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seurs,

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ceptes, M. l'abbé Leblond, cherche dans la nature comment la religion a pu s'établir parmi les hommes i les considère, tantôt comme chase tantôt comme ichtyophages, et tantôt comme rhizophages : l'usage de se nourrir de la chair des animaux, de poisson ou de riz, offre à notre savant naturaliste la gradation des mœurs de l'homme, passant de l'état de sauvage à celui d'homme civilisé. La vie pastorale le conduisit à l'étude de l'astronomie, et celle-ci à la religion, Mais ce qui est à remarquer, c'est que cette étude le rendit fanatique, insensé. Son imagination exaltée par la vue admirable des corps célestes, lui fit inventer des dieux terribles, ou bienfaisans, auxquels il donna mille attributs divers.

M. l'abbé Leblond rendroit un service signalé au genre humain, s'il lui plaisoit de découvrir comment une étude, faite pour porter le calme dans l'ame, pour tranquilliser les passions, pour élever l'homme à la plus délicieuse contemplation, a eu un effet tout contraire, et ne lui a fait voir dans l'Auteur de ces mondes lumineux, qui roulent sur nos têtes, qu'un Dieu terrible ou bienfaisant, selon que son imagination exaltée, le lui faisoit craindre ou aimer.

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Il est bien singulier que dans une Histoire générale et particulière de toutes les religions du monde M. Leblond ne rende pas compte au public de la religion de Caïn et d'Abel, les deux fils aînés d'Adam, Il seroit curieux d'apprendre de sa bouche, pourquoi dès ce premier âge du monde les sacrifices étoient plus agréables au Seigneur que l'oblation des fruits? pourquoi la pureté du cœur dans Abel fit distinguer son sacrifice de celui de Caïn? L'astronomie avoit - elle déjà donné naissance à la religion de ces premiers enfans du père commun du genre humain? avoientils déjà passé par les trois états qui préparèrent les hommes à l'étude de l'astronomie? L'homme mangea-t-il les animaux ayant de s'être nourri des

fruits de la terre? La réponse à ces questions de la part de M. l'abbé Leblond, prouveroit sans doute, qu'il a envisagé son sujet sous toutes les faces, et contenteroit la curiosité de son lecteur; mais je crains bien qu'il n'y satisfasse jamais.

Son but unique, paroît se borner à jetter un voile épais sur l'histoire de la religion, telle qu'elle est décrite dans les livres saints, pour diriger tous les regards vers l'astronomie, qu'il voudroit bien nous faire envisager comme la source de toutes les religions. C'est la conséquence qu'il tire en effet des notions générales développées dans son discours préliminaire. « Ainsi, dit-il, la religion » prit naissance de l'astronomie, et les premiers » dieux des mortels furent le soleil et les astres...................... » Cérémon dit formellement que les Egyptiens » n'avoient point d'autres dieux que les étoiles, les » planètes et les signes du zodiaque, et que la fable » d'Isis, d'Osiris, et tous leurs mystères sacrés, se » rapportoient uniquement au lever et au coucher » du soleil, aux phases de la lune, aux mouve» mens des étoiles et aux inondations du Nil ». Appuyés sur des témoignages aussi convain>> cans, nous nous appliquerons à développer le » systême de la religion astronomique dans les dif»férentes parties de cet ouvrage. Le lecteur sera frappé de l'uniformité de construction (si je puis » m'exprimer ainsi) de l'édifice religieux de tous » les peuples civilisés; il saisira facilement le lien » qui les unit; et, muni de ce fil, il parcourra » sans crainte les dédales, où des hommes adroits » et fourbes se sont plu dans tous les tems à égarer » l'espèce humaine ».

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Les ministres de la religion chrétienne, sont confondus par cet apostat, avec les brames, les derviches, les bonzes, les druïdes et les prêtres des faux dieux; il a intérêt de les faire passer pour des fourbes adroits, afin d'avilir leur ministère; aussi n'en parle-t-il jamais que sous des noms dieux, pour les rendre de plus en plus mépri

sables. Mais quoiqu'il fasse, les dénominations injurieuses ne rendront pas sa cause meilleure. Il ne prouvera jamais d'une manière convaincante que la première religion des Egyptiens ait été tirée de l'astronomie, ni que leurs premiers dieux aient été les étoiles, les planètes et les signes du zodiaque.

Lorsqu'Abraham fut en Egypte avec Sara son épouse, et qu'elle fut enlevée à son mari par Pharaon roi d'Egypte, ce prince adoroit le vrai Dieu, le Dieu d'Abraham et de Lot, et il reconnut sa puissance dans le châtiment qu'il exerça sur lui et sur sa famille, pour le punir de l'enlèvement de cette épouse et de l'injure qu'il faisoit à Abraham son mari. Flagellavit autem Dominus Pharaonem plagis maximis et domum ejus, propter Saraï uxorem Abram. La preuve qu'il professoit à cette époque la même religion qu'Abraham, et que le systême de M. Dupuis est fondé sur l'erreur et le mensonge, c'est que Pharaon en se plaignant de la conduite qu'Abraham avoit tenue à son égard, et des plaies accablantes dont Dieu l'avoit affligé, ne fait point de distinction entre la religion d'Abraham et la sienne, entre le Dieu qui l'avoit puni et le Dieu qu'adoroit Abraham ; ce qu'il auroit certainement observé si leur religion avoit été différente. Le Seigneur Dieu d'Abraham, le vrai Dieu étoit donc connu à cette époque dans l'Egypte ; les premiers dieux de l'Egypte n'ont donc pas été le soleil et la lune, les étoiles et les planètes. Comme partout ailleurs, la vérité a précédé l'erreur, et la vraie religion a été connue avant la fausse, le systême de M. Dupuis, qui tendroit à prouver que la religion astronomique a existé en Egypte plus de dix mille ans avant l'Ere chrétienne, ne peut donc se soutenir.

