Page images
PDF
EPUB

Harcourt. Mylord Harcourt les honora d'une pierre fépulchrale, pour laquelle Pope fit une épitaphe (*), qui perpétuera la mémoire de ces amans infortunés.

cune,

De toutes les collections des œuvres de Pope qui ont paru jusqu'ici, il n'en eft aufur laquelle celle-ci ne doive obtenir une jufte préférence : elle eft, fans contredit, la plus complette & la plus correcte, & tout-à-la fois la plus riche & la plus élégante par fon exécution typographique. Les foins & les dépenfes du libraire, à cet égard, mériteroient feuls de faire admettre cet ou vrage dans tous les beaux cabinets de livres, quand même le mérite de Pope ne néceffite roit pas cette acquisition.

(Année littéraire; Journal de littérature, des fciences & des arts; Mercure de France; Journal de Paris; Affiches & annonces de Paris.)

(*) En voici la traduction : » Ci-gissent Jean Howe » & Marie Drew, jeune homme adroit & fille fage » de cette paroiffe, qui, travaillant à la moiffon, avec » plufieurs autres, furent frappés de la foudre, le der» nier jour de juillet 1718. Ne t'imagine pas que la » mort foudaine de deux amans fi fideles foit un ju̸ »gement rigoureux de la providence. Il n'appartieng qu'à des victimes pures d'être confumées par un feu » célefte. Aime la vertu ; & garde-toi bien d'être ef frayé d'un trépas fubit. Quand Dieu fait defcendre » au tombeau l'innocence, il est également jufte, en » quelque-tems qu'il prohonce cet arrêt : la même mi❤ féricorde ôte la vie ou la conferve. « C &

[ocr errors]

Le guide du malade, ouvrage de médecine, philofophique & moral; par M. DE MARQUE, docteur en médecine. Vol. in-12. de 300 pag. A Paris, chez l'auteur, place Cambray, & chez Berton, libraire, rue St. Victor; à Nancy, chez Mathieu. 1779.

"

L ne fuffit pas pour la guérifon d'une » maladie, que le médecin faffe fon devoir; » il faut auffi que le malade & les affiftans faf» fent le leur, & que toutes choses foient dif"pofées convenablement. «

C'est le fens du premier aphorifme d'Hyppocrate, qui fert d'épigraphe à cet ouvrage, & qui en indique le but. L'auteur s'eft proposé de préfenter ici les devoirs du malade, ceux des perfonnes qui le fervent, & ceux des médecins. Le premier & le fecond article font les plus étendus; le dernier l'eft beaucoup moins, parce que M. de Marque a fuppofé que les médecins doivent connoître les fources où ils peuvent puifer leurs maximes de conduite; il fe borne à quelques regles de fageffe & de prudence que l'expérience feule peut apprendre, & qui feront utiles aux jeunes praticiens qui ne peuvent les avoir encore acquifes,

Le premier devoir du malade eft la patience, qui modere ou éteint les mouvemens défordonnés des fens intérieurs, irrités par la

douleur, la longueur d'une maladie, & le defir de s'en voir délivrer. Son effet eft de rétablir le calme, qui facilite le fuccès des efforts de la nature & de l'art pour opérer la guérison. Il doit auffi fe défendre de l'abatte-. ment & du découragement, qui font encore. des obftacles redoutables à la cure, & dont on ne triomphe pas toujours. Le fecond devoir, celui qui eft le plus fortement recommandé, eft d'appeller promptement un médecin. La force naturelle des organes eft bornée; il ne faut pas attendre qu'elle ait diminué au point de ne pouvoir feconder la vertu des remedes. L'importance de ce précepte, & les conféquences qui réfultent de fa négligence, font fenfibles. Une efquinancie, par exemple, qui eft une maladie de la gorge, accompagnée d'une grande difficulté d'avaler & de refpirer, fe guérit ordinairement en 8 jours, lorf que le médecin a été averti de bonne heure; s'il ne l'eft pas avant le 3e. ou le 4e. jour, la guérifon eft plus incertaine, plus difficile & en demande quelquefois plus de 10 ou de 12. M. de Marque cite une multitude d'autres exemples qui le mettoient en état de prouver qu'il meurt en France, tous les ans, près de 400,000 perfonnes de maladies négligées,

On s'attend bien que dans un ouvrage de la nature de celui-ci, on devoit infifter fur la néceffité & l'utilité de la médecine. » Cette » fcience, dit M. de Marque, tient le premier "rang après la religion. Celle-ci, fondée fur n la révélation, & marquée en tout au fceau

» de la divinité par les oracles des prophêtes, »jouit fans doute de la prééminence qu'aucune

connoiffance humaine n'oferoit lui difputer. » La médecine, fondée fur une base inébran»lable, eft honorée jufques dans les livres » faints; elle paroît avoir été donnée aux » hommes pour réparer en quelque forte la » foibleffe attachée à leur nature, ou les fui» tes du péché originel, qui fut la fource de » toutes nos maladies. La médecine joua le » premier rôle dans la religion payenne, qu'on » fait n'avoir été qu'une espece d'héréfie ou de

fchifme qu'enfanterent les paffions des hom» mes; les oracles en faifoient l'appui de leurs » décifions, les rois l'appui de leurs trônes; les » temples ne retentiffoient que de guérisons & » de remedes; les grands parmi les Egyptiens » furent prefque tous prêtres & médecins. En» fin notre art eft auffi ancien que l'homme; » il remonte jufqu'au fiecle des prophêtes & » des héros; tous les hommes faints & céle»bres, tels que Salomon, Tobie, Moïfe » Ifaïe, le cultiverent ou le préconiferent, & » il forme un lien très-intime avec la reli» gion. «

[ocr errors]

D'après cette liaifon de la médecine avec la religion, l'auteur fe croit en droit de par ler quelquefois en théologien; il examine en conféquence quelques queftions qui tiennent plus à l'une qu'à l'autre. Telle eft, par exemple, celle qui naît du dogme de la fatalité. Si nos jours font comptés, & le terme de notre vie irrévocablement déterminé, la médecine

eft-elle utile? De pareilles queftions ont été faites fouvent dans les écoles; mais de nos jours on ne les fait plus, & on n'y répond plus; M. de Marque a bien voulu fe donner cette peine; & ce n'eft affurément pas la partie de fon travail dont on lui faura plus de gré. On aimera mieux entendre raifonner le médecin, qui, après cette espece de digreffion, revient aux devoirs des malades, auxquels il prefcrit l'obéiffance; il ne se borne pas à leur faire voir les risques qu'ils courent en manquant de docilité; il leur cite encore plu fieurs paffages de l'écriture fainte, qui leur en fait un devoir. Ces autorités font fans doute respectables; mais on ne les écoute que lorfqu'on a de la confiance en fon médecin; & cette confiance, comme l'on fait, ne fe commande pas: on ne peut pas donner des préceptes fur cet article important; le choix d'un bon médecin la fera fans doute naître, & M. de Marque indique les moyens auxquels on peut le reconnoître. Il s'éleve contre l'opinion générale qui fe déclare en faveur d'un vieux médecin, parce qu'on le fuppofe avoir plus d'expérience; & il obferve qu'il peut s'en trouver dont les progrès ont été lents, & qui ne valent pas à 60 ans un médecin de 30 à 35 ans; à cet âge, il mérite la confiance publique; & depuis ce terme, tant que fon efprit conserve fa vigueur, il la mérite encore mieux.

[ocr errors]

M. de Marque ne manque pas de travailler. auffi à prémunir ses malades contre les empi

« PreviousContinue »