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sociétés littéraires ont été multipliées dans les villes, et les écoles dans les campagnes; aujourd'hui que l'univers pense, pour ainsi dire, en commun, et que l'opinion égarée dans un point du globe retentit jusqu'aux pôles, une nation ne peut pas s'emparer de la souveraineté, sans que les autres nations n'aspirent à la même conquête.

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Le fanatisme religieux, qui depuis les Vaudois. avoit servi de prétexte aux agitateurs du peuple, est remplacé aujourd'hui par le fanatisme antireligieux. Le premier, sans doute, a fait commettre bien des excès; mais jusques dans ses égaremens il a encore un frein, celui des remords. Il agit au nom d'un Dieu dont il se forme une idée fausse; mais quelque dépravée que soit cette idée, elle ne peut pas aller jusqu'à dénaturer entiérement la Divinité. Le dernier au contraire, et c'est celui que les prétendus philosophes modernes, et toutes les sectes de francs-maçons et d'illuminés ne cessent de répandre, ne laisse aucune entrave à la scélératesse. Il concentre toute la morale dans l'intérêt personnel et dans les passions satisfaites. Il commande le crime avec le sang-froid du calcul. Faites de l'athéisme la croyance du peuple, et les hommes n'auront incessamment entr'eux d'autre société que celle des antropophages.

Ce seroit donc une bien fausse politique de la part des puissances de l'Europe, que celle qui les rendroit tranquilles spectatrices des désastres de la France. L'Angleterre se souilla dans le sang de son Roi; Cromwel monta sur són trône; les cours restèrent immobiles devant cet exécrable forfait. C'est assez qu'un aussi grand scandale ait été donné une fois à l'Europe. L'indifférence et l'inac tion du dix-septième siècle, ont servi d'encouragement aux attentats du dix-huitiéme.

Il n'est aucun souverain qui ne doive se dire: Le peuple François, ce peuple dont les autres nations imitent depuis long-tems les travers et les modes, a usurpé la souveraineté. Mon peuple

usurpera la mienne. Les François factieux, armés des Droits de l'homme, ont corrompu l'armée de feur Roi; ils ont soulevé les villes et les campagnes; ils ont enlevé à leur patrie sa Religion, ses mœurs ses richesses; et à ceux de leurs compatriotes qui ont voulu se soustraire à leurs fureurs, en se transportant dans une terre étrangère, tous les moyens de subsister; ils ont mis leur Roi dans les fers; ils tiennent lo glaive suspendu sur sa tête; ils ont détruit dans le court espace de trois ans la plus ancienne et la plus florissante monarchie. Leurs succès, leur impunité enhardiront toutes les autres nations; elles auront à leur tour leurs Droits de l'homme; elles se comporteront en souveraines, et la sanglante tragédie que la France représente aujourd'hui, sera bientôt représentée sur toute la surface de l'Europe.

Ce n'est pas seulement ici la cause des Rois et de leurs ministres, c'est encore celle des gens hon nêtes de tous les pays, de toutes les professions des hommes qui tiennent aux principes de la droi ture et de la raison, des amis de l'ordre et de l'hu manité, en un mot de tous ceux qui n'aspirent pas à l'exécrable brevet de brigands et de propagandistes, que les Jacobins donnent si facilement et que les monarchiens leurs pères donneroient au besoin, Si les nations sont souveraines, si elles peuvent se déconstituer et se reconstituer à leur gré, si tous les hommes sont égaux, l'univers n'est plus qu'une vaste arene, et l'état de société n'est plus qu'une chimère, La Religion catholique et même toutes les Religions disparoissent, parce qu'il n'en est aucune qui ne heurte de front ces paradoxes séditieux; toutes les distinctions sociales. monnoie si nécessaire et si utile aux souverains, par conséquent la noblesse héréditaire, les rangs, les dignités sont anéantis; car tout ce qui différencie les hommes entre eux est une contradiction chez des hommes égaux; les grandes propriétés sont un vol, une usurpation du petit nombre sur

le grand nombre; car l'égalité sociale ne peut pas tolérer des riches et des pauvres; elle ne peut accommoder que de la médiocrité qui ne peut être qu'extrême dans le partage égal entre tous les individus. Les riches auroient trop d'avantages pour asservir la multitude; les pauvres auroient trop d'intérêt à provoquer un autre ordre de choses.

