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prits, dans la manière de voir, de sentir, de juger, de parler, changements qui ont été tels que, dans leur jeunesse, les hommes aujourd'hui âgés pouvaient constater dans leurs rapports avec leurs pères, des différences très-sensibles entre les hommes du XVIIe siècle et ceux du XIX. Certainement les générations qui se succèdent ne restent pas immobiles dans leurs mœurs et leurs idées, mais les changements, qui, dans d'autres temps, auraient demandé cent ans, se sont fait en quelques années.

Je viens de parler des changements qui s'opèrent dans l'esprit des hommes surtout de ceux des habitants des villes, je puis ajouter que les villes ellesmêmes changent d'aspect aussi, et souvent en peu de temps; il en est ainsi de Soissons et il est bon de le constater. Nous avons donc remercié M. Laurent de nous avoir communiqué un dessin des alentours du pont, qui indique un état des lieux qui n'existe plus aujourd'hui.

Jamais on n'a tant parlé et on ne s'est tant occupé en France, et à juste titre, de l'instruction publique, en particulier de l'instruction primaire. Ce qui est particulièrement du ressort de notre Société, c'est son histoire plutôt que les questions qui touchent aux théories de son application. Notre collègue, M. Choron, a eu donc une heureuse idée en faisant de longues recherches sur ce qu'elle a été dans le Soissonnais dès les époques les plus anciennes. Dans un premier article publié dans le 18 volume de notre Bulletin (année 1864), il a donné l'introduction de ce long et important travail. M. Choron y dit seulement quelques mots sur le peu que devait être l'instruction chez les Gaulois; il s'arrête davantage sur ce qu'avaient fait les Romains après la conquête; passant rapidement en revue tous les siècles qui ont suivi, il arrive à la Révolution de 1789. Notre volume de 1866 contient seulement quelques pages du

chapitre Ier, intitulé: Avant Charlemagne. Au contraire, celui dont je vous rend compte, donne la suite très-étendue et très-intéressante de ce chapitre. Nos volumes suivants contiendront la fin de cette histoire de l'instruction primaire dans notre pays. Nous attendrons cette fin pour porter un jugement d'ensemble sur le travail de M. Choron. Disons seulement que l'on ne comprend pas comment notre collègue, au milieu de scs occupations si nombreuses et si variées, a pu trouver le temps de se consacrer à des recherches également si nombreuses et si variées.

Depuis que les Sociétés archéologiques se sont formées, on ne se borne plus à consulter les bibliothèques et les archives publiques, on va fouiller partout, et, comme nous en avons eu la preuve ici, on trouve dans les études de notaires, par exemple, des renseignements curieux sur les habitudes, les usages des siècles passés et même sur des faits qui touchent à l'histoire générale. J'ai cru entrer dans les vues qui ont été exposées à ce sujet par le ministère de l'instruction publique, en vous présentant le dépouillement des titres de propriété de ma maison de Soissons. Je ne suis pas arrivé à un résultat bien important ni bien curieux. Cependant les personnes qui voudraient étudier la ville de Soissons elle-même y trouveront des renseignements assez nombreux sur divers sujets, en particulier sur l'enceinte fortifiée de la ville, sur les rues et les noms de ses anciens habitants.

Dans le courant de cette année 1875, M. le ministre de l'instruction publique a demandé à notre Société, comme aux autres Sociétés savantes, un rapport sur son origine, ses progrès et ses travaux. M. Piette a bien voulu se charger de répondre à ces questions. Mais comme il y avait avantage pour nous à pouvoir consulter ces renseignements, le travail de M. Piette a été inséré dans notre dernier volume.

Vous vous rappelez, Messieurs, que M. l'abbé Pécheur, notre secrétaire, nous a fait dans diverses séances des lectures sur des sujets importants. Il est regrettable que notre bulletin n'ait pas pu les reproduire, l'auteur ayant voulu les compléter en se réservant de les donner plus tard.

