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des passions les plus honteuses, des livres de piété, où le poison de l'erreur étoit caché avec art étoient répandus avec profusion dans toutes les provinces du royaume.

Mais lorsque le jansénisme paroissoit se répandre avec le plus de rapidité, une autre secte non moins ennemie de la religion chrétienne, la franc-maçonnerie, vint s'établir à Paris en 1730. La police en poursuivit d'abord les membres sans trop en connoître les principes, puis elle les laissa former leurs assemblées maçonniques, qui ne tardèrent pas à être fréquentées par la jeunesse avide de nouveautés. L'homme qui cherche à s'amuser, y rencontra des plaisirs qui fixèrent ses goûts; on cessa de craindre la police dès qu'on eut pour associés et pour frères, des hommes de toutes les conditions, des militaires et des magistrats, des hommes de naissance et de riches commerçans, capables de procurer au besoin une puissante protection.

Oui, l'établissement de la franc-maçonnerie dans Paris, est l'époque de la guerre que les jansénistes, les philosophes, les impies, les magistrats ont déclarée à la religion catholique. Tous les partis se réunirent alors, et n'ont cessé depuis, de travailler à l'anéantir en France. Les anglois en donnèrent une preuve publique en 1764 dans les Considérations qu'ils firent imprimer à Londres sur les Loix Pénales qui furent publiées contre les catholiques romains.

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« La génération qui nous remplace (disent-ils), » ne connoit d'autres principes que ceux qu'elle » puise dans les écrits de Voltaire, de Rousseau » de d'Argens ou du Philosophe de Sans Souci, aux» quels on peut ajouter, sans doute, un long ca» talogue d'écrivains sortis de notre isle. En France » de graves magistrats, les parlemens eux-mêmes, » font retentir à l'envi, les éloges de Julien l'a» postat et de Dioclétien ; les géomêtres calculent, et ils prétendent avoir fixé l'époque où la reli

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gion doit être totalement anéantie. Le glaive » trop efficace du ridicule est employé, non-seu»lement contre l'église catholique, mais pour » rendre méprisable, et la révélation de Moyse et » l'évangile de Jesus-Christ. Mais si la religion catholique romaine dépérit visiblement en France malgré la protection du souverain qui l'aime, malgré le zèle de la famille royale qui la pratique; si cette religion se trouve presque sans » défense, dans un royaume où un clergé nom»breux et opulent tient le premier rang; dans un » royaume où elle est en quelque sorte identifiée » avec les loix de la monarchie, avec la forme du » gouvernement, doit-on craindre qu'elle fasse des progrès trop rapides en Angleterre, où elle ne » trouvera jamais de semblables appuis?

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En effet dès 1750 on s'apperçut des mauvais effets que produisoit la coalition des philosophes, pour insérer dans le Dictionnaire des Arts et des Sciences, tous leurs sentimens erronnés.

Le jansénisme fit à sa manière la guerre à l'église, et les magistrats favorisèrent toutes ses entreprises. La liberté des fonctions du saint ministère fut violée, la profanation des sacremens fut autorisée, le Saint des saints fut arraché par violence du fond des tabernacles, les ministres fideles, furent ensevelis dans l'obscurité des cachots, les pasteurs furent dispersés, proscrits, expatriés; les tribunaux séculiers étendirent leur autorité sur toutes les parties de la jurisdiction ecclésiastique, et il en naquit une foule d'abus. Rien n'arrêta plus la licence des mauvais livres, ni le progrès de l'erreur. On accordoit toute espèce de protection aux ennemis de l'église, et on ne daignoit pas même répondre aux remontrances des évêques.

Une Société de savans parut devoir gêner le succès de l'impiété, sa ruine fut résolue, Les ministres de l'état, les parlemens, les philosophes les jansénistes, se réunirent pour dessécher jusqu'a

la racine, cette Société redoutable à l'erreur. D'Alembert fit le fameux Compte rendu, Voltaire ne s'oublia pas, l'avocat-général Joly de Fleury, le sieur Ripert, M. Caradeuc multiplièrent les Réquisitoires. Enfin, malgré la défense des évêques, les jésuites furent proscrits et chassés de tous les lieux.

Depuis cette mémorable destruction, on n'a cessé de combattre contre la puissance épiscopale, contre l'autorité du pape. Les calomnies, les imputations scandaleuses, ont été inventées pour faire tomber l'épiscopat dans le mépris,

La franc-maçonnerie, prenoit pendant ce temslà, des accroissemens sensibles dans la capitale et dans les provinces, sous la protection que lui accordoit un prince de la famille des Bourbons, qu'elle avoit choisi pour chef, pour n'être ni surveillée ni contredit. On prêcha par-tout la tolérance, on l'obtint, et on en profita pour attaquer et renverser tout systême de Révélation; car il auroit été impossible d'établir le règne de l'erreur, tant qu'on auroit laissé subsister la vérité.

