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pendant que les Juifs et les Chrétiens reconnoissent et professent, comme dogme fondamental de leur religion, que l'univers entier, est gouverné par Dieu, que tous les événemens sont dans sa main, qu'il les prévoit et les dirige pour sa gloire, et que les systèmes physiques sont absolument indépendans de la religion, et n'y ont aucun rapport. Quels sont donc les philosophes, qui font tenir aux prêtres de toutes les religions de l'Europe un langage aussi ridicule, aussi absurde? Ce sont MM. de La Lande, Dupuis, Leblond, de Launnaye et société, qui paroissent avoir abjuré la religion chrétienne dans laquelle ils ont été élevés, et qui s'efforcent de substituer aux dogmes qu'elle enseigne, les erreurs des Manichéens, des Perses, et de quelques philosophes anciens, comme si l'évidence des vérités qu'elle professe, pouvoit être éclipsée par des erreurs que l'ignorance a introduites? Les ténèbres résisteroient plutôt à la lumière du soleil dans son midi.

Ce n'est pas assez pour ces messieurs, d'avoir cherché à obscurcir la beauté de la morale et des dogmes de la religion chrétienne; ils essaient encore d'insinuer aux hommes, que notre ame n'est pas spirituelle, qu'elle ne doit ni craindre les peines d'une autre vie, ni espérer les récompenses qui y sont réservées à la vertu. C'est-à-dire que nos philosophes ôtent aux malheureux l'unique consolation qu'ils goûtent au milieu des maux de cette vie, qu'ils veulent abolir toute distinction entre le vice et la vertu, étouffer tous les remords qui déchirent le cœur des méchans, et enlever à l'homme innocent, l'espoir qu'un Dieu juste le dédommagera dans le séjour de sa gloire, des vexations et des injustices que des hommes méchans lui auront fait endurer. Voici comme s'expliquent nos philosophes :( suite du Disc. prélim.)

» Nous verrons aussi se répandre d'un pôle à » l'autre, cette opinion fameuse, née de l'orguei! » de l'homme, qui non content d'exercer sur la

» terre un despotique empire, veut encore étendre »sa puissance à tous les tems, à tous les lieux » le dogme redoutable de la spiritualité, des pei»nes et des récompenses ».

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Pourquoi attribuer à l'orgueil de l'homme ce qui est une suite necessaire de l'idée de Dieu, de l'état de la vie présente, des principes de la morale, reconnus chez tous les peuples? Ils ont tous reconnu l'existence d'une autre vie, ils ont tous admis des peines et des récompenses qui y sont réservées aux méchans, et aux hommes de bien. Il est dans la nature de l'homme, d'avoir le sentiment de son immortalité; et ce sentiment est le germe de toutes les grandes actions qui honorent l'homme, et de toutes celles qui font le bonheur de la société.

En effet, ce sentiment, que l'homme nait pour l'immortalité, n'est-il pas le seul principe d'égalité qui honore le genre humain; le seul qui ne subit aucuns des changemens auquels les choses humaines sont assujetties? Nos philosophes ne nous vanteroient-ils leur homme-machine, que pour dégrader l'espèce humaine, au-dessous des animaux? Ah! tout leur est bon, les choses les plus révoltantes ne leur répugnent pas, quand il est question d'attaquer la religion chrétienne, ou d'avilir ses ministres. S'ils débutent dans leur Discours préliminaire, où ils devroient voiler leur opinion, par débiter des faussetés aussi méchantes et aussi impies, que ne doit-on pas craindre de leur plume empoisonnée ?

C'est à Jesus-Christ surtout, que M. de LaLande en veut, et à sa sainte Mère. En rendant compte au mois de Juillet 1788 dans le Journal des Savans, du Mémoire de M. Dupuis sur l'origine des constellations et sur l'explication de la fable, il osa bien avancer que le signe de la vierge, qui représente dans la sphère persique et non ailleurs la déesse Isis avec le petit Horus, étoit l'emblême de la sainte Vierge mère de Jesus-Christ. Le les

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teur chrétien ne peut lire sans frémir d'indignation, une pareille impudence; et sans se demander comment un savant d'une si grande réputation, a pu se permettre une application aussi fausse. La chose est réellement inconcevable, à moins qu'on ne veuille convenir que cet astronome a voulu avancer un fait dénué de preuves, pour avoir le plaisir de dire une impiété. Comment en effet prouver, par un fait aussi isolé, que, dans la religion des Egyptiens, Isis représente la Vierge Marie, qui devoit naître de la famille de David, et être la mère du fils de Dieu fait homme? M. de LaLande pourroit-il citer un seul auteur ancien, qui eût, avant lui, avancé cette impiété? Ce que nous avons rapporté d'Isis, d'après les auteurs les plus renommés, parmi les anciens et les modernes, ne contredit-il pas ouvertement, ce que M., de LaLande s'est permis de lui attribuer? Combien un savant, qui fait un tel abus de ses connoissances, n'est-il pas dangereux dans la société ?

