de Jésus-Christ, qui n'est ni la lune, ni la terre, ni la nature, qui n'a aucun rapport avec ces êtres et que c'est une impiété grossière, de vouloir lui donner les attributs que les Egyptiens donnoient à Isis. Comment des philosophes, qui se vantent d'être la lumière de leur siècle, peuvent-ils donc tomber dans de pareilles absurdités? Ne faut-il pas avoir perdu le bon sens, pour chercher à accommoder la vie, les vertus de la sainte Vierge, sa maternité divine, avec les qualités factices d'un être allégorique, dont on ne connoit même pas bien la nature? N'est-ce pas montrer une haîne outrée contre la religion chrétienne, que de vouloir lui enlever, d'une manière aussi absurde, deux personnages qui ont concourru divinement au salut du genre humain? C'est donc bien en vain, que nos philosophes veulent établir sur l'allégorie, la religion chrétienne. Ils ne seront pas plus heureux dans leur entreprise, que Platon, Chrysippe, Cléanthe Zénon, Plutarque qui travaillèrent inutilement à donner les mêmes bases à la religion payenne. (lib. I de nat. Deor. 27, 29,) Varron, Ciceron, ne réussirent pas mieux; et Eusebe (prép. ev. 1. 3. c. 14.) fait voir jusqu'à l'évidence, que les allégories des philosophes n'étoient qu'un faux vernis sur une impiété véritable; c'est pourquoi saint Grégoire de Nazianze, dans sa troisiéme invective contre Julien l'apostat, après avoir défié les phisiologues les plus hardis, d'expliquer par l'allégorie, les impertinences des poëtes qu'il leur propose, conclut, que l'explication qu'ils donnent de la mythologie, ne prouve autre chose, que le désir qu'ils ont de cacher leurs folies sous un voile honnête. C'est bien là, ce qu'on peut dire avec vérité des prétendus sages de notre siècle, qui se jettent dans l'allégorie pour éluder la force des preuves évidentes, que la religion chrétienne offre à ceux qui veulent les examiner de bonne foi. Théodoret (Therap. 1. 3.) va même jusqu'à prouver que les recherches des philosophes sur la mythologie, n'ont produit d'autre effet, que de mul tiplier les faux dieux, dont on fit deux classes, sous le nom de dieux physiques et de dieux mo raux. Enfin Arnobe (lib. 5. contrà gent.) montre avec autant d'évidence, le peu de fondement de toutes les allégories, dont les unes détruisoient les autres ; et dont la plupart révoltoient par leur bizarrerie et leur ridicule. En effet, les règles selon lesquelles la nature agit, n'ont aucun rapport avec les loix de la vie civile, ni avec les maximes de la vertu. Il est impossible de les personnifier; et quand cela pourroit se faire, il faudroit toujours avouer avec Platon, dans ses livres de la République, (liv. 2 et 3) que les allégories ne sont pas à la portée du peuple : que les fictions poétiques rendues sensibles aux yeux, ne sont capables que de fomenter les passions, et d'éteindre dans le cœur des jeunes gens, les sentimens de la religion et de la piété filiale. Il est donc à présumer que si tous les philosophes payens qui avoient voyagé en Egypte, n'ont pu découvrir les dieux de la fable dans les signes du zodiaque céleste, M. Dupuis ne sera pas plus heureux que ces grands maîtres, qui connoissoient la langue des Egyptiens que nous ignorons, qui étoient plus voisins que nous, de l'origine des fables, qui conversèrent avec les prêtres d'Isis; qui assisterent à ses mystères, et qui eurent connoissance de la science secrète, dont les prêtres faisoient un mystère au vulgaire, et qui est aujourd'hui pour nous une énigme inexplicable. L'ode qu'Orphée, à son retour d'Egypte, adressa à Musée, ne semble-t'elle pas prouver, que les mys tères sacrés de cette contrée, bien loin d'établir l'idolatrie, étoient institués pour transmettre les principes de la religion primitive, qui fut la religion des patriarches? Voici la traduction qu'en a donnée le père Mourgues, jésuite, (plan. Th. du Platon. T. I. Page 3.) Je parle aux gens