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ceux qu'il a copiés; il imite parfaitement l'impreffion & l'écriture en toutes les langues. Il fait des cartes de géographie avec la plume qui ne different point de celles qui font gravées. Il deffine fur le champ un vifage d'un trait de plume fans lever la main de deffus le papier; il grave lui-même & peint auffi: il a inventé de teindre avec des fleurs & des racines dont le foleil ni l'eau n'effacent point les couleurs ; il imprime plufieurs couleurs en même tems avec le même cuivre; il applique des lettres d'or auffi belles que celles des ancien manuf crits & de notre Ulphilas; il colore le cryftal de maniere qu'il reffemble aux pierres précieuses. Ses appointemens font de 30 ducats de Naples par mois, deux ducats & demi de Naples valant un ducat d'Hollande. L'abbé Merli n'en reçoit que neuf. M. Mazochi (*) n'étant plus en état de déchiffrer les manufcrits, à caufe de fon grand âge, il a fait agréer du roi pour lui fuccéder dans ce travail, M. le profeffeur Ignarra, un des plus favans hommes de Naples, auteur du livre de Palaftrâ Neapolitanâ, à Naples, 1770, in-4to. de 331 pag. Quand le roi d'Efpagne regnoit à Naples, il fe plaignoit, s'il fe paffoit une semaine fans qu'on apportât quelque chofe de nouveau dans fon museum; le roi d'aujourd'hui n'a pas autant de goût pour les antiquités c'est pourquoi il fe paffe à préfent des mois & davantage fans qu'on l'enri

(*) Mort le 12 septembre 1771, âgé de 87 ans.

chiffe d'aucun morceau précieux. Cependant il feroit facile d'employer les galériens oififs aux fouilles. Ils font en grand nombre à Naples, parce qu'on y condamne rarement à mort.

XX. LETTRE. Naples 3 Septembre 1771. » Les livres & les auteurs Napolitains ont été peu connus jufqu'ici en Suede. Outre les œuvres de Mazochi & les antiquités d'Herculanum, j'ai vu une phyfique en 9 vol. in-8vo. du pere de la Torre, à préfent bibliothécaire du roi, qui a auffi compofé un livre italien, nouvellement traduit en françois, fur le Véfuve. M. Moccia a mis au jour des lettres latines, & un dictionnaire de quantités grecques; M. Diodati une differtation de chrifto græcè loquente; M. Martelli fa Theca Calamaria, & fon ouvrage des premiers habitans de Cumes; Jean - Baptiste Vico un livre intitulé, Principia fcientia nova derniere édition, Naples, 1744; & un autre auparavant en 1720, de univerfi juris uno principio & fine uno, qu'on prétend avoir été imité de fort près par Montesquieu, dans l'Esprit des loix; M. Carducci, Delicia Tarentina; M. Pratilli des obfervations fur la voie Appienne ; M. Serao, médecin de la reine, fur la tarentule, l'hiftoire de l'incendie du Véfuve de 1737, & opufculi de fifico argumento. &c. «

» Le P. Fabricy, favant Dominicain, bibliothécaire de la Minerve, m'a demandé la permiffion de faire imprimer à Rome, à l'imprime rie de la Propagande, une longue lettre que je lui ai écrite en françois touchant le rare & peut-être, unique manufcrit famaritain des livres

de Moïse en trois langues, que j'avois examiné dans la bibliotheque du prince Barberini à Ro+ me. Je n'ai pu la lui refufer, ne fût-ce que pour la fingularité de voir imprimer à Rome un ouvrage fur la bible fait par un Luthérien. Cette lettre fera inférée dans fes titres primitifs de la révélation ou confidérations critiques fur la pureté & l'intégrité du texte original des livres faints de l'ancien teftament. « (*).