M. Collet, trésorier, rend ses comptes à la compagnie pour l'année 1875. Ils sont approuvés et signés par le Bureau.

Un membre est amené, à propos d'un portrait inachevé de M. de Pougens que possède le Musée, à demander s'il ne serait pas opportun de faire une étude sur le groupe littéraire connu dans le pays sous le nom de Société de Vauxbuin, et il cite, après le célèbre littérateur-philosopbe et philologue, le nom de M. Lorin, son secrétaire, de l'abbé Daux, curé de Vauxbuin, de Mme Maréchal, auteur de plusieurs romans et qui, on se le rappelle, fonda un prix de 10,000 francs, pour la meilleure histoire de Soissons, prix qui a été remporté par MM. Henri Martin et Paul Lacroix, etc.

La Société adopte pleinement cet avis, d'autant plus que les souvenirs de l'époque où la Société de Vauxbuin existait, s'effacent de jour en jour et bientôt disparaîtront avec ceux qui en furent les contemporains.

M. l'abbé Dupuy se chargerait volontiers de cet intéressant travail. Il sait où se trouvent les documents concernant cette Société. Ces documents, joints aux souvenirs qu'en ont conservés plusieurs Soissonnais, en formeraient les matériaux précieux. Des encouragements en ce sens sont donnés à M. l'abbé Dupuy.

M. Choron dépose sur le bureau divers spécimens de haches celtiques, donnés au Musée par M. Fradin de Linières, lieutenant-colonel du 67° régiment de ligne, en garnison à Soissons et recueillies par M. N., ingénieur de la Compagnie d'Orléans. Une description de ces objets sera donnée ultérieurement.

M. Watelet donne lecture d'une Notice imprimée sur des découvertes de sépultures dans Seine-et-Marne, l'Aisne (à Caranda, près de Fère) et dans Loir-et-Cher, par M. Gabriel de Mortillet. Cette lecture donne lieu à une discussion intéressante sur la rencontre de haches en pierre polie dans le cimetière mérovingien de Caranda, de laquelle il résulte que ces objets sont les représentants d'une ancienne sépulture anté-gauloise transformée avec le temps en une sépulture mérovingienne, ou bien qu'ils furent jetés dans celle-ci comme des objets de superstition, par les Mérovingiens. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas sans étonnement qu'on remarque que dans ces sépultures on ne trouve guère d'antiquités de l'époque intermédiaire séparant l'époque antéhistorique de l'époque mérovingienne, autrement dite époque gallo-romaine.

Le même membre lit une note sur les hachettes et armes en bronze

NOTICE SUR L'AGE DE BRONZE

DANS LE DÉPARTEMENT DE L'AISNE.

L'âge de bronze est cette longue période de temps qui s'est écoulée entre l'âge de pierre et l'âge de fer. Nous ne prétendons cependant pas dire que l'emploi de la pierre ait cessé dès l'apparition du cuivre ou du bronze dans les usages que l'homme a pu faire de l'une et de l'autre de ces substances. Nous savons que l'emploi de la pierre a continué pendant longtemps encore après l'apparition des métaux, de même le bronze. n'a pas cessé d'être mis en usage, bien que le fer ait été découvert. Nous disons seulement que l'apparition du bronze est postérieur à l'emploi de la pierre et que la découverte du fer a succédé, après un temps fort long, à celle du bronze.

La découverte des métaux, particulièrement du cuivre et de l'étain, paraît avoir été faite par un peuple particulier et ledit usage s'être répandu de proche en proche, soit par le mélange d'un peuple conquérant, soit par commerce sur les côtés, soit enfin par immixion de peuplades nomades.

La science n'est point encore bien fixée à cet égard. En continuant les études avec soin et persévérance on trouvera sans doute le centre de la découverte du bronze et la trace des migrations du peuple en possession de ce métal dont l'introduction a ouvert une nouvelle ère pour les progrès et la civilisation de l'humanité. Il est donc bien important de signaler toutes les

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