patentes qui érigeassent la Société en Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts. Vers la fin de l'automne de 1743, M. de Cideville, qui retournait à Paris, où il passait les hivers, voulut bien se charger de toutes les démarches à faire auprès du Gouvernement pour faire légaliser la concession faite par l'Hôtel-de-Ville, formalité qui devait précéder l'obtention des lettres patentes. Il fit plus, il se chargea de la poursuite d'un procès qui durait depuis long-temps, et que les prétendus héritiers de M. l'abbé Legendre avaient intenté contre son acte de dernière volonté. Un hiver suffit à M. de Cideville pour terminer le procès et obtenir les faveurs sollicitées auprès du Gouvernement. A son retour à Rouen, le 18 août 1744, il eut la gloire et le plaisir de présenter à la Compagnie la ratification de la délibération du corps municipal, et les lettres patentes qui l'érigeaient en Académie. Le discours. éloquent qu'il prononça à cette occasion, discours qui se trouve dans ce volume, à la tête des mémoires pour la partie littéraire, exprime avec autant de vérité que d'énergie le vif intérêt qu'il prenait à cet établissement. La reconnaissance que nous devons à M. de Cideville pour les soins, les fatigues, les sacrifices que ces opérations lui coûtèrent, et l'expression que nous nous plaisons à consigner ici ne nous font pas oublier la part bien essentielle qu'y prirent MM. de Fontenelle, qui rédigea nos premiers statuts, de la Bour donnaye, intendant de la généralité de Rouen, et M. le duc de Luxembourg, gouverneur de la province de Normandie. Son zèle et son crédit avaient puissamment secondé les démarches de M. de Cider ville, et il avait été le protecteur de l'Académie avant que S. M. lui en conférât le titre. Suit la teneur des lettres patentes : LETTRES PATENTES portant établissement d'une >>>LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE : A tous présents et à venir, salut. Nous avons été informés que depuis quelques années il s'est formé dans notre ville de Rouen une Société de gens de lettres dont l'objet est de se perfectionner dans les sciences, dans les belles-lettres et dans les arts, et que, quelqu'étendu que puisse paraître ce projet, elle est dès-à-présent très en état de le remplir, avec les lumières et les talents de ceux qui la composent. Plusieurs assemblées qui se sont déjà tenues en ont fait connaître l'utilité, et le public, instruit des observations et mémoires en différents genres qui y ont été présentés, attend avec empressement plusieurs ouvrages importants commencés sur la physique, l'anatomie, et particulièrement sur la chimie et sur la botanique, dans lesquelles on peut se promettre des découvertes heureuses, attendu l'ordre et l'abondance qui règnent dans le Jardin des Plantes, qui est cultivé avec autant de soin que de succès dans notre ville de Rouen. Le désir que Nous avons toujours eu de contribuer aux progrès des sciences, des belles-lettres et des arts; la gloire et les avantages qui en résultent pour notre état, Nous déterminent à donner des fondements solides à cet établissement, et à seconder en cette occasion le zèle que les Conseillers-Maire et Echevins de notredite ville ont marqué pour que cette Société naissante fût aussi durable que doit l'être aussi la mémoire de notre amé et féal feu Louis Legendre, 1. chanoine et sous-chantre de Notre-Dame de Paris, des libéralités duquel ils ne veulent profiter que pour avoir la gloire d'en faire eux-mêmes la distribution en faveur de la nouvelle Académie. Nous avons vu avec satisfaction dans son testament, du quatre février mil sept cent trente-quatre, les plaintes qu'il forme sur ce qu'une ville célèbre par les talents et le goût particulier de ses citoyens pour l'étude et les plus hautes sciences, fût privée de ce qui peut servir à les mieux cultiver, et Nous avons lieu d'espérer que la disposition qu'il a faite d'onze cents livres de rente perpétuelle en faveur desdits Maire et Echevins pour les arts et les belles-lettres ayant pour objet d'animer les savants, cette ville sera désormais distinguée par la littérature et les sciences, comme elle l'est par l'étendue et l'éclat de son commerce; ainsi, pour mettre les sujets qui composent et qui formeront par la suite cette