L'époque dont nous parlons étoit trop voisine du déluge pour qu'on puisse supposer avec la moindre vraisemblance, que la religion astronomique eut déjà existé et eut précédé la religion du

vrai Dieu; parce qu'il y avoit trop peu de distance entre Noë et ses enfans qui avoient professé la re ligion du vrai Dieu et leurs petits enfans qui avoient reçu leurs leçons, et qui existoient encore, pour qu'on puisse donner quelqu'apparence de vérité, à une supposition aussi chimérique.

Le témoignage de Porphyre sur lequel s'appuye M. Dupuis pour prouver l'antiquité de la religion astronomique des Egyptiens, prouve tout au plus que les Egyptiens avoient observé les stations du soleil aux équinoxes, et son influence, dans cette position, sur la végétation et la production générale. AEgyptii, dit Porphyre, Mithra peculiarem sedem juxtà æquinoxia attribuerunt ; ideò arietis Martii signi gladium gestat, vehiturque Tauro signo veneris; nam Mithra æquè ut Taurus auctor productorque rerum est, et generationis dominus, (page 265.) Ailleurs Porphyre ajoute: Les Egyptiens ont feint que Mithra ou le soleil étoit voleur de boeufs, pour signifier son influence secrète sur la génération. Par la même raison le taureau a été le symbole de la lune parce qu'on lui attribuoit de présider à la génération. Ideò Mithram boum furem finxerunt, quod clanculùm generationem significet..... Taurus est symbolum lunæ quæ generationi præsides. Id.

Il y a bien loin de ces fictions à un systême complet dereligion, et à une ressemblance totale entre toutes les religions des peuples civilisés, comme M. Dupuis prétend l'établir. Apollodore, grammairien d'Athènes, nous a donné la Théogonie des Grecs, ou l'histoire de la génération de tous les dieux que la Grèce a reconnus. Je défie bien M. Dupuis de nous donner celle des Egyptiens, ou de prouver la ressemblance des dieux de l'Egypte avec ceux de la Grèce. Kneph étoit le dieu de la Haute-Egypte; le dieu Phthas étoit la divinité tutélaire des prêtres et des philosophes, dont ils prétendoient être inspirés, et étoit différent de Mithra. Chaque canton de l'Egypte avoit un animal

qu'il honoroit d'un culte particulier, et qui res sembloit beaucoup aux fétiches des Africains comme le président Desbrosses l'a assez bien démontré dans son Histoire des Fétiches. Que M. Dupuis nous montre, dans sa religion astronomique, le rapport que tous ces dieux, si communs en Egypte, avoient avec les astres et les planettes, et ce qui a introduit dans cette contrée une bigarrure si ridicule, que les Egyptiens étoient devenus un objet de mépris pour toutes les nations, qui devoient, selon son systême, avoir puisé leur religion chez eux.

Je ne vois dans toutes les recherches de M. Dupuis, qu'une affectation impie pour décrier et abolír, s'il étoit en son pouvoir, la religion chrétienne. Il veut enlever à la sainte Vierge, sa maternité divine, et à Jésus-Christ, sa divinité pour cet effet, il les compare l'une et l'autre à Isis et à Horus, et leur donne, sous cet aspect, une place distinguée dans la gravure qui sert de frontispice à son Histoire.

Mais si le personnage appellé Isis, n'est pas luimême très-connu; si Apollodore, (pag. 62) dit que les Egyptiens donnoient ce nom à Cérès; si Macrobe prétend que les Egyptiens entendoient par Isis, la terre ou la nature soumise au soleil, (Saturn. liv. I. cap. XXI. ) si Athenagore soutient qu'Isis est la nature, dont toutes choses proviennent, et par laquelle elles subsistent, (In Supplic. pro Christianis, pag. 24, éd. de Paris. ) si Plutar que enseigne qu'Isis et la lune, mère du monde, laquelle les Egyptiens donnoient les deux sexes, pour faire entendre que, fécondée par le soleil, elle répandoit dans l'air les principes de la géné ration, (de Iside, pag. 368.) si enfin, plusieurs lui donnent un nombre infini de noms, parce qu'elle se change en toutes sortes de formes, (Plutarque, de Iside, pag. 372.) ne s'en suivra-t-il pas que ce personnage allégorique, ne peut, en aucune sorte, convenir à la sainte Vierge Marie, mère

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