de bien, profanes loin de moi: Le voir, c'est ce qu'encor, nul des mortels n'a sû Et Et te soumets la parque au front impérieux: Père exempt de vieillesse, au feu de ta colère Tout fond, la peur aux vents rend l'aile plus légère: Le voile de la nuit sur le jour étendu, Par les éclairs flottans, coup sur coup est fendu.. Aux astres tu prescris leurs tours invariables; Ton trône est entouré d'anges infatigables A nous donner leurs soins généreux et constans : Ce n'est que de tes fleurs que brille le printems; Sur un nuage à toi, l'hiver glacé frissonne, Et ce sont tes raisins que nous offre l'automne. Plût à Dieu que les philosophes de nos jours fussent aussi religieux, ou que non contens d'avoir abjuré la religion de leurs pères, ils ne fissent pas les derniers efforts pour établir l'athéisme! Mais non nous aurons la douleur de les voir irréligieux, et se rendre les docteurs de l'impiété. » Dans toute institution religieuse, (disent nos philosophes, page 9 du Disc. prélim.) on trouve » trois parties très-distinctes: la fiction, le dogme, » et les rites ou cérémonies sacrées ». » La première de ces parties, fut essentielle»ment la même, chez tous les peuples civilisés. » Tous adoroient le soleil et les astres ». Il seroit curieux de voir nos philosophes faire l'application de ces principes, à la religion judaïque, ou à la religion chrétienne. Sans doute qu'ils n'ont jamais lu ce que dit Moyse (Déut. IV. 19.) que Dieu en parlant à son peuple de dessus le mont Horèbe, au milieu du feu, n'a emprunté aucune figure d'animaux ou de poissons, d'oiseaux ou de reptiles, pas même celle du soleil, de la lune, ou de quelqu'autre astre ; de peur de donner occasion de le représenter sous quelqu'une des figures des astres ou des animaux. La religion judaïque n'a donc jamais eu recours à la fiction; nos philosophes en imposent donc aux hommes crédules, lorsqu'ils af firment que toute religion a eu sa fiction. Bien loin que la religion des Juifs eut la sienne; C bien loin qu'elle permit même d'adorer les astres, le soleil où la lune, elle condamnoit au contraire à être lapidé, l'homme ou la femme juive, qui auroit adoré des astres, ou des dieux étrangers. (Déut. XVII. 6.) La fiction seroit encore plus difficile à prouver dans la religion chrétienne; nos philosophes sèment donc sans pudeur le mensonge et la fausseté. Quant au dogme, ( disent-ils,) c'est-à-dire, aux articles de croyance que prescrivent les prêtres de chaque religion, ils se rapportent gé» néralement aux deux grands principes du bien et du mal, à ces bons, à ces mauvais génies, » qui, dans un état continuel de guerre, régissent » le monde, et oppriment ou protègent les débiles » humains, ou pour parler plus philosophique»ment, ils dérivent presque tous, des systêmes divers que les hommes ont formés sur la phy»sique du globe, et des pieuses rêveries qu'ils ont débitées, pour expliquer des phénomènes sou»vent inexplicables ». Sont-ce donc les prêtres, qui ont prescrit aux Juifs les dix préceptes de la loi? N'est-ce pas Dieu lui-même, qui les a écrits de son doigt, sur deux tables de pierre? N'est-ce pas lui qui a réglé l'ordonnance de son culte, les rites et les cérémonies qui devoient y être observés? Pourquoi donc attribuer aux prêtres ce qui est l'ouvrage de Dieu ? n'est-ce pas là, joindre la fourberie à l'impiété ? peut-on d'ailleurs douter que Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu le Père, est venu du haut du ciel, fonder l'Eglise Chrétienne, et lui révéler les dogmes qu'elle professe? pourquoi donc insinuer que tous les articles de croyance dans chaque religion, sont de l'invention des prêtres? N'y a-t-il pas de la mauvaise foi, à supposer que dans toutes les religions, on se laisse conduire par de bons et de mauvais génies, par les deux principes du bien et du mal, par Arimane et Orosmane, par des systêmes formés sur la physique du globe; |