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pièges qu'ils tendent aux foibles et aux ignorana Comme ils ont désarmé les nobles, afin qu'ils n'eus sent rien à craindre de leur part, ils ont dépouillé les évêques, afin que la faim, la détresse, la misère les fissent apostasier, et qu'ils ne pûssent soudoyer les défenseurs de leur cause, ni secourir les mi nistres pauvres qui meurent en héros, victimes de leur zèle. C'est par d'horribles sermens qu'ils ont peuplé leurs loges impies; c'est par des sermens qu'ils veulent dépeupler l'église de Jésus-Christ et s'enrichir de ses dépouilles. Ceux qui leur résistent, sont l'objet de leur haine et de leur per sécution: ceux qui se laissent pervertir par leurs suggestions, deviennent parjures et apostats,et un objet de mépris pour ceux mêmes qui les ont pervertis. c

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Ce ne sont donc pas des abus qu'ils veulent détruire; c'est la religion entière qu'ils veulent abolir; et ils employent pour cela, tous les moyens dont les hérétiques ont fait usage. Il semble même qu'ils veuillent copier, trait pour trait, la conduite de Julien l'apostat, en affectant de ne pas faire de martyrs, mais en employant la persécution la plus adroite et la plus perfide pour détruire le culte de la religion chrétienne, et ceux qui en sont les ministres. Ils rendent aux hérétiques les biens qui leur ont appartenus, et ils enlèvent à l'église, ceux qu'elle possède; ils font refluer sur les schismatiques, les traitemens dûs aux pasteurs légitimes; ils promettent le libre exercice de tous les cultes, excepté du culte catholique. Il semble même que l'on n'a décrété la liberté des opinions religieuses, qu'afin que les sectaires one pussent être appellés du nom ignominieux qui les distingue, et pour rendre infames tous ceux qui professent la religion catholique. Toutes les violences qu'on leur fait endurer, sont excusables aux yeux des Jacobins ; leur résistance, quelque juste qu'elle paroisse, est un crime que l'on poursuit veo la dernière sévérité. Ainsi les catholiques s

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et les seuls catholiques sont persécutés. Comme du tems de Julien, on a défendu aux prêtres fonc tionnaires publics, d'enseigner publiquement, s'ils refusoient d'abjurer par un serment, la religion catholique. Comme du tems. de cet apostat, on attribue indifféremment aux pauvres de toutes les sectes, les revenus donnés aux catholiques. Julien fit adorer son image en la faisant placer entre celles de Jupiter, de Mars et des autres divinités payennes. Les portraits de Voltaire, de Jean-Jacques, de Mirabeau ont été placés de même au Champ-deMars sur l'autel de la patrie, et on a dit la messe sur cet autel. Le temple destiné au Dieu toutpuisssant, est devenu un pantheon françois; et à la place de l'inscription du Très-Haut, on a substitué celle-ci : Aux grands hommes, la patrie res

connoissante.

Julien fit ôter de Césarée la statue qui repré sentoit Jésus-Christ guérissant la Cananéenne, et y fit mettre la sienne. Aux sculptures qui réprésentoient dans le temple de Sainte-Geneviève les plus beaux traits de l'ancien et du nouveau testament, on va substituer des allégories tirées de la fable. A Emèse en Syrie, on achevoit de bâtir une église en l'honneur de Dieu; Julien la dédia à Bacchus, et y plaça son idole c'est ici la même chose. Julien fit fermer plusieurs fois les églises d'Antioche; on en enleva les vases sacrés, on fit des ordures sur les autels, on chassa les prêtres. Paris a vû renouveller ces horreurs. Dès-que les églises devinrent des lieux d'assemblée, on y fit toutes sortes d'ordures et d'indécences. Julien cherchoit à disperser les solitaires, faisoit fouetter les vierges qui ne se conformoient pas à ses vues; combien ne sont pas mortes, en France, de victimes des outrages qu'elles avoient reçus?

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Ce n'est pas avec Julien seul que nos Jacobins et nos francs-maçons ont des ressemblances; ils en ont avec les hérétiques les plus cruels; on n'a rien fait pendant la révolte des Anabaptistes qui

n'ait été surpassé en France dans le Comtat, Avignon, dans nos colonies. On ne peut y pensér sans frémir d'horreur.

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Comment la philosophie, qui déclame depuis quarante ans contre l'inquisition, a-t-elle pu établir le comité des recherches, et approuver mille violences infiniment plus révoltantes que tout ce que l'on reproche à l'Espagne ?

CHAPITRE VI.

Des frères illuminés de la Rose-Croix.

