en aumône aux Tréforier & Chanoines toutes les offrandes, aumônes, & dons cafuels, qui fe font à la Sainte-Chapelle à caufe des Reliques, & que faint Louis s'étoit réservé & à fes fucceffeurs; voulant & ordonnant que les offrandes foient employées pro diftributione vini inter eos facienda, à la charge de célébrer tous les ans un anniverfaire pour le repos de l'ame de Philippe-le-Hardi, & de la Reine Ifabelle fes pere &

mere.

Cette année le Pape Honoré IV, par Bulle du 6 Novembre, Exemption & fur la demande du Roi, exempta les Chanoines & Chape- de Décimes. lains de la Sainte-Chapelle des décimes & de la prestation des décimes, à l'exception de celles qui feroient dans le cas d'être payées pour les Légats à latere ; & par une autre Bulle de la premiere année de fon Pontificat il permit aux Clercs de la Sainte-Chapelle, & aux autres Clercs domeftiques du Roi, de fe faire ordonner par tels Prélats Catholiques qu'ils voudront.

St-Clément.

Preuv.

Au mois de Décembre 1289, le Roi Philippe-le-Bel confirma Fondation de la destination qu'Eudes, Chapelain de Vincennes, avoit fait la Chapelle de de dix liv. parif. de rente qu'il avoit acquis à Villeneuve-le-Roi, pour la fondation d'une Chapelle dans l'Eglife de la Ste-Chapelle, in remedium animarum de St Louis, qui n'étoit pas encore canonifé, & de Philippe-le-Hardi; & en conféquence fonda une Chapellenie dans la baffe Ste-Chapelle, fous l'invocation de faint Clément : ordonnant que le Chapelain qui en feroit pourvu, diroit la Meffe tous les jours, ou du moins quatre fois la femaine. Qu'outre les dix liv. ci-deffus, il jouiroit encore de douze liv. parif. à prendre au Temple. Que ces douze liv. diftribuentur eidem per manum Magiftri Capellani, in horis diurnis & nocturnis quibus pfallendo & cantando in eádem Capella tenebitur intereffe fecundùm quod fubcapellanis in eifdem horis exiftentibus, & ipfis defervientibus confueverunt diftributiones fieri, quibus horis fi non interfuerit, faciet marrantiam, & eam perfolvet ficut dicti fubcapellani dicta

L

Fondation de

Saint-Blaife.

Preuv.

Capelle ab ipfis horis abfentes. Que dans tous les Obits fondés, ou qui le feroient par la fuite, il auroit pareille diftribution que les Sous- Chapelains; enfin qu'il feroit foumis à la correction & punition du Tréforier. En 1550 Michel Durand, Chapelain de cette Chapelle, légua par fon Teftament dix livres de rente, pour augmentation de gros affecté à ce Bénéfice.

Au mois de Septembre 1291, le Roi Philippe-le-Bel approuva la Chapelle de le don de deux cents liv. que Grégoire de Meulan, Tréforier de la Sainte-Chapelle, avoit fait pour acquérir vingt liv. de rente, à recevoir par les mains du Tréforier, pour la fondation d'une Chapellenie ; & en conféquence fonda la Chapelle de Saint-Blaife, dans la baffe Sainte-Chapelle; ordonnant que le Chapelain qui en feroit pourvu feroit réfidence continuelle, & diroit tous les jours; ou du moins quatre fois la semaine, une Meffe pour le repos des ames du Roi Philippele-Hardi, de la Reine Ifabelle, & dudit Grégoire. Que fi le Chapelain, fans empêchement légitime, manquoit à dire la Meffe à fon Autel, le Tréforier la feroit dire aux dépens du Chapelain, ita quod in dicto altari non pereat obfequium dicta Milja. Que ledit Chapelain auroit dix liv. pour fon gros, & que le furplus des vingt liv. dont il dota cette Chapelle feroit employé en distributions des heures de nuit & de jour, quibus pradictus Capellanus in dictâ Capellâ pfallendo & Canendo tenebitur interreffe, quemadmodùm aliis Capellanis in ipsâ defervientibus confueverunt diftributiones fieri; & qu'en cas d'abfence, marrantiam perfolvet Que cette Chapelle jouiroit des mêmes prérogatives. que celle de la Reine Ifabelle, & de Saint Clément. Que dans les Obits qui fe feroient à la Sainte-Chapelle, le Chapelain auroit les mêmes diftributions que les Sous-Chapelains. Enfin qu'il feroit foumis à l'obéiffance & correction du Tréforier. Mariage de de Juin de l'an 1292, l'Empereur Henri de Luxeml'Empereur bourg, VII du nom, époufa Marguerite fille du Duc de Brabant,

Le

nièce de la Reine Marie veuve du Roi Philippe III. La célé- Henri de bration de ce mariage fut faite dans la Sainte-Chapelle, en Luxembourg. présence du Roi, par Simon de Bucy, Evêque de Paris, qui officia pontificalement, & paffa enfuite par-devant Notaires un Acte qu'il figna & fcella de fes armes dans la Chambre des Comptes, qui fe tenoit pour lors dans le Temple, déclarant par ledit Acte à Grégoire de Meulan, Tréforier de la SainteChapelle, que la Bénédection Nuptiale qu'il avoit donnée, & la Meffe pontificale qu'il venoit de célébrer, ne pourroient préjudicier à l'exemption de cette Eglife, ni des perfonnes qui la compofent, la reconnoiffant exempte de fa Jurifdiction.

