Page images
PDF
EPUB

A l'occasion de ce travail et des objets que l'on découvre dans les sépultures antiques, plusieurs membres se livrent à une nouvelle discussion sur la crémation des corps chez les anciens. M. l'abbé Dupuy, notamment, soutient, d'après l'abbé Cochet qui fait autorité en ces matières, que chez les Romains, sauf dans un petit nombre de familles, telle que celle des Scipions, on brûlait tous les corps, même ceux des pauvres et que tous les autres tombeaux sont de l'époque mérovingienne. M. Choron prétend, au contraire, que chez les Romains on rencontre des sépultures contenant des corps entiers et dont la tête est munie du denier à Caron. On y remarque aussi cette particularité qu'elles portent conjointement des signes de christianisme, mélange de symbolisme chrétien et de symbolisme payen qui indique la transition des idées payennes aux idées chrétiennes. Comme spécimen des deux genres on cite les sépultures de Pommiers, près de la route nationale de Paris; de Belleu; d'Arcy-SainteRestitue, qui sont mérovingiennes, et les petits tombeaux d'enfants trouvés près de Pasly, qui sont de l'époque romaine et qu'on voit au Musée. A cette der. nière époque, on enterrait donc les enfants. Reste à savoir si ces petits tombeaux ne sont pas du temps où le christianisme régnait déjà dans les Gaules.

La séance est levée à 5 heures.

Le Président, DE LA PRAIRIE.

Le Secrétaire, l'abbé PÉCHEUR.

BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE

HISTORIQUE ET SCIENTIFIQUE

DE SOISSONS.

DEUXIÈME SÉANCE.

Lundi 7 Février 1876.

Présidence de M. DE LA PRAIRIE.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

OUVRAGES OFFERTS ET DÉPOSÉS.

1° Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 2e série, t. 15, 33° de la collection, 2e et 3e trimetre de 1875.

2o Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1875, no 3.

3o Le Cabinet historique, 21 année, 10°-12o livrais.

5o A travers Soissons, guide sommaire pour les visiteurs, par M. E. Fossé-d'Arcosse.

6° Société Linéenne du nord de la France, no 42-43, bulletin mensuel.

7° Vie de saint Rigobert, archevêque de Reims, par l'abbé Pocquet.

CORRESPONDANCE.

Rapport au Comité des travaux historiques sur la publication des documents inédits relatifs aux Etatsgénéraux, par M. Georges Picot, membre du Comité, envoyé par M. le ministre de l'instruction publique et des cultes, avec une invitation aux Sociétés savantes de communiquer au Comité les pièces manuscrites, concernant cette importante matière, dont elles auraient connaissance.

La Société s'efforcera de répondre aux désirs exprimés par M. le ministre, quoique jusqu'ici elle n'ait pas été assez heureuse pour découvrir quelque chose d'important sur ces assemblées.

COMMUNICATIONS ET TRAVAUX.

M. Biscuit lit un mémoire sur la corporation des bouchers de Soissons.

ESSAI

SUR

LES BOUCHERS ET LA BOUCHERIE

A SOISSONS.

L'incendie de 1814 ayant anéanti nos archives municipales, il nous est malheureusement impossible de préciser la date à laquelle les bouchers de notre ville se formèrent en communauté, ni quels furent les statuts qui les régirent. Nous savons seulement qu'ils avaient à leur tête un capitaine, ainsi que nous le trouvons dans plusieurs actes notariés remontant aux premières années du siècle dernier.

Il ne faut pas croire que les bouchers furent toujours tels que nous les connaissons, et sans remonter à nos ancêtres qui regardaient leur profession comme infamante, à ce point que les édits royaux l'interdisaient aux notaires, aux clercs et même aux bourgeois de certaines villes, (Art. 25, ordonnance de juillet 1304.) voyons seulement ce que dit Mercier, en 1781, dans son tableau de Paris :

« Les bouchers sont des hommes dont la figure porte << une empreinte féroce et sanguinaire, les bras nus, « le col gonflé, l'œil rouge. »

La peinture n'est certes pas flatteuse.

Heureusement, le temps a tout changé, hommes et mœurs, et la boucherie est maintenant l'égale de toute honnête profession.

En France, la constitution des bouchers en corporations, remonte à la conquête des Gaules, et l'idée en fut apportée chez nous par nos vainqueurs.

Ce furent encore les Romains qui nous transmirent l'idée de ces vastes marchés où se vendaient des comestibles de toute espèce, viande, poissons, volailles, légumes.

Mais si les grandes villes furent rapidement pourvues de marchés de ce genre, il n'en fut pas de même de la province. Ainsi, les bouchers détaillèrent longtemps leurs viandes là où bon leur semblait. Il n'existait pas alors de tueries ou abattoirs, et, comme cela se fait encore dans certains de nos villages et bourgs, les bouchers tuaient chez eux, s'inquiétant fort peu de l'effet produit sur les passants par les gémissements des victimes et par la vue du sang fumant qui coule dans les ruisseaux.

Vers 1115, lorsque la commune fut concédée à Soissons, l'administration communale apporta à cet état de choses de nombreuses améliorations; elle décida la construction d'une vaste halle qui partirait du jardin des Arbalétriers (rue Bara), aboutirait à la porte Bérald (1) et servirait à toutes les branches de commerce de la ville et du dehors, moyennant une faible redevance à payer par chacun.

C'est dans cette halle que furent installés les marchands bouchers (2) auxquels il fut en outre donné, non loin de là, un emplacement pour abattre leurs animaux.

La remise du droit de commune au roi n'apporta aucun changement aux usages établis, Philippe-le-Bel ayant déclaré ne vouloir porter aucune atteinte aux libertés, priviléges et franchises de la ville, comme il résulte de lettres patentes datées de 1325 :

« Salvis et reservatis communice privilegiis, fran« chiis, libertatibus, usibus et consuetudinibus ipsorum.»

p. 303.

Brayer, p. 89.

(1) Henri Martin, t. 2,
(2) H. Martin, t. 2, p. 203.

« PreviousContinue »