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4 AVERTISSEMEMT. de donner un abrégé des Rosecroix et des Illuminés.

Jamais l'église de Jésus-Christ n'avoit eu tant d'ennemis à combattre à la fois. Il semble que l'enfer, tout entier, soit déchaîné pour opérer sa ruine: mais jamais elle n'aura paru plus grande ni plus divine, que lorsqu'elle sera couverte des dépouilles qu'elle aura enlevées, à ses ennemis. L'erreur ni l'enfer ne peuvent prévaloir sur elle c'est la promesse de Jésus

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Christ; jamais elle n'a été trouvée ni vaine ni illusoire.

AVIS

AUX PUISSANCES DE L'EUROPE.

LA Royauté expire en France dans les convul

sions de la révolte et de l'anarchie. Le lien social y est entiérement rompu, et les symptômes de la dissolution s'y manifestent chaque jour davantage. Des hommes audacieux, imbus d'une fausse et pernicieuse philosophie, se sont servi du nom de leur Roi et de son autorité pour le détrôner. La Religion, les intermédiaires constitutionnels, c'està-dire les trois ordres du Clergé, de la Noblesse et du Tiers, les propriétés, les grands corps de Magistratures étoient les grands appuis de son trône : ils ont détruit la Religion, les intermédiaires, les grands corps de Magistratures et envahi les propriétés.

La nation Françoise, à l'époque de la convocation des Etats - Généraux de 1789, ne vouloit d'autre réforme, que celle de quelques abus qui n'étoient eux-mêmes que la dégénération de ses principes constitutionnels. Elle tenoit à ses habitudes et à sa monarchie tempérée. Son attachement pour ses Rois étoit son trait caractéristique. Mais en général elle étoit corrompue. Depuis plus de trente ans, le gouvernement, par la plus funeste des méprises, ou par une négligence incom. préhensible, laissoit circuler librement dans les écrits prétendus philosophiques, tous les levains qui corrompent l'opinion et les moeurs. C'est là sa faute capitale, et c'est celle qu'ont faite tous les autres gouvernemens. Lorsque l'opinion publique n'est pas surveillée, elle se déprave insensiblement, et elle finit par créer une puissance monstrueuse qui renverse l'autel et qui brise les

sceptres.

Toutes les nations sont vaines. La nation Françoise l'est encore plus que les autres. Dites-leur qu'elles sont souveraines, que la souveraineté réside dans le peuple, que tous les pouvoirs émanent de lui, que dans tous les tems il est le maître de se constituer à son gré, que tous les citoyens doivent concourir à la formation de la loi, que les Rois ne sont que des mandataires; et vous exciterez chez toutes les nations, même chez les plus flegmatiques, un enthousiasme de vanité qui de conséquences en conséquences, les portera au maximum des excès..

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Parcourez l'histoire, et vous verrez les flatteurs du peuple employer par-tout pour le remuer, le levier de la souveraineté populaire. La Grèce fut un peuple de rois, et jamais peuple ne fut plus esclave; jamais gouvernement ne fut plus orageux, plus injuste, plus tyrannique. Il en a été de même des Romains: des discordes éternelles, souvent ensanglantées, agitèrent la république; et ces maîtres du monde si adulés par leurs tribuns, expirèrent dans les horreurs du triumvirat et des proscriptions.

Dans nos téms modernes, des sectaires connus sous différentes dénominations, firent sortir de la poussière la souveraineté du peuple et l'égalité. Ils troublèrent l'Europe avec ces armes redoutables, Les protestans ou réformés qui leur succédèrent, remirent de nouveau le peuple sur le trône. Ils ressuscitèrent les pactes primordiaux qui n'ont jamais existé. Qu'en est-il résulté ? La ligue en France de longs troubles en Allemagne et la Guerre de Trente Ans. Les presbytériens Anglois, on les puritains d'Ecosse, propagèrent la même doctrine; il en sortit le régicide de Charles I, et l'insupportable tyrannie de Cromwel

Les séditieux en France, instruits par leurs prétendus philosophes, n'ont pas manqué de faire usage des mêmes moyens, pour agiter le peuple, et cette belle contrée a vu rapidement son Roi

mis dans les fers, sa Religion, ses loix et un grand nombre de ses habitans proscrits; ses propriétés dévorées, ses colonies dévastées, sa banqueroute inévitable, les massacres, tous les genres de crimes impunis et (qui le croiroit?) honorés. Elle n'est plus aujourd'hui qu'une terre de désolation et un objet de pitié.

