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temps, mais presque toujours il y a une sorte de fusion entre une époque et la suivante.

Les terramares sont des amas de cendres et de détritus de toutes sortes; ces dépôts se trouvent particulièrement en Italie. Si on exploite d'une manière méthodique les terramares, on observe que les objets de l'industrie humaine ne sont pas répartis au hasard et que, bien au contraire, ils se présentent dans un ordre invariable, suivant les couches plus ou moins profondes.

Les parties inférieures recèlent des pièces de la première époque du bronze, puis des pièces étrusques et peut-être supérieurement d'autres objets d'une époque plus récente.

Les terramares nous démontrent donc que les objets de l'industrie humaine sont, comme ceux d'histoire naturelle, stratifiés par époque.

Toutes ces circonstances de gisement indiquent bien une succession; elles donnent des dates relatives, mais qui jusqu'à présent ne peuvent être chiffrées : les chronomètres propres à déterminer les époques sont encore à trouver; les essais en ce genre donnent des résultats encore trop incertains pour être acceptés par la science.

Dans le nord de l'Europe on connaît des tourbières fort nombreuses et fort profondes. Si on vient à les exploiter scientifiquement, c'est-à-dire couche par couche et de façon à pouvoir constater ce que chacune renferme, on reconnaît bientôt que les végétaux en partie décomposés de la tourbière sont de nature différente suivant la profondeur à laquelle on parvient. Ceux qui se montrent dans les parties les plus superficielles ressemblent à la végétation qui se développe maintenant dans les contrées où gisent ces tourbières; plus profondément on trouve des débris d'arbres forestiers qui ne végètent plus spontanément dans la contrée; plus

inférieurement encore on rencontre un changement nouveau, de sorte que les différentes essences sont regulièrement stratifiées.

Les assises les plus profondes contiennent du silex, les couches moyennes recèlent des objets en bronze avec la céramique bien caractérisée telle qu'on la rencontre dans les palafittes. Enfin les parties supérieures montrent des objets en fer et des ustensiles de la dernière civilisation.

Il est donc bien évident que l'industrie la plus ancienne appartient à l'époque de la pierre; que celle qui a suivi est caractérisée par des objets en bronze, et qu'enfin la plus récente est bien celle du fer.

A ces preuves stratigraphiques viennent s'ajouter les caractères fournis par les faunes propres à chaque époque et, comme nous venons de le voir, par une flore qui ne peut laisser aucun doute sur sa nature ni sur sa succession.

AGE DE BRONZE

DANS LE DÉPARTEMENT DE L'AISNE.

L'âge de bronze n'a laissé dans le département de l'Aisne qu'un nombre très-restreint de pièces que l'on peut lui attribuer sans contestation.

Les trouvailles se sont réparties sur des points relativement très-éloignés les uns des autres, et presque tous les arrondissements du département de l'Aisne ont fourni quelques pièces assez intéressantes, mais toujours peu nombreuses.

Les cranoges et les palafittes étant établis sur le bord des lacs, il n'est pas étonnant de n'en pas trouver dans l'Aisne, puisque les lacs d'une certaine dimension y font défaut; mais les habitations lacustres se sont quelquefois rencontrées sur le bord des fleuves et des

rivières, les bords de la Saône en font foi. De plus, on a aussi constaté des indices de ces habitations dans les terrains marécageux; dès lors il n'est plus impossible de trouver dans nos environs des indices d'habitations lacustres. M. Harant, agent-voyer d'arrondissement à Château-Thierry, nous a assuré que dans quelques tourbières de son arrondissement il avait constaté des pilotages. Ce fait très-intéressant mériterait une étude sérieuse. Jusqu'à ce moment nous n'avons pas assez de détails sur ces pilotages pour en faire l'objet d'un travail particulier.