En 1297, il y avoit plus de vingt ans que l'on follicitoit la Canonifation Canonifation de faint Louis, lorfque Boniface VIII, fur la Re- de St Louis. quête de Philippe - le - Bel, accorda à la Maifon de France ce qu'elle avoit tant à cœur. Grégoire X avoit commis Simon de Brie, Cardinal du titre de Sainte Cécile & Légat en France, pour informer fecrètement des vertus & des miracles du faint Roi; mais il mourut avant que les formalités euffent été obfervées. Innocent V, Adrien V & Jean XXI ne firent que paroître fur la Chaire de faint Pierre, & ne purent rien terminer à ce fujet ; l'affaire fut reprife fous Nicolas III, & le Roi lui envoya trois Ambaffadeurs, favoir, Guillaume de Mâcon, Evêque d'Amiens; Guillaume, Evêque d'Avranches; & Raoul d'Eftrées, Maréchal de France, pour le prier de faire procéder à l'information publique. Le Pape ne trouvant pas la premiere information fuffifante ordonna au même Simon de Brie d'en faire une plus ample, en vertu d'une Commiffion du dernier jour de Novembre de 1278. Le Légat s'en acquitta foigneufement, & le Pape ayant reçu fon information, la donna à examiner aux Cardinaux Gerard de Parme, & Jourdain du Titre de faint Eustache; mais la mort du Pontife interrompit encore cette procédure. Simon devenu Pape, fous le nom de Martin IV voulant procéder avec toute la circonfpection poffible,

nomma de nouveaux Commiffaires, favoir, Guillaume de Flavacourt, Archevêque de Rouen; Guillaume de Grés, Evêque d'Auxerre; & Roland de Parme, Evêque de Spolette. Cette Commiffion eft datée d'Orviète le 23 de Décembre de l'an 1281. Les trois Prélats fe tranfporterent à Paris & à Saint-Denis, & manderent le Sire de Joinville, qu'ils retinrent deux jours, pour apprendre de lui ce qu'il favoit de la vie du faint Roi; ils vérifierent foixante-trois miracles, & reçurent la dépofition & le ferment de plus de trois cents témoins. L'enquête fur la vie & les actions de faint Louis commença le Vendredi 12 Juin 1282, & finit le Samedi 8 Août de la même année; celle qui fut faite fur les miracles commença au mois de Mai de la même année & finit au mois de Mars 1283. Tous les Actes ayant été envoyés en Cour de Rome, on choifit trois Cardinaux pour examiner cette nouvelle enquête; mais le Pape mourut avant qu'ils euffent fait leur rapport. Honorius IV fon fucceffeur fut peu de tems fur le Saint Siége qu'il ne put la difcuter entierement. Les trois Commiffaires nommés par Martin le suivirent de près au tombeau. Nicolas IV, qui fut élu après dix mois de vacance leur fubftitua le Cardinal Benoît Cajetan, l'Evêque de Porto, & l'Evêque d'Oftie, qui étant mort, peu de tems après, fut remplacé par l'Evêque de Sabine. Ils recommencerent un nouvel examen qui fut encore fufpendu par la mort du Pape. Céleftin V, pendant les cinq mois qu'il tint le Souverain Pontificat, ne s'occupa que du foin d'abdiquer pour aller s'enfermer de nouveau dans une folitude qu'il n'avoit quittée qu'à regret. Boniface VIII, qui lui fuccéda ne changea point les Examinateurs, mais il leur fit donner à chacun leur avis par écrit, afin qu'ils opinaffent plus librement; il reprit toutes les informations qui avoient été faites, & les ayant trouvé juridiques, il déclara que, pour l'édification de l'Eglife, la fainteté de Louis ne devoit pas demeurer cachée. Quelques jours après, il prononça à Orviète deux Difcours à la louange du

fi

Saint; l'un dans fon Palais, le mardi avant la Saint-Laurent, c'est-à-dire le 6 d'Août 1297; l'autre le lendemain de la SaintLaurent dans l'Eglife des Freres Mineurs de Viterbe.

La Bulle du 11 Août qui le met dans le Catalogue des Saints eft un Chef-d'œuvre (1). C'eft un précis des vertus & des grandes actions du pieux Monarque. Elle eft adreffée à tous les Prélats du Royaume de France, & porte qu'on célébrera cette Fête le 25 d'Août jour de la mort de faint Louis.

On ne peut exprimer la joie que la publication de cette Bulle caufa dans tout l'Empire François. La cérémonie de l'élévation du Corps de faint Louis fut remise à l'année fuivante, & affignée le jour même de fa mort. Pour cet effet le Roi, par Lettres du 7 Mai 1298, invita tous les Prélats, Archevêques, Evêques, Abbés, Prieurs Conventuels, & Barons de fon Royaume, de fe trouver à SaintDenis pour cette cérémonie, qui fe fit avec une magnificence jufque-là fans exemple. On chanta en Mufique les principales actions du glorieux Confeffeur de Jésus-Christ. Il y eut de fuperbes feftins pour le public, & rien ne fut épargné pour la décoration & la célébrité de la fête. Le Corps ayant été levé de terre & mis dans une Châffe d'argent que le Roi avoit fait faire, fut porté en proceffion à la Sainte-Chapelle, d'abord. par les Archevêques de Reims, & de Lyon, enfuite par plufieurs autres Prélats; il y demeura quelques jours expofé au culte des Fidèles, & après un Panégyrique prononcé en l'honneur du Saint, Philippe-le-Bel, les Princes fes freres & toute

Elévation du

Corps de

St Louis.

(1) Platine & quelques autres ont prétendu que Bonifice VIII avoit Canonifé Louis de Sicile, ou de Marseille, & non Louis IX, Roi de France; mais la propre Bulle de Canonifation fuffit feule pour convaincre d'erreur ceux qui ont avancé cette affertion. On peut voir cette Bulle in Hiftoriâ univerfitatis, tom. III, pag. 150.