Déjà, il a donné des armes aux Sieurs Bonneville et Volney, et ces deux auteurs en ont malheureusement fait un usage bien pernicieux; le premier dans l'ouvrage qu'il a donné au public, sous le titre de l'Esprit des religions; et le second, dans celui qu'il a intitulé, les Ruines, ou méditations sur les révolutions des empires. Il semble qu'ils marchent sous les ordres de M. de La Lande, et de ses associés, et qu'ils soient les interprêtes fidèles des francs-maçons. On verra dans les extraits que nous allons faire de leurs maximes, celles des Fauchet, des Grégoire, des Sièyes, des Muncer, des Bercol, des Ball, des Wiclef, des Isnard, des Neufchateau, etc.

Que la franc-maçonnerie ait opéré en France la révolution qui s'y est faite dans la religion et dans les mœurs; c'est un aveu que le Sieur Bonneville fait dans son ouvrage (page 91). « De tous les systêmes, (dit-il), religieux ou fédératifs, celui » connu sous le nom de franc-maçonnerie, est

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» le plus général: comme rien ne doit être secret » chez un peuple libre, et que leur objet (des >> francs-maçons) est rempli en France, que leurs >> temples s'ouvrent ». Mais que le systême religieux franc-maçon, renferme les principes de nos philosophes, ceux des hérétiques et des athées; c'est ce dont il sera aisé de se convaincre, en rapprochant les discours et les écrits de francs-maçons les plus décidés.

On ne peut douter que Fauchet, Bonneville, Volney ne soient francs-maçons ; les deux premiers étoient les rédacteurs du Journal de la bouche-defer, et ont été présidens du cercle social, et associés aux clubs des Jacobins. Leurs principes sont ceux de Socin, des hérétiques, des philosophes et de tous les ennemis de la religion catholique dont le nombre s'est considérablement accru, depuis quelques années en France. M. Volney pense et parle de même on peut donc les regarder comme de grands orateurs de l'ordre, chargés de prêcher dans le public, la doctrine que la francmaçonnerie n'avoit jusqu'à ce jour enseigné que dans le secret. Mais depuis que leurs discours virulents, circulent dans la société; il demeure constant, que la franc-maçonnerie se propose de détruire la religion chrétienne en France et même dans l'univers, pour subtituer à sa place, une religion politique civile et toute terrestre, qui ne conservera par conséquent de la religion, que le nom (*).

(*) NOTES IMPORTANTE S.

M. Dupuis auteur de la Dissertation sur le Zodiaque et l'origine de la Religion chez les Egyptiens, n'est pas M. Dupuis, secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et BellesLettres, connu par ses mours, ses talens, et son attachement à la religion catholique.

M. l'abbé Leblond est le même personnage qui a été succeseivement sous bibliothécaire au collège Mazarin, et ensuite

bibliothécaire; place dont il est redevable au nouvel ordre des choses. On connoît dans le public, l'intérêt qu'il met à voir dépouiller les Eglises, et à mettre les émigrés dans une espèce d'impossibilité de rétablir les autels, au renversement desquels il applaudit.

L'Auteur de cet Ouvrage, réclame l'indulgence du public pour ne s'être pas conformé à la constitution, en parlant de M. de La Lande, né à Bourg-en-Bresse. Il savait que le père de ce Monsieur, s'appelloit le François, qu'il étoit né dans la paroisse de Courcy, près Coutances, et qu'il possédoit une petite maison sur le bord de la lande des Vardes, à une demie-lieue de la ville de Coutances, sur le chemin de Saint-Lo; et que c'estde cette position que son fils a pris le nom de La Lande, sous lequel il est plus connu que sous celui de le François, qui est cependant son vrai nom, l'autre n'étant qu'un sur-nom qu'il devroit quitter pour se conformer à l'esprit de la Constitution à laquelle il a eu une grande part. L'auteur n'a pas cru devoir changer le nom de M. de La Lande, puisqu'il l'a conservé, et qu'il ne seroit peut-être pas connu sous l'autre dénomination. Quelqu'un croira peut-être qu'il a renoncé à son nom de famille, parce qu'il ne veut porter aucun signe qui lui rappelle le bap tême qu'il a reçu, comme il ne reconnoît aucun Dieu; mais l'auteur n'ose pas l'affirmer, parcequ'il n'en a aucune certitude.

On doit dater la haine de M. de Condorcet contre la religion catholique et ses ministres, de l'année 1765 ou 66, qu'ayant été forcé de quitter le palais de son oncle, évêque de Lisieux il se jetta dans le parti des Philosophes, auquel il est demeuré attaché, et qu'il a servi depuis cette époque, avec tant de chaleur, qu'il a mérité de tenir une place distinguée parmi les plus grands ennemis de la religion catholique. C'est sous ses auspices, que toutes les attaques ont été dirigées contre Dieu; c'est sous ses étendards, que tous les athées se rallient ; c'est par ses émissaires, que les campagnes sont inondées de livres impies. Il n'épargne ni veilles ni soins, pour rendre les prêtres odieux et faire tomber sur eux la haine que font naître contre les démagogues, la misère publique et le discrédit national. Qu'il nous dise si nous serions plus heureux, si notre commerce seroit plus florissant, si le sang des prêtres avoit inondé les villes et les campagnes.

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