et tant de crainte qu'elle n'en soit le comble?

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CHAPITRE V.

Grade du Rose - croix Franc-maçon (1).

OUR se laver du reproche que l'on fait aux francs-maçons d'être les ennemis de la religion ils disent qu'ils ont un grade dans lequel ils font la mention la plus honorable de la mort et de la passion de Jésus-Christ. Mais que répondront-ils, si on leur prouve que ce grade est hérétique, et qu'on y dépouille Jésus-Christ même, de toutes ses prérogatives les plus essentielles? Nous n'exposerons ici que les points principaux, qui démontrent que les francs-maçons, appelés chevaliers rose-croix, bien loin de faire une profession publique de la foi catholique, se jouent de ce que nous avons de plus saint, et travestissent nos mystères, de manière à rendre ridicules ceux qui en sont les ministres, ou à les faire tomber dans l'hérésie.

(1) Le grade de rose-croix, est un des plus considérables de la franc-maçonnerie, ou plutôt c'est le dernier grade qui donne droit à toutes les places qu'un maçon peut occuper dans cet ordre. Nous nous sommes décidés d'autant plus volontiers à le donner avec tous ses détails, qu'il servira à convaincre de plus en plus, du véritable objet de la maçonnerie, qui est, de renverser de fond en comble la religion catholique.

Il est d'usage de n'admettre dans le grade de rose-croix, que ceux qui ont passé par les grades d'élu, d'écossois, et de chevalier d'Orient. Ce der nier grade sur-tout est essentiel, parce qu'on y professe une doctrine qui prépare aux actes héré tiques, auxquels on va être initié; puisqu'on y enseigne, dans le renversement du temple de Salomon, la destruction de la religion catholique et la liberté de la religion. Chaque chevelier d'Orient, est un nouveau Zorobabel, qui délivre ses frères de la captivité de Babylone, c'est-à-dire, de l'esclavage de la religion catholique, apostolique et romaine, figurée par Babylone, qui est le nom favori que les hérétiques des derniers siècles donnoient à l'église romaine. Chaque chevalier d'Orient devenu libre et dégagé de ses premiers sermens religieux se regarde comme la pierre angulaire du nouvel édifice qu'il va élever, et sur - intendant des ouvriers qui sont destinés à y travailler; comme Salomon, Adonhiram et Moabon ont été honorés de cette surveillance; c'est-à-dire, qu'il représente Jésus-Christ, la vraie pierre angulaire; qu'il est, comme lui, (Isai, 41. 2. Zach, 3. 8) le véritable Orient, le GrandPrêtre, envoyé du haut des Cieux, pour éclairer, donner la vie aux hommes ensevelis dans les ténèbres de la mort; et qu'il est fils du même père que Jésus-Christ, désigné par Moabon; qu'il est destiné, comme Salomon, (Zacharie 6.) pour batir un temple au vrai Dieu; et établi, comme Adonhiram, pour avoir la sur - intendance et le gouvernement sur les ouvriers employés à cet édifice.

Quand un franc-maçon a eu adopté ces notions impies, hérétiques et absurdes, on le juge digne d'être promu à un nouveau grade, qui est comme la consommation de son impiété, parce qu'il réduit en pratique, ce qu'il professoit en théorie. C'est l'objet du grade du rose-croix, présenté comme le nec plus ultrà de la franc-maçonnerie. Donnons-en l'explication.

Décoration de la loge de Rose-croix.

» La loge est tendue en noir, un autel triangulaire, élevé sur sept marches, est placé à » l'orient au lieu du trône : au-dessus de l'autel » est un grand tableau en transparent, représen» tant un calvaire, c'est-à-dire trois croix. Celle » du milieu n'est distinguée des deux autres, que » par une rose avec une draperie entrelacéeˆ et l'inscription I. N. R. I.

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Ce début paroît n'annoncer rien que de catholique; et cependant, c'est déjà l'indication de l'erreur, enseignée plus ouvertement dans la suite.