IL se forma au commencement du siècle dernier,

une secte d'illuminés, dont l'origine fut long-tems un mystère. Plusieurs auteurs écrivirent contre eux, sans nous apprendre la manière dont ils s'étoient réunis en société, ni de qui ils avoient emprunté leurs principes. Ils firent eux-mêmes un mystère du nom de leur fondateur, et prétendirent qu'il s'appelloit frère illuminé de la Rose Croix : qu'il avoit d'abord appris le grec et le latin dans un monastère, qu'ils ne nommoient point; qu'il s'étoit ensuite associé pendant cinq ans à des magiciens; qu'après cela, il avoit voyagé en Turquie, qu'il s'étoit arrêté à Damcar, ville de l'Arabie, il avoit appris, dans un monastère, à connoître la nature. Ils ajoutoient, pour le rendre plus recommandable, que les moines d'Arabie lui avoient dit qu'ils l'avoient long-temps attendu, comme celui qui devoit être l'auteur d'une réformation générale dans l'univers, et lui révélèrent beaucoup de secrets; qu'il vit à Fez les cabalistes, dont il apprit la science de la cabale: qu'enfin, Dieu retira à lui son esprit l'an 1484, après avoir vécu 106 ans. Ils mettoient conséquemment sa naissance l'an 1378.

Cependant cet illuminé qui devoit réformer le genre-humain, ne fit rien de remarquable de son vivant son corps resta dans la grotte où il étoit mort, et ne fut connu que 120 ans après; c'està-dire l'an 1704 que sa grotte fut ouverte et que les frères de la Rose-Croix trouvèrent dans sa main droite un livre qui renfermoit les statuts de la congrégation qui se forma dès-lors, par la réunion de quatre frères, auxquels se joignirent bientôt après quatre autres frères tous vierges, qui prirent le nom de frères illuminés de la Rose-Croix, qu'avoit porté leur chef.

Voilà, d'après Naudé, auteur Parisien, qui a écrit sur l'histoire des frères de la Rose-Croix, ce que les illuminés disoient de leur origine.

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Le père Garasse, jésuite, qui vivoit dans le même tems, c'est-à-dire l'an 1623, les appelle frères de la Croix de Roses, et dit dans sa doctrine curieuse, liv. VIII. sect. X. qu'ils étoient de pauvres gueux; que cependant, selon le père Robert, autre jésuite, et Goclenius, ils avoient des livres secrets à leur usage, semblables en cela à tous les hérétiques, et à tous les fanatiques, qui ont toujours eû une doctrine cachée, et des livres secrets pour la renfermer, qu'ils ne communiquoient qu'à leurs confidens les plus intimes.

M. Boucher, dans sa couronne mystique, appelle les illuminés, Rose-Crucéens, ou frères de la RoseCroix ; c'est aussi le nom que leur donne Naudé, qui étoit un homme très-instruit, et qui devoit les connoître, quoiqu'ils eussent pris naissance en Alle magne, et que leur chef fut un Allemand; nous leur conserverons cette dénomination.

Les premiers ouvrages par lesquels ils se sont fait connoître, sont de l'année 1615, chez Jean Bringern à Francfort, et sont intitulés: Manifeste et confession de for des frères de la Rose-Croix. Mais les livres les plus recommandables de leur biblioteque, étoient au nombre de quatre. Le premier s'appelloit Fama, le second Axiomata, le troi

siéme

siéme Proteus; le quatrieme Roche, et les docteurs dont ils adoptoient les maximes, étoient Paracelse, Machiavel et Pompónace.

Quoique les frères illuminés de la Rose-Croix, aient fait tout ce qui étoit en eux pour rendre leur origine merveilleuse, et se distinguer des sectes qui divisoient l'Allemagne au commencement du siègle dernier; cependant on n'a pas de peine, en exminant leurs principes, à reconnoître qu'ils ont tous

une source commune.

Si les frères Rose-Croix du grade de la franc-maçonnerie, que nous avons examiné dans le chapitre précédent, diffèrent des frères illuminés de la RoseCroix, ce n'est que parce que ceux-ci joignent aux principes religieux, des moyens particuliers d'accréditer leurs maximes. Il paroît que dans l'origine, ils ont tous été sociniens, anabaptistes et ennemis jurés de l'église romaine. Ils se sont tous proposé d'établir une religion, de renouveller le gouvernement de l'univers, d'interprêter l'Ecriture-Sainte d'une manière analogue à leurs systêmes. Le renouvellement que projetoient les illuminés, consistoit (dit l'éditeur de la Lettre de Roger Bacon sur la nature et la puissance de l'air) en trois choses, en l'unité de religion, en l'abondance de tous les biens, enfin dans l'union des sciences et des vertus, pour rappeller l'homme à sa première origne, à la justice originelle.

L'unité de religion doit s'entendre de la religion universelle que les francs-maçons veulent établir sur la terre, et qui est prêchée dans toutes les contrées de l'Europe par les apôtres de la propagande, qui ont été si favorisés par l'Assemblée nationale de France dans leurs courses apos-. toliques.

L'abondance de tous les biens que promettoient ces nouveaux apôtres, étoient l'égalité, la liberté, l'exemption des impôts et des charges publiques, l'abondance des fruits de la terre et tous les plaisirs que l'homme sensuel peut se procy

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