Tout doit donc se réunir contre l'épidémie françoise. Souverains, ministres, grands seigneurs, nobles, magistrats, bourgeois, propriétaires, commerçans, cultivateurs, tous de concert et sans perdre de tems doivent s'élever contre cette peste politique. Nos pères animés autrefois par un zèle religieux, respectable dans son principe, mal appliqué dans ses effets, se croisèrent pour enlever aux infidèles les lieux saints qui ont été le berceau du Christianisme. Jamais croisade ne fut à la fois plus nécessaire, plus utile et plus raisonnable que celle qui se dirigeroit contre les forcenés agitateurs de la France, Elle seule peut sauver l'Europe, la préserver d'une entière dévastation, et conserver dans cette belle partie du globe les monumens précieux d'une civilisation, qu'elle n'a obtenu que par l'effort des siècles et les bienfaits de sa Religion,

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Que l'Empire ne dise pas: J'ai ma fédération germanique; l'Autriche et la Prusse; Nous avons notre armée disciplinée ; l'Angleterre ; J'ai ma constitus tion. Que les autres puissances ne se reposent pas sur leurs loix, leurs habitudes morales et politi ques. Toutes ces barrières seroient vaines elles seroient bientôt franchies par le fanatisme de l'irréligion, de la licence et de l'égalité, Déjà le tocsin de la révolte sonné de toutes parts, Des bords de la Néva jusqu'aux Indes Occidentales, couvertes du sang de leurs colons, les Droits insidieux de l'homme sont prêchés; les sociétés patriotiques, les frans-maçons, les illuminés, et par-dessus tout, la cohorte philosophiste, font retentir par tout les mots de liberté et d'égalité. Semblable aux bruits

souterrains qui précèdent les éruptions volcani ques, le retentissement de ces mots fanatiques, porte avec lui des présages sinistres. Le cratère du volcan est prêt à s'entr'ouvrir, et sa lave impure menace de ses vastes effusions toutes les contrées Européennes.

Dans un danger aussi imminent, se hâter d'étouffer le volcan dans son propre foyer, est le devoir pressant de tous les souverains, de tous les ministres, de tout ce qui ne veut pas que les hommes se dévorent entr'eux et rétrogradent vers cet état primitif de la nature brute, que JeanJacques Rousseau envioit, comme on envie le bonheur. Forcer une nation séduite et égarée de redevenir sage et heureuse, en la rappelant à son antique constitution, fondement de la tranquillité dont elle a joui pendant si long-tems, est le plus bel emploi de la puissance ; il est encore le plus utile et le plus salutaire. Car s'il est vrai en morale qu'un bienfait n'est jamais perdu, il n'est pas moins vrai en politique que la révolte impunie d'un grand peuple doit nécessairement devenir aujourd'hui la révolte de tous, et que les grandes sociétés une fois dégradées par tous les vices et les désordres de l'anarchie, expirent dans le crime, et se perdent honteusement dans les ténèbres de la barbarie

P. S. L'attentat qui vient d'être commis sur la personne de S. M. le roi de Suède ouvrira-t-il enfin les yeux de toutes les puissances? qu'attendre d'une génération incendiée par des monstres qui, transformant les crimes en belles actions, opèrent, chaque jour dans la morale, comme dans les empires la révolution la plus terrible et la plus redoutable?

Ce n'est plus seulement en France que les agitateurs du peuple exercent leurs fureurs; ils ont juré la perte de tous les souverains, (*) Il n'est pas

(*) Lisez un ouvrage très intéressant qui vient de paroître sur cette matière intitulé Conjuration contre la Religion et les Souverains, dont le projet fut conçu en France pour s'exé

un trone en Europe qui ne leur fasse envier des victimes. La société des tyrannicides, digne rejetton des jacobins et des monarchiens s'est liée par un serment dont elle a puisé la formule dans les abymes de l'enfer. Ses adeptes ont mêlé leur sang dans une coupe;

ils en ont fait une libation au régicide. Ils se sont enivrés de ce breuvage de Cannibales, et chacun fier de sa mission auprès des différentes cours, attend impatiemment sa patente de héros, et son brevet d'immortalité, de la consommation d'un grand crime.

L'assassin de Gustave s'est vanté d'avoir rendu un grand service à son pays. Tel est le fanatisme. révolutionnaire. Le fer, le feu et le poison Jui servent de moyens; et plus les forfaits auxquels il les employe sont grands, plus ils prennent à ses yeux un caractère sublime.

A quel fil tient cet exécrable complot! Correspond-il avec la propagande françoise! Est-il uniquement concentré dans l'intérieur de la Suède? Ĉes horribles mystères ne sont pas encore dévoilés au public. Mais soit que cet assassin ait été le Séide des Mahomet François, soit qu'il ait été celui des mécontens de Suède, il est évident qu'il appartient à la secte des tyrannicides; que cette secte a par-tout ses lycées, et que ses prosélytes sont nombreux. Semblables au trop célèbre imposteur de la Mecque, nos Mahomet modernes affectent de choisir leurs Séides dans un ordre qui est plus particuliérement destiné à défendre ses Rois et à donner l'exemple de la fidélité.

O vous que la Providence divine a chargés des

cuter dans tout l'univers. Ce Livre, vraiment utile et curieux, achève de démasquer les philosophes, et de confondre toutes les sectes anciennes et modernes ; il est du même auteur à qui l'on doit le Voile-Levé pour les curieux, ou le secret de la Revalution de France, révélé à l'aide de la Franc-Maçonnerie.

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