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tiques. On fait avec quel empreffement la plu part femblent les rechercher & s'abandonner à eux, lorfqu'ils en ont befoin. » Qu'on pro» mene dans les rues, difoit un médecin, une

figure de bois, par le moyen de certains » refforts, en lui faifant dire caffe, manne, fe » né, &c. je fuis fûr qu'elle trouvera des pra»tiques, principalement fi elle a un peu de » mine car on mefure fur-tout le médecin » & le charlatan à la mine & aux autres gen» tilleffes du corps. C'eft une chose surpre» nante, difoit St. Jérôme, ajoute M. de Mar» que, dont nous avons remarqué le goût » pour l'autorité des peres de l'églife, que les » perfonnes de tout état, même celles du plus » bas métier, foient obligées de l'apprendre » avant de pouvoir l'exercer, & qu'il n'y ait » que la feule profeffion de la médecine qu'il » foit permis de pratiquer fans s'en être inf "truit convenablement. « L'auteur, à cette eccafion, cite la plaifanterie de Roquelaure, qui, pour prouver au roi que rien n'étoit plus commun que les médecins en France & à la cour, s'afflubla la tête d'un bonnet & d'une ferviette, & portant fa main à fa joue, fe placer dans les lieux les plus fréquentés du palais. Tous ceux qui paffoient, croyant qu'il avoit une fluxion, ne manquerent pas de le plaindre & de lui indiquer des remedes dont ils vantoient les effets miraculeux.

alla

Parmi les devoirs du malade, l'auteur n'oublie pas celui de la reconnoiffance, & cela eft naturel. » Elle eft, dit-il, fondée sur l'équité

la plus évidente, fur la loi du tien & du » mien, loi facrée & inviolable qui prescrit auffi » qu'elle foit proportionnée aux facultés du » malade & aux fervices qui lui ont été ren» dus; mais, outre la récompenfe pécuniaire, n ajoute-t-il, la reconnoiffance du malade em »braffe encore ce fentiment noble & géné » reux de la confcience, que confervent des » ames fenfibles qui ont reçu des fervices ou » des bienfaits. « Nous ne nous arrêterons pas fur les confeils que l'auteur donne à ceux qui affiftent, foignent & fervent les malades; ils font fans doute importans. >> J'ai connu, » dit-il, un médecin qui répétoit fouvent : Bon » Dieu, quand ferez-vous ceffer les défordres & » les infidélités des affiftans, afin que nous puif

fions avec quelque affurance rendre la fanté d » nos pauvres malades? Ce médecin étoit le » célebre Bordeu, dont les talens fupérieurs, » le zele ardent pour fon état, ont fait l'ad» miration de tous ceux qui l'ont bien connu. «e

Dans les derniers chapitres de l'ouvrage, où l'auteur préfente les devoirs du médecin envers le malade & les affiftans, il revient encore fur les qualités que doit avoir un médecin, & particuliérement fur les vertus morales qu'il doit réunir, comme la piété, le zele, l'activité, la complaifance, la douceur, l'affa bilité, la modeftie, le défintéreffement. 11 cite à l'occafion de cette derniere vertu, le diftique que l'on fit pour fervir d'épitaphe à Sylvius, médecin célebre & profeffeur de la faculté de Paris.

Sylvius hic fitus eft, gratis qui nihil fecit unquam
Mortuus & gratis quod legis ifta dolet.

I

» Cy gît Sylvius, qui ne fit jamais rien pour rien, & qui maintenant qu'il eft mort, pleure. n de ce que tu lis gratis fon épitaphe. « Ce. que M. de Marque, femble exiger le plus d'un médecin, c'est la prudence. Il confacre plu-. fieurs chapitres pour recommander cette vertu aux jeunes médecins.

