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permettant pas de s'avouer vaincus, ils ont essayé d'ôter à la morale chrétienne, ce qu'elle a de divin; ils ont invoqué à leur secours, tout ce que l'antiquité a produit de meilleur en ce genre. La doctrine de JÉSUS-CHRIST a été mise en parallèle avec celle des Grecs et des Romains, avec celle des Perses et des Indiens, avec celle des Chinois et des Druïdes: par-tout sa supériorité s'est soutenue, soit qu'on l'ait comparée avec les livres moraux de chaque peuple, soit qu'on les lui ait opposés tous ensemble. Confucius, Zoroaste, Zaleucus, Solon, Lycurgue, Socrate, Platon, Caton, Cicéron, Seneque, Epictete, n'ont pu enlever à JÉSUS-CHRIST la divinité de ses préceptes, ni cette sagesse sublime qui se fait remarquer dans l'art inimitable avec lequel il sait en persuader la pratique.

Que restoit-il encore à faire aux Diderot, aux Dalembert, aux Voltaire, aux Condorcet, aux La Lande, aux La Harpe, pour manifester toute la haine qu'ils avoient conçue contre la Religion? C'étoit de faire tomber dans le mépris, les ministres d'une religion dont ils ne pouvoient démontrer la fausseté. Ils ne s'en sont que trop bien acquittés: il n'est point d'injures qu'ils n'aient vomies contr'eux, point de calomnies qu'ils ne leur aient imputées, point de persécutions qu'ils ne leur aient fait endurer,

C'étoit dans les loges de la franc-maçonnerie, c'étoit dans ces sociétés secrètes et nocturnes, que la philosophie se remettoit de ses défaites, qu'elle regagnoit dans les ténèbres, le crédit qu'elle avoit perdu au grand jour. C'étoit dans ces souterreins obscurs, que les enfans de la mollesse et de l'impiété forgeoient les traits qu'ils vouloient lancer contre le Ciel et ses ministres.

Tout ce que nous avons vu exécuter par les clubs qui se sont formés en France, avoit été préparé de longue main dans les loges maçonniques. Depuis plusieurs années on y déclamoit contre les

richesses du clergé, et on s'y occupoit des moyens de l'en dépouiller. Enfin, le moment est arrivé où tous les clubs ont forcé de toutes parts les corps administratifs à vendre et à s'approprier ces biens sacrés. Les propriétaires ont été chassés ignominieusement; on les a poursuivis comme des criminels; on les a forcés de s'expatrier, pour chercher un asile chez des étrangers. Le culte publio a été interrompu, les temples ont été couverts de deuil, les fidèles en ont été éloignés par les trai temens les plus humilians et les plus indignes.

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Tous les ennemis de la religion chrétienne s'en sont réjouis: les francs-maçons et les philosophes les protestans et les jansénistes, les athées et les impies ont paru triompher, Pour insulter les catholiques d'une manière plus outrageante, ils ont enlevé jusqu'aux symboles de leur religion et de leur piété, pour mettre à leur place, l'étendard de l'athéisme. Mais ces ennemis de Dieu et des hommes, n'ont réussi qu'à donner un plus grand jour aux vertus des ministres qu'ils vouloient avilir, et à rehausser leur gloire. Ceux qu'ils ont mis à leur place ont produit l'effet des ombres dans un tableau, ils ont fait connoître qu'il étoit plus aisé de remplacer des ministres vertueux, que de les égaler, ou de les surpasser en mérite et en talens,

Des hommes moins orgueilleux et moins acharnés, se seroient désisté d'une entreprise téméraire, et auroient reconnu que la foiblesse de l'homme ne peut rien contre la force de Dieu. II n'en est point arrivé ainsi, nos philosophes se sont évanouis dans leurs pensées. Au lieu de reconnoître la folie de leur entreprise, ils se sont persuadés qu'ils étoient sages, et faits pour donner le ton à leur siècle par leurs lumières. Au lieu de s'élever par les créatures à la connoissance du vrai Dieu, et d'adorer ses mystères dans la révélation qu'il en a faite, ils ont voulu, les insensés! renfermer la Divinité incréée et invisible "

dans des créatures visibles. Ils ont voulu effacer jusqu'au nom de Dieu, afin qu'il n'y eut rien de sacré auquel ils n'eussent osé attenter.

La franc-maçonnerie a offert ses temples et ses autels, pour faire l'essai de cette irréligion philosophique. C'est là qu'on a préparé les mystères d'une religion symbolique; qu'on a initié des François qui avoient déjà renoncé dans leur cœur à la religion de leurs pères; qu'on les a accoutumés à mêler les symboles de la religion judaïque avec ceux de la religion chrétienne; qu'on leur a fait entendre qu'il n'y a que des symboles dans toutes les religions, qu'il en est ainsi dans toute la nature qu'on les a conduit, pas à pas, et comme par dégrés à travers les ombres et les ténèbres jusqu'à admettre que tout est figure dans le langage le plus clair et le plus expressif du dogme et de la morale évangélique.