On suivit donc le plan de Socin; et on ne se proposa rien moins, que d'arracher jusqu'aux fondemens de l'église catholique, et de la religion chrétienne, dont le plan divinement conçu, n'a pu être exécuté que par un Dieu. Cet ouvrage dont le dogme est si sublime, la morale si pure, les institutions si saintes; dont les fondemens sont si solides, les parties si bien liées, l'ensemble si parfait, fit long-tems le désespoir de la philosophie. Cependant dans l'orgueil de leurs conceptions, les prétendus esprits forts, crurent pouvoir réussir, à renverser ce beau monument de l'amour d'un Dieu pour les hommes, et à élever de ses débris, unautre ouvrage, qui n'ayant plus aucun caractère de divinité, seroit plus digne d'eux, parce qu'il n'auroit plus aucun rapport avec le Ciel, vers lequel ils n'ont pas le courage d'élever leurs regards, ni de porter leurs espérances.

Une entreprise de cette nature étoit plus folle

et plus audacieuse que celle des Titans contre le ciel; elle étoit au-dessus des forces réunies de tous les assaillans; et à plus forte raison, au-dessus des efforts de chacun en particulier. Cependant la tâche fut assignée à chacun des écrivains impies qui voulurent entrer en lice. Les Encyclopédistes glissèrent le poison de l'erreur dans tous les articles de leur ouvrage, qui avoient quelque rapport à la religion; et se répandant chaque jour dans les cafés de la capitale, ils familiarisoient leurs auditeurs aux blasphemes que vomissoient leurs bouches impies. Les livres les plus fanatiques et les plus abominables étoient loués avec emphase, la lecture en étoit conseillée à la jeunesse, qui après les avoir dévorés avec avidité, les prônoit avec chaleur, et en suivoit avec fidélité la morale. Les malheureux effets de cette lecture funeste se firent bientôt sentir dans toutes les parties de la société. Le lien conjugal ne fut plus respecté, l'autorité paternelle fut méprisée, la licence des mœurs augmenta prodigieusement, et avec elle, l'irréligion la plus caractérisée.

On renouvella contre les mystères de la religion chrétienne, toutes les objections que Bayle et Socin avoient empruntées des anciens hérétiques; chaque petit-maître se fit un jeu et un plaisir de les reproduire à tems et à contre-tems.

Les protestans parurent moins odieux, on affecta de plaindre leur sort et de condamner la sévérité dont on avoit usé envers eux. Chacun voulut être libre de fréquenter les sacremens de l'église, de la manière dont il le jugeroit à-propos. Les profanations se multiplièrent, et on finit par négliger absolument les moyens de salut dont l'usage étoit encore une contrainte dont on voulut se dégager.

La philosophie rugissoit contre les livres saints, sans pouvoir enlever à l'église ce dépôt sacré, qui porte sur toutes ses faces le sceau de la divinité. L'impie Boulanger osa falsifier l'Histoire de l'An

cien et du Nouveau-Testament; il nous donna des romans fabuleux, au lieu de l'histoire véritable. Voltaire médita long-tems son commentaire de la Genèse, qui n'est qu'un tissu d'extravagances et de faussetés, comme son explication du Cantique des Cantiques, est la production du cœur le plus corrompu. Il abusa de la poésie, qui doit être un langage divin, pour tracer les tableaux de l'impiété, et embellir les vices les plus honteux.

Un autre philosophe, en apparence moins méchant, n'a pas été moins dangereux par la peinture de ses amours, dans les Lettres à Héloïse, et la description de ses erreurs présentées avec tous les charmes du langage. Rousseau reconnut un Dieu; mais jamais il ne put faire fléchir l'orgueil de son esprit, jusqu'à admettre la certitude des miracles divins, qui ont confirmé la vérité de la doctrine que JÉSUS-CHRIST est venu du haut du Ciel annoncer aux hommes.

L'académicien Fréret a cherché à mettre en défaut la chronologie sacrée, afin que brouillant les époques, il empêchât de constater la certitude des prophéties.

Helvétius s'est efforcé de nous peindre le bonheur de la terre avec des couleurs si vives, qu'il nous fait oublier les joies du Ciel.

Enfin, on n'a rien omis pour découvrir dans la géographie, dans le langage de l'Ecriture Sainte, dans les faits historiques, quelque trait qui affoiblit le respect que les Chrétiens conservent pour les livres sacrés, ou qui altérât le caractère de divinité qu'une main invisible leur a imprimé.

Qu'est-il résulté d'un travail en apparence, si bien concerté? Rien autre chose, sinon que les philosophes ont mis en évidence leur acharnement contre la religion chrétienne et l'impuissance de leurs efforts. Toutes leurs recherches n'ont servi qu'à les convaincré que tout étoit vrai dans les livres sacrés, et qu'il étoit impossible d'y découvrir aucune fausseté; mais leur orgueil ne leur

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