Les puritains ont rejetté sur Cromwel et sur les indépendans, le meurtre de Charles I. Mais qui avoit donné naissance aux indépendans et à Cromwel, sinon les puritains? Il en est de même en France; les impartiaux et les monarchiens qui sè décorent du beau nom de modérés, rejettent sur les jacobins les attentats commis sur la personné du Roi, la persécution religieuse et tous les crimes dont la France est inondée: mais que sont les jacobins, sinon une émanation des impartiaux et des monarchiens? et ceux-ci ne sont-ils pas le produit du séditieux philosophisme? Ce ne sont pas les jacobins qui ont commencé les troubles publics, Ce ne sont pas eux qui ont fait lapider l'Archevêque de Paris, commandé les premiers massacres et exécuté l'attentat des 5 et 6 Octobre de 1789, puisque leur existence est postérieure à ces événemens. Ce sont les novateurs prétendus modérés qui ont tout mis en mouvement par leur adulatrice imposture, Ils ont dit au peuple: Vous êtes souverain; vous êtes la source de tous les pouvoirs; votre volonté seule fait la loi; tout en vous est imposant, jusqu'à vos crimes qui ne sont que les méprises du patriotisme : alors la portion la plus perverse du peuple est devenue jacobin. Comme les puritains, les modérés ont engendré leurs inde pendans, et comme eux, si la Providence divine ne s'y oppose, ils auront leur Cromwel, qui n'attend peut-être pour se montrer que le moment, malheureusement trop prochain, où la dissolution sera complette; car le dernier terme de l'anarchie fut dans tous les tems et chez tous les peuples, yrannie imprévue du scélérat le plus adroit, sou

la

vent le plus obscur, ou de plusieurs scélérats que le besoin de leur sûreté réunit.

Dira-t-on que ces grandes maladies politiques ne sont que locales, et que tandis que l'Angleterre se déshonoroit par l'assassinat de Charles I, et étoit en proie aux fureurs des puritains, des indépendans et de Cromwel, les autres états de l'Europe étoient tranquilles! Mais qu'on réfléchisse sur les longs troubles dont l'Europe a été agitée par les divers sectateurs de la souveraineté du peuple, qui tour-à-tour ont joué leur rôle sous les noms d'Albigeois, de Vaudois, de Hussites, de Luthé, riens, de Calvinistes, d'Anabaptistes, de Presbytériens, de Puritains, de Francs-maçons, de Jan sénistes même, dernière filiation de cette nombreuse et turbulente famille, et on reconnoîtra qu'il est bien peu de royaumes en Europe qui, depuis plusieurs siècles, n'aient été successivement remués par ces agitateurs populaires.

D'ailleurs les mœurs étoient autrefois bien différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui. L'instruction, ou pour mieux dire ce qu'on appelle mal-àpropos de ce nom, étoit peu répandue. Le peuple on général ne savoit pas lire, et la propagation des doctrines nouvelles étoit nécessairement lente; les nations avoient moins de rapports les unes avec les autres; les différens amours - propres nationnaux avoient un caractère de rudesse; les canaux du commerce n'étoient pas ouverts ; la grande chaîne des arts et des sciences n'étoit pas encore formée; les papiers - nouvelles et les journaux n'existoient pas ou étoient peu nombreux et trouvoient un petit nombre de lecteurs; enfin tous les moyens de communication de nation à nation, de province à province, de ville à ville, d'homme à homme, étoient rares et difficiles,

Mais aujourd'hui que les ressources de l'imprimerie et l'habitude de lire ont donné une circulation rapide à toutes les doctrines; aujourd'hui que par l'imprévoyance des gouvernemens, les

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