Parvenus à ce point, on leur a proposé une religion sociale, politique et nationale, qui recevra son organisation des chefs de la société; parce que dans leurs mains doit résider l'autorité sacrée nécessaire pour régler le culte religieux, comme pour établir des loix civiles. Ce plan a été offert accompagné de toutes les idées de paix, d'union, de fraternité, d'égalité qui pouvoient en imposer à un peuple simple, facile à tromper. Sous le prétexte de l'affranchir du joug des prêtres, on l'a rendu profanateur, sacrilège, schismatique, rebelle à l'autorité que Jésus-Christ a déposée dans les mains des pontifes de son église.

Pour avoir l'air de ne rappeller les citoyens qu'à la religion primitive, à la religion universelle de tous les peuples, nos philosophes ont élevé fort haut les premiers essais de monsieur Dupuis sur l'Institution du zodiaque et sur ses rapports avec les dieux du paganisme. La découverte de cet académicien a paru neuve ; et les philosophes, qui n'avoient rien trouvé sur ce globe qui fût capable d'a

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néantir la religion de Jésus-Christ, ont saisi avec ardeur le nouveau systême qui leur offroit des moyens de renouveller leurs attaques.

Ön leur montrera envain que ce systême a été connu des anciens philosophes, qu'ils y ont eu recours pour expliquer la théogonie payenne, et lui ôter ce qu'elle avoit de révoltant pour les ames honnêtes et les bonnes moeurs. Nos philosophes modernes, ne changeront pas pour cela de systême. Bien éloignés d'imiter cet amour de la vérité, qui faisoit voyager les philosophes payens pour la découvrir, ils la méconnoissent quand elle se présente à eux, et l'enveloppent des ténèbres de l'er reur, de peur que la lumière de son flambeau, en éclairant les mortels, ne leur fasse appercevoir la profondeur de l'abyme où ils sont plongés.

Ce n'étoit pas ainsi qu'en agissoient les philosophes de l'antiquité; s'ils avoient recours aux allégories, c'étoit pour renverser l'empire de l'idolatrie, pour établir la croyance d'un Dieu. Nos savans au contraire semblent faire aboutir toutes leurs découvertes à l'abolition de la religion du vrai Dieu, pour nous replonger dans toutes les absur dités payennes.

Quelqu'excusables que fussent les philosophes anciens, en imaginant que le polythéisme poëtique et populaire, que la généalogie des dieux, leurs familles, leurs domaines, leurs guerres, leurs aventures, n'étoient autre chose que la nature entière personnifiée et mise en action: cependant les saints pères et les docteurs de l'Eglise, ne crurent pas devoir laisser ce systême s'établir, parce qu'il étoit contraire à la vérité, et que la physique et la mo rale n'y avoient rien gagné, comme ils le démontrèrent aux peuples payens. Qu'auroient-ils dit, s'ils avoient vu au sein du Christianisme, de prétendus philosophes, former l'audacieuse entreprise de renverser la religion de Jésus-Christ, pour mettre à sa place, je ne dirai pas seulement une religion fausse et superstitieuse, mais pour y substituer l'ir

réligion, le pur matérialisme, afin que l'homme ne rendant plus aucun culte à la divinité, finît par en oublier jusqu'au nom.

On s'apperçoit, en lisant le Phédon de Platon, que ce philosophe, qui avoit des idées si sublimes de la Divinité, étoit bien éloigné d'être devenu athée, en devenant savant; et que ni lui, ni Pythagore n'avoient point appris en Egypte, l'histoire de la mythologie payenne, ou celle de la religion astronomique, dont on veut que l'Egypte ait été le berceau. Il est même plus que problable, qu'à cette époque, on ne l'y connoissoit pas; quoique M. Dupuis et M. de Lalande, grands astronomes de Paris, veuillent en faire honneur aux Egyptiens.

Si la raison que ces Messieurs en donnent avoit quelque fondement, elle n'auroit pû échapper aux philosophes grecs, aux prêtres d'Egypte, aux pères de l'église, qui avoient beaucoup étudié l'histoire des dieux païens, et qui n'auroient pas manqué de faire part au public du fruit de leurs recherches, pour détacher les idolâtres du culte de leurs idoles, et instruire les chrétiens sur le véritable objet de l'invention des fables du paganisme.

L'enthousiasme du sieur Dupuis sur l'astronomie, la lui fait regarder comme la première école de religion qui se soit établie sur la terre. Selon lui, les premiers dieux des mortels ont été le soleil et les astres.

Nous pourrions d'abord lui opposer le sentiment de l'auteur du livre de la Sagesse, dont le témoignage est au moins aussi concluant que celui de quelque philosophe ancien que ce soit : Or cet auteur nous apprend (ch. 14.) « Que les idoles n'ont pas tou»jours existé dans le monde, et qu'elles n'y subsis»teront pas toujours; que leur invention doit son

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origine à l'absence d'un objet aimé, dont on vou» lut se rappeller l'idée; que ce qui n'avoit été » imaginé que pour soulager la douleur, ou suppléer la présence d'un objet chéri dont on étoit » séparé, devint ensuite un objet d'adoration, et

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