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destinées humaines! souverains, ministres, grands seigneurs, qu'attendez-vous pour agir! voyez combien votre inaction est devenue funeste. Une rivalité mal entendue, d'anciens ressentimens, des projets ambitieux vous ont peut-être asservis jusqu'au point de vous rendre spectateurs oisifs des horreurs dont la France est, depuis trois ans le théâtre et la victime. Mais tremblez pour vous mêmes! le glaive est suspendu sur vos têtes. Les assassins vous environnent; vos cours, vos villes et vos campagnes ne seront pas inaccessibles à la contagion. Déjà elle fait des progrès effrayans, qui croissent en raison de votre imprudente foiblesse. Que gagnerez-vous à ce que la France se transforme en un désert, ou en un repaire de bêtes féroces? A quoi serviront à la maison d'Autriche, l'anéantissement de son alliée, qui malheureusement ne fut que trop long-tems sa rivale? à la Prusse, la disparition d'un contre-poid puissant dans la balance politique? à l'Espagne, la dévastation de ses frontières extérieures dans les deux mondes? à l'Angleterre même l'accroissement exclusif de son commerce si le terme de ces prospérités meurtrières doit être l'insurrection de leurs peuples, la subversion de leur puissance et le renversement de leurs trônes.

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Ah! ne perdez pas un instant, venez tous au secours de l'humanité éplorée ; votre intérêt le veut, votre gloire le commande, votre sensibilité vous en sollicite. Considérez la France baissant sa tête humiliée, vous tendant les bras, et vous présentant son Roi, sa Reine, sa famille royale les ministres de ses autels ses nobles ses magistrats; tous ses propriétaires, ses femmes, ses enfans; tous vous crient avec l'accent de la douleur: Secourez-nous! La Religion, les mœurs couvertes d'un crêpe funèbre, vous conjurent de ne pas repousser la pitié. La France ne peut pas les perdre, sans que vous ne le perdiez à votre tour, et la boîte de Pandore s'ouvrira pour vous, comme elle s'est ouverte pour elle.

Si l'Europe périt, l'Histoire des autres peuples dira: Cette vaste et belle contrée, est devenue barbare par la faute et l'inertie des souverains qui régnoient vers la fin du dix-huitième siècle; ils pouvoient la sauver; ils s'y sont refusés.

Si au contraire, l'Europe conserve sa splendeur, si la Religion catholique éclaire encore ses peuples si des mœurs douces et bienfaisantes continuent à l'embellir, si les arts et les sciences y brillent encore de leur éclat, l'Histoire qui transmet les grandes renommées dira: L'Europe dût son salut à François, à Catherine, à Fréderic, à Charles, à Ferdinand, à Victor-Amédée; elle le dût aussi à la magnanimité de Gustave. Impatient d'agir dans une cause, qu'il regardoit depuis long tems comme celle de l'univers, il succomba sous un fer régicide, et sa grande ame la servit encore après lui. Le 1 mai 1792.

FIN.

CONJURATION

CONTRE

LA RELIGION CATHOLIQUE,

ET LES SOUVERAINS.

CHAPITRE PREMIER.

La Religion Catholique en but à tous les partis.

LA

A postérité aura de la peine à croire les excès auxquels la, franc-maçonnerie s'est portée contre les prêtres et les catholiques, dans l'empire françois; le zèle qu'elle a mis à propager par-tout ses maximes, à l'aide de ses clubs, et à soulever un peuple soudoyé contre tous ceux qui résistoient à ses suggestions, ou qui vouloient en découvrir le poison.

Jamais l'erreur n'avoit fait jouer tant de ressorts employé autant de moyens, réuni autant de forces, pour assurer le succès de l'entreprise audacieuse qu'elle avoit conçue. Tout ce que la philosophie offre de lumières et de ressources, tout ce qu'une multitude aveugle a de forces, tout ce qu'un grand peuple égaré peut opposer de résistance, tout ce que peut opérer une politique profonde assurée d'un secret inviolable; en un mot, tout ce que peut l'ambition, l'erreur, le fanatisme avec les trésors d'une grande nation; les francs-maçons l'ont réuni, et l'ont fait servir à l'exécution de leur entreprise. Eh! à quelle entreprise, grand Dieu! au renversement de la religion chrétienne, à l'anéantisse

ment de tout culte divin, à l'abolition de tout symbole, de toute figure qui rappelleroit l'idée des mystères ineffables adorés, professés dans le christianisme. Que ceux qui douteroient encore de cette ligue maçonnique, et qui refuseroient de reconnoître dans les loges et les clubs, le foyer de la persécution inouie que l'église de France éprouve, consultent les monumens historiques; ils leur montreront cet ouvrage d'iniquité auquel les journalistes, les philosophes, les magistrats, les francsmaçons, travaillent depuis plus d'un siècle.

Dès 1687, monsieur Talon, avocat-général du parlement de Paris dans un réquisitoire du 23 Janvier, disoit aux chambres assemblées, que » le jansénisme étoit une faction dangereuse, qui » n'avoit rien oublié pendant trente ans, pour di» minuer l'autorité de toutes les puissances ecclé» siastiques et séculières, qui ne lui étoient pas fa»vorables >>.

Depuis ce tems-là, cette secte n'a point rallenti le zèle fanatique dont elle étoit animée : elle a infecté de ses principes, tous les corps politiques et religieux de l'état : elle a troublé la paix des monastères, dont elle a corrompu la discipline, affoibli la subordination; où elle a porté le relache ment des mœurs et introduit des divisions scanda leuses.

Elle a controuvé des miracles pour appuyer ses erreurs, elle en a imposé aux ames foibles par un air de rigorisme affecté, elle a éludé la rigueur des loix qui mettoient des entraves à son fanatisme; ou elle a su se les rendre favorables, en gagnant à son parti les magistrats qui étoient chargés d'en surveiller l'exécution.

Il n'est point de genres de séduction dont elle n'ait fait usage. Les dépenses les plus étonnantes ne lui coutoient rien, dès qu'il étoit question d'accréditer ou de répandre ses principes. Pendant que des scènes fixoient les regards des impudiques spectateurs, et allumoient dans leurs cœurs le fen

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