XXI. LETTRE. 4 Septembre 1771. Un curieux de Portici a raffemblé dans fa maison un cabinet de toutes les efpeces de laves du Véfuve tant opaques que tranfparentes. Il en compte de 655 fortes, entre lefquelles certaines, fufceptibles de poli, imitent les rubis, les émeraudes, les faphirs; avec d'autres on fait des tabatieres, des tables: il vend de toutes ces laves à ceux qui defirent d'en acheter. Le Véfuve eft élevé de 1677 pieds françois au-deffus du niveau de la mer, fa bouche eft évasée comme une taffe à thé. Quelquefois il eft affez tranquille pour permettre d'approcher jufqu'au bord du goufre. M. Bjoernftahl y eft monté. Le pere de la Torre affure qu'il s'éteindra bientôt, comme d'autres anciens volcans. Ce favant bibliothécaire fait lui-même des microfcopes qui groffiffent prodigieufement les objets. Par leur

(*) Imprimées depuis à Rome, en 1772, en 2 vol. in-8vo. Il s'accorde fort bien avec les fentimens de Mrs. Hafflencamp & Tychfen fur la bible de Kennicot, dons releve plusieurs fautes.

moyen il a découvert des objets imperceptibles avant lui. Il voit jufqu'à la transpiration des corps. Les particules de fang ne lui paroiffent point des globules, mais des anneaux. Dès 1763, il a publié à Naples fes premieres obfervations. en italien, fous le titre, Nuove offervazioni intorno la ftoria naturale del P. D. Giovanni Maria della Torre, in-8vo. de 172 pages. digne d'être traduit en plufieurs langues. Ses neuf vol. d'Elementa phyfica font en latin. Il doit faire imprimer en plufieurs volumes un recueil de fes nouvelles découvertes.

XXII. LETTRE. Concerne la grotte du chien, & autres lieux d'où fortent des exhalaisons méphitiques.

XXIII. LETTRE. Naples 18 feptembre 1771. La ville de Naples peut avoir environ 400,000 habitans. Le climat y amollit & y porte à l'oifiveté. Il y a des avis importans pour l'amélioration de la ville & du royaume dans un livre qui a pour titre : Naples, ce qu'il faut faire pour rendre ce royaume floriffant, Amfterdam, 1769, dont il s'eft fait encore au moins une édition en 1771. Un Napolitain compare fa nation à des ferpents dont les têtes & les queues font venimeuses, tandis que le reste du corps eft bon & eftimé dans les apothicaireries. Les favans y font peu récompenfés. Le duc de Brunswick voyageant en Italie, il y a quatre ou cinq ans, difoit avoir remarqué que pour s'avancer, à Berlin il falloit être foldat; à Rome eccléfiaftique ou moine, & avocat à Naples. L'univerfité ne coûte au roi par an, que

7300 ducats napolitains, qui font inégalement partagés, les uns en recevant jusqu'à 900 par an, & d'autres 130 'feulement, qui ne valent que 560 livres de France. Naples a fon école royale militaire, dont M. Caravelli, connu par fes Elementi di Mathematica, Naples, in-8vo. de 6 vol. est un des principaux maîtres; & une école particuliere pour les pages, qui y ont pour profeffeur d'éloquence M. Moccia, favant dont on a plufieurs ouvrages, mais encore plus célebre par la propriété finguliere de fon corps de n'enfoncer dans l'eau que jufqu'à la tête, quoi. qu'il ne fache point nager.

Le P. Minafi, Dominicain, a prouvé, contre l'opinion commune, que les araignées & même les tarentules ne font point venimeuses; il en mange, prétendant qu'elles adouciffent le fang; il a inventé la maniere de fabriquer avec l'aloës européen, très-commun en Italie, du papier auffi fin que le plus fan parchemin; de la même plante il fait des tiffus & des dentelles; il a retrouvé l'art de la teinture en pourpre; il a accompagné de fes notes en italien une très-belle édition des Delicia Tarentina, de Tomaffo Nicolo d'Aquina, avec la traduction en vers italiens de M. Carducci, Naples 1771, in-4to. de 552 pages. Le poëme de Polyphême affure à M. Campolongo, profeffeur d'éloquence, un des premiers rangs entre les poëtes Napolitains. Il avoit publié un recueil de vers latins & italiens, à l'occafion du mariage du roi de Naples, qui ont été défendus parce que des perfonnes délicates ont craint

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