Le dernier chapitre n'eft pas le moins curieux; car on y traite affez au long de la fortune & de la réputation du médecin, deux choses qui ne vont pas toujours ensemble. M. de Marque fe fâche contre certains hommes dont l'injustice eft fi marquée, qu'ils refusent même. aux médecins, le mérite des cures qu'ils font, en les rapportant à Dieu, & qu'ils leur imputent tous les mauvais fuccès, laissant à part alors la die vinité.

Ce petit ouvrage, quoique négligé pour le ftyle, contient d'excellentes réflexions & de très-bonnes inftructions fur la maniere dont fe doivent conduire le médecin, le malade & ceux qui le foignent. On doit le considérer comme un recueil d'avis falutaires à la fanté, & de réflexions fouvent amufantes, capables de récréer le malade & les affiftans...

(Journal encyclopédique; Journal de littérature, des fciences & des arts; Journal de Nancy; Gazette falutaire.)

FABLIAUX, ou Contes du XIIe. & du XIIIe. fies cle, traduits ou extraits d'après divers manufcrits du temps, avec des notes hiftoriques & critiques & les imitations qui ont été faites de ces contes depuis leur origine jusqu'à nos jours. 3 vol. In-8vo. Prix, 15 liv. reliés. A Paris, chez Onfroy, . libraire, quai des Auguftins. 1779.

Lorfque

Orfque les feigneurs François eurent anéanti l'autorité royale, pour devenir eux-mêmes des tyrans plus odieux que le fouverain le plus defpotique; lorfque le royaume fe trouva divife en mille gouvernemens particuliers, ennemis de toute fubordination, prefque toujours en guerre les uns contre les autres: alors chaque feigneur ifolé dans fa fortereffe, y paffoit la plus grande partie de fes jours. La cour n'étoit plus le rendez-vous de la noblesse ambitieufe; & la capitale, loin d'être, comme aujourd'hui, le centre des affaires & des plaifirs, offroit à peine l'image d'une de nos villes du fecond ordre. Aucun amufement public ne réuniffoit les citoyens, excepté les fêtes de la chevalerie, qu'on célébroit par intervalles fou vent très-éloignés. Il fallut bien imaginer des plaifirs affortis à ce nouvel ordre de chose. Car, que faire au milieu d'un château, pendant les longues nuits de nos longs hivers? On prit donc le parti de s'amufer, comme les

nourrices & les vieilles femmes amufent les enfans. On inventa des fables; on s'entretint d'anecdotes, où la vérité & le merveilleux fe trouvoient confondus. L'art de raconter des hiftoriettes devint une profeffion; bientôt on vit naî tre des troupes errantes de Conteurs, de Fabliers, de Trovers, de Jongleurs, de Méneftriers, &c, Les Fabliers inventoient des contes, les Trovers les rimoient, les Conteurs les débitoient, les Ménétriers les chantoient, ou les accompagnoient de leurs inftrumens. Les Ménestriers préfidoient à ces efpeces de fcenes lyrico-dramatiques, & les Jongleurs y ajoutoient des farces, des danfes, des pantomimes, des tours de gobelets; &c.

C'est ainsi qu'on nous peint l'art naiffant de la comédie & de la tragédie, dans les ifles de l'Archipel, avant le fiecle de Ménandre, de Sophocle & d'Euripide. On obferve encore de nos jours les mêmes chofes, parmi les nations fauvages qui commencent à fe policer. M. de Bougainville, & le capitaine Cook ont vu, dans les ifles de la Société, des troupes de danfeurs & d'hiftrions qui parcourent les villages pour y amuser un peuple oifif.

M. Forfter en a vu différentes troupes à Taïti & à Uliétéa (*): chez les uns, c'est un métier; chez les autres, un goût d'amateurs. Les premiers font de la derniere claffe du peu

(*) Plufieurs de leurs pieces dramatiques & de leurs danfes font bien décrites & repréfentées, par de très belles eftampes, dans l'abrégé des voyages, en 21 vol. ing Svo. qui doit paroître au premier jour.

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