Société en état de se soutenir avec honneur et à perpétuité, Nous avons bien voulu autoriser ses assemblées et les réglements nécessaires pour en maintenir l'ordre et la splendeur. A CES CAUSES, voulant favoriser l'empressement que nous ont marqué les premiers Magistrats de notredite ville de Rouen, et augmenter de plus en plus l'émulation des amateurs des beaux-arts et de ceux de nos sujets qui seront en état de se procurer par de semblables dispositions une sorte de postérité aussi durable qu'utile et glorieuse, Nous avens, de notre grace spéciale, pleine puissance et autorité Royale, permis, approuvé et autorisé, et par ces présentes, signées de notre main, permettons, approuvons et autorisons lesdites assemblées et conférences; Voulons et Nous plaît qu'elles soient faites et continuées dans notredite ville de Rouen, sous le titre d'Académie des Sciences, des Belles-Lettres et des Arts, que L 1 nous avons mise et mettons sous la protection particulière de notre cher et bien amé cousin CharlesFrançois de Montmorency Luxembourg, duc de Luxembourg, de Piney et de Montmorency, pair et premier baron chrétien de France, notre gouverneur et lieutenant-général de notre province de Normandie, lieutenant-général de nos armées, et chevalier de nos ordres; Voulons aussi que le nombre des sujets qui la composeront soit fixé et limité à vingt-six Académiciens de fonction, à douze Associés et à douze Adjoints, outre les personnes, au même nombre de douze, qui pour raison de leur dignité pourront y avoir entrée et place honorable, sous le titre d'Académiciens honoraires, conformément aux statuts et réglements ci-attachés sous le contrescel de notre chancellerie, que Nous avons agréés et approuvés, ainsi que tous autres qui seront jugés nécessaires et convenables, sans qu'il soit besoin d'autres lettres de Nous que les présentes, par lesquelles nous confirmons dès maintenant, comme pour lors, tout ce qui sera fait pour ce regard. Permettons en outre à ladite Académie d'avoir un sceau avec telle marque, figure et inscription qu'il lui plaira, pour sceller tous les actes qui émaneront d'elle: Voulons en outre qu'elle soit pour le présent composée des personnes dont la liste est ciattachée sous le contre-scel de notre chancellerie, lesquelles nous avons nommées et nommons pour cette fois, laissant auxdits Académiciens la liberté de remplir les places qui vaquent et pourront vaquer à l'avenir par la voie d'élection, conformément auxdits statuts, et que les Académiciens jouissent des mêmes honneurs, priviléges, franchises et libertés dont jouissent ceux de nos Académiciens de Paris, à l'exception du droit de committimus. SI DONNONS EN MANDEMENT à nos amés et féaux Conseillers les gens tenant notre Cour de Parlement de Rouen, et à tous autres nos Officiers et Justiciers qu'il appartiendra, que ces présentes ils aient à faire enregistrer, et icelles garder et observer selon leur forme et teneur; CAR TEL EST NOTRE PLAISIR; et, afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à cesdites présentes. Donné à Lille, au mois de juin, l'an de grace mil sept cent quarante-quatre, et de notre règne le vingt-neuvième. Signé LOUIS. Au revers est écrit: Lesdites lettres ont été registrées és registres de la Cour, pour être exécutées selon leur forme et teneur, et jouir par les impétrants de l'effet et contenu d'icelles, suivant l'arrêt de la Cour rendu en Parlement à Rouen, la grand'chambre assemblée, le douze août mil sept cent quarante-quatre. Signé AuzANET, Par le Roi; signé PHELYPEAUX. >> Lesdites lettres patentes ont été registrées au greffe de l'Hôtel-de-Ville, le quatorze août mil sept cent quarante-quatre, en conséquence de l'assemblée. générale dudit jour. Signé COIGNARD, avec paraphe; visa, DAGUESSEAU. Pour confirmation d'établissement d'une Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts à Rouen. Signé PHELYPEAUX, « EXTRAIT des registres de la Cour de Parlement de Rouen. >> Vu par la Cour, la grand'chambre assemblée, les lettres patentes accordées par le Roi, à Lille, au mois de juin dernier, aux Conseillers-Maire et Echevins de cette ville de Rouen, par lesquelles Sa Majesté permet, approuve et autorise les assemblées et conférences qui seront faites dans ladite ville de Rouen, |