Les tourbières ne nous ont offert que peu de faits intéressants. Voici ce qui est parvenu à notre connais

sance :

M. Reveillère Lepaux a laissé une note dans les annales du muséum d'histoire naturelle en 1807, où il a relaté des faits intéressants; mais les observations manquent de précision. Dans la commune de Buire (Somme) il a constaté dans une tourbière à peu de profondeur :

1. Un collier en ambre jaune dont il donne la description et qui reposait dans la tourbe d'une manière naturelle, c'est-à-dire que les perles étaient dans une disposition que l'on adopte ordinairement ;

2o Des ossements de boeuf, probablement le Bos primigenius, si l'on en juge par les dimensions indiquées, mais en l'absence de description scientifique et de figure, il est impossible de rien assurer;

3. Ossements de cerfs dont l'espèce n'est pas déterminée;

4o Des troncs d'arbres et autres objets qui ne peuvent rien constater relativement à l'époque pendant laquelle le collier a été enfoui.

M. l'abbé Lambert a aussi constaté que dans les tourbières de St-Simon on rencontre des vases d'une forme préhistorique avec des ossements de castor et quelques

autres ayant appartenus à des animaux aquatiques. Ces objets n'indiquent qu'une époque relativement récente. L'intérêt en est donc amoindri.

Il a été trouvé aussi dans le département de l'Aisne quelques autres objets de l'époque du bronze, mais ils ne sont pas assez connus pour que nous puissions en donner une description satisfaisante. Parmi ces objets sont quelques torques, mais ils me paraissent gaulois et non pas de l'âge de bronze proprement dit.

On pourrait citer quelques ornements provenant de Chassemy, mais dans les tombes inférieures; M. Fournaise, instituteur, dont on regrette la perte, avait plusieurs torques et autres objets en bronze, mais ils appartiennent, suivant toute apparence, à une époque relativement récente. Ces objets n'ont donné lieu à aucun travail; nous ne pouvons en parler que pour mémoire.

Voici la description des principales pièces de bronze dont nous avons eu une connaissance suffisante.

HACHES.

Les haches en bronze trouvées dans le département de l'Aisne se rapportent à deux types différents Les unes, dans la partie supérieure, sont évidées latéralement de deux côtés opposés pour recevoir le manche qui devait être fendu; les autres haches portent supérieurement une douille creusée dans la longueur de la hache pour loger le manche, qui, dans cette sorte, devait être courbé. Ce dernier type s'est rencontré dans l'Aisne plus fréquemment que le premier.

HACHES A DOUILLE DE LA VALLÉE DE SOISSONS.

Cette hache a été trouvée aux environs de Soissons, on ne sait plus dans quelle circonstance, mais sa forme

suffit pour ne laisser aucun doute sur l'époque à laquelle on doit la rattacher..

Elle présente deux de ses faces latérales en quadrilatère allongé dont les grands côtés sont un peu courbes, tandis que les deux autres faces sont triangulaires. La base commune des faces quadrilatérales est un peu élargie, afin de donner un peu plus d'étendue à la partie coupante.

La partie supérieure est très-obscurément quadrilatère et elle porte deux nervures transversales à partie saillante. Cette saillie est un peu arrondie; la nervure inférieure est beaucoup plus petite que la supérieure qui borde l'entrée de la douille. Sur l'un des côtés triangulaires, et en haut, on remarque un petit anneau qui devait servir à fixer le manche et peut-être aussi pour suspendre la hache.

Cet instrument, évidé jusqu'au fond, a été fondu, car on reconnaît les rebarbes laissées par la jointure des parties du moule.

La hauteur est de 0m020, la largeur, en haut, sur les faces quadrilatères, 0040; la largeur de sa partie coupante, 0m042; largeur du haut des faces triangulaires, 0m042.

Collection du Musée de Soissons.

HACHE DE CONDÉ-SUR-SUIPPE.

La description de cette hache nous conduirait à répéter mot à mot celle de la hache précédente. Cependant les dimensions sont un peu différentes. Tout le reste est identiquement semblable. Cet échantillon est cassé par le milieu; la cause de sa rupture paraît due à l'oxidation du métal.

Collection de M. Piette.

Cette hache ne diffère des précédentes que parce

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