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BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE

HISTORIQUE ET SCIENTIFIQUE

DE SOISSONS.

SEPTIÈME SÉANCE.

Lundi 3 Juillet 1876.

Présidence de M. DE LA PRAIRIE.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

OUVRAGES OFFERTS ET DÉPOSÉS.

1° Mémoires de la Société d'émulation du Jura, 2° série, 1 vol., 1875.

2o Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny (Jura), mai 1875.

3o Mémoires et documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, t. 15, 2o partie, 1876.

4° Saint-Quentin à la fin du XVIIIe siècle, par A.

de Massy, 1875.

5o L'Investigateur, 42° année, mars-avril 1876.

6° Société Linéenne du nord de la France, Bulletin mensuel, no 48, 1er juin 1876, 5° année, t. 3.

CORRESPONDANCE.

Lettre de M. Frédéric Moreau, de Fère, membre titulaire de la Société, offrant pour le Musée divers objets intéressants provenant des fouilles opérées par lui à Caranda et à Sablonnière. Ce don est accepté avec reconnaissance, et de vifs remerciements sont votés à M. Frédéric Moreau.

COMMUNICATIONS ET TRAVAUX.

M. le président prenant la parole au sujet du tableau de Rubens, dont on a plusieurs fois signalé à la Société l'état de détérioration, dit qu'un restaurateur, de passage à Soissons, aurait estimé cette toile au prix de 150,000 francs, et que si on le laissait encore une dizaine d'années à la place qu'il occupe à la cathédrale, il serait certainement très-compromis. Il ajoute que lui et M. Rigaux vont, l'après-midi même, saisir décidément le conseil de fabrique de cette importante question.

La compagnie, sans émettre d'opinion à ce sujet, ne peut qu'insister sur la nécessité de prendre enfin un parti sur un fait dont elle s'est émue plusieurs fois.

M. Michaux denne lecture du compte-rendu de l'excursion faite par la Société à Fere-en-Tardenois et à Caranda, le 15 juin 1876.

EXCURSION DE LA SOCIÉTE ARCHEOLOGIQUE

DE SOISSONS

A FÈRE-EN-TARDENOIS ET CARANDA

Le jeudi 15 juin, la Société archéologique de Soissons a fait son excursion annuelle. Elle avait choisi cette année Fère-en-Tardenois et se proposait de visiter les endroits voisins, si célèbres depuis quelque temps par les nombreuses découvertes intéressantes qui y ont été faites.

Nous partons de Soissons à 6 heures du matin, par un temps splendide qui semblait présager une journée magnifique.

Assez belle et bien entretenue, la route de Fère n'en est pas moins ennuyeuse et monotone. A part la raperie d'Ambrief, on ne rencontre pas une maison, pas une chaumière; mais en ce moment tout le monde est aux champs et la campagne offre encore un aspect assez animé; puis on cause, et le chemin se fait.

Bientôt le temps se couvre, les nuages s'amoncellent, on craint la pluie. Heureusement ce n'est qu'une me

nace.

Nous arrivons sans encombre à Fère vers 9 heures et demie.

Aussitôt descendus de notre char, nous nous dirigeâmes vers la demeure de M. Frédéric Moreau, ancien conseiller général du canton, membre de la Société historique et archéologique de Soissons, et propriétaire des terrains où ont lieu les fouilles.

Depuis deux ans environ, plusieurs ouvriers travaillent constamment, à ses frais et sous son habile. direction, et le résultat de ses découvertes a été si merveilleux qu'on peut aisément affirmer que jamais fouilles entreprises n'ont produit tant de débris des âges passés; que jamais tant de richesses n'ont été exhumées; c'est un fait pour ainsi dire unique, car le but obtenu a dépassé toutes les prévisions et récompensé largement les efforts et la peine.

On comprendra d'un mot que ce que nous venons de dire n'est autre chose que la vérité stricte ce n'est pas par dizaines, ni par centaines, mais par milliers de pièces que se chiffraient les découvertes. Rien qu'en silex taillés, hachettes, grattoirs, etc., M. Moreau en a trouvé 24,000! et il en trouve encore tous les jours.

Nous avons visité sa belle collection de Fère-enTardenois, la moins riche (la plus complète se trouve à Paris), et tous nous avons poussé un cri d'admiration à la vue de ces poteries si bien conservées ou si intelligemment restaurées; de ces armes et de ces ustensiles en fer, en bronze, en silex! En effet, c'est admirable.

Par une délicate attention, les découvertes de la veille avaient été mises de côté et ont été dépouillées de leur enveloppe de sable devant la Société.

M. Frédéric Moreau nous explique sa manière d'opérer qui devrait servir d'exemple à tous ceux qui cherchent. Il trouve ainsi moyen de rendre à chacun de ceux qui travaillent sous ses ordres, une part de gloire, suum cuique.

Plusieurs ouvriers creusent la terre, et chaque pelletée est sondée, examinée, fouillée scrupuleusement; si un objet quelconque, vase, arme ou instrument en fer, en bronze ou en silex, est trouvé, un jeune secrétaire en prend note sur un procès-verbal, jour par jour, puis

l'objet est mis de côté et porté ensuite avec d'autres à M Moreau.

Celui ci le fait nettoyer, et, si c'est un vase, par exemple, la terre intérieure est ôtée avec des outils spéciaux, de façon à ne pas endommager la poterie, et quand, par hasard, il y a lieu de rajuster quelques fragments brisés, un domestique fait la réparation avec une habileté et une adresse qu'envierait plus d'un marchand parisien.

Nous avons vu de ces poteries ainsi réparées, et, franchement, il faut y regarder de bien près pour apercevoir la restauration.

Nous eussions désiré décrire en détail toutes ces merveilles et les étudier consciencieusement, mais deux obstacles nous ont arrêté :

D'abord la grande quantité d'objets qui nous entraînerait trop loin;

Ensuite le désir exprimé par M. Frédéric Moreau lui-même de publier en un album les principaux spécimen découverts.

Cette publication qui intéressera au plus haut point le monde savant, qui sera pour les archéologues un véritable monument, rendrait notre humble description inutile et prétentieuse.

Nous laisserons à de plus habiles le soin de rechercher si les silex sont de l'époque St-Acheulienne ou correspondant à ceux trouvés à St-Acheul; de l'époque robenhausienne ou d'une autre; si le sable où ils apparaissent est du sable moyen ou du sable supérieur.

jeter un rapide coup classée avec tant de méthode que rien ne se

Nous nous contenterons de d'œil sur cette belle collection soin, organisée avec tant de perd, que le plus petit débris ne peut échapper aux investigations.

Nous trouvons là, exposés dans d'élégantes vitrines,

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