(Hist. Eccl. de Mosheim. t. IV.) Les chymistes prétendent, qu'une croix † avec le mot ros désigne deux puissans dissolvans dans leur art, qui sont la rosée et la lumière; et que ce sont ces deux choses, qui ont donné naissance aux deux signes principaux du grade du Rose-croix. Je crois plutôt que les francs-maçons font allusion à cette prière d'Isaïe » Cieux fondez-vous en rosée, » et que les nuages nous fassent pleuvoir le juste ». La rosée et la lumière seroient alors les deux emblêmes de Jésus-Christ, et indiqueroient toute autre chose que le mystère de la croix. D'où il s'ensuivroit que le grade de Rose-croix, dans ses signes et ses emblêmes, ne veut faire réellement entendre, que la venue de la lumière, qui se répand dans la franc-maçonnerie, avec la douceur et la fraîcheur de la rosée. Nous donnerons ailleurs une autre explication. Les francs-maçons illuminés ne voyent dans la croix, que les deux instrumens de la maçonnerie, l'équerre et le compas; et tous d'une manière ou d'une autre, éloignent l'idée du mystère de la croix de Jésus-Christ, lors même qu'ils en conservent les symboles.

L'instruction qui précède la réception de ce grade, ne nous le représente que comme une allé

gorie. Le Fils de l'homme est comparé à la souveraine puissance du Père, l'aigle en est l'image, au sens des francs-maçons; c'est pourquoi le chevalier Rose-croix, est quelquefois appelé chevalier de l'aigle, parce que son grade le rend capable de s'élever aux plus grandes choses; quelquefois on le nomme chevalier du pélican, parce que le Fils de l'homme est comparé au pélican qui se perce les flans pour nourrir ses petits, et qui est l'image fidèle du sacrifice de la croix; d'autres fois on l'appelle chevalier de Redon; parce que, disent les francs-maçons, le premier chapitre de ce grade, s'est tenu sur une montagne de ce nom, située entre l'orient et le nord de l'Ecosse, et que c'est encore aujourd'hui l'endroit, où est la maîtresse loge, et le siège du souverain grade, dans un château antique, appartenant aux chevaliers Rose-croix, et que c'est pour cette raison, qu'une partie des chevaliers de ce grade se nomment chevaliers de Redon, et l'autre chevaliers Rose-croix. Pour moi, je serois porté à croire, que le mot redon est dérivé de l'hébreu; que la montagne de Redon, n'est autre chose que la montagne du calvaire, où Jésus-Christ, par l'effusion de son sang, a acquis le domaine, ou le droit de dominer sur toutes les créatures, les ayant acquises par son sang; c'est le sens qu'on peut donner au mot redon, selon l'hébreu

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On attribue encore d'autres noms aux chevaliers Rose-croix, comme celui de chevalier de St. André, parce que, dit-on, les premiers maçons d'Ecosse faisoient tous les ans une procession solemnelle, le jour de la fête de ce saint, et que c'étoit le jour de leur constitution régulière. th On voit dans toutes ces dénominations, que les chevaliers Rose-croix, ont emprunté différentes allégories, pour ne pas paroître chevaliers du calvaire. Ils veulent représenter le mystère de la croix, et cependant ils cherchent à donner à leur institution un air antique et étranger, afin de faire

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comprendre que leur établissement n'est pas un ouvrage d'aujourd'hui, mais qu'il est respectable par son antiquité.

Bijou et préparation.

» Le bijou du maître très-sage, est l'étoile flam»boyante à sept rayons brodée sur l'habit du côté gauche, au milieu de laquelle est la lettre G

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» en or».

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» Le premier surveillant, porte le triangle » second porte l'équerre et le compas, les autres » frères portent leur bijou ordinaire couvert d'un » crêpe noir, dans le premier appartement ».

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» Le grand bijou de ce grade, est un compas » dont les pointes sont portées sur un quart de » cercle. La tête du compas est une rose dont là » queue vient se perdre dans une des pointes du » compas. Dans le millieu du compas, il y a une » croix dont le pied pose sur le quart de cercle, et » le haut touche la tête du compas ; on y accole une aigle renversée les aîles déployées, et on y joint » un pélican se perçant les entrailles pour nour»rir ses petits figurés dans un nid. Sur la tête » du compas fermé par une rose, il y a une » couronne antique à deux faces. Sur le quart de » cercle, on grave d'un côté le nom du chevalier » en hieroglyphe, et de l'autre, celui de passe. » Ce bijou est suspendu par une rosette noire à >> un large cordon rouge que l'on passe au cou ».

Ce mélange de hieroglyphes et d'emblêmes, an nonce évidemment la doctrine des franes-maçons sur le mystère de la croix; pourquoi les entasseroient-ils, s'ils ne les mettoient pas au même rang?

Qui peut justifier l'assemblage de tant de signes pour exprimer un mystère qui n'existe nî dans l'équerre ni dans le compas? Dès que la frané-maçonnerie n'emprunte point les symboles de la religion chrétienne pour en figurer les mystères, on doit se défier avec fondement de ses intentions.

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