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veillans et des vagabonds de toute espèce, leur classification, leur esprit, leurs signes et leur langage. Ils étaient conseillers-juges du Châtelet; ils tenaient des audiences publiques de police.

Ils n'avaient que quarante-deux employés dans leurs bureaux, y compris ceux du bureau des nourrices; quarante-huit inspecteurs de police, ayant le titre de conseillers, étaient répartis dans quarantehuit quartiers de Paris.

Les commissaires de police enquêteurs-examinateurs, appositeurs de scellés, assermentés au Châtelet, coopéraient à la tranquillité publique.

:

Soixante observateurs dans Paris étaient aux gages de la police à la vérité, le parquet des gens du roi et la maréchaussée veillaient aussi à la sûreté générale. Quatre cent inille francs suffisaient pour les dépenses ordinaires et extraordinaires du

royaume.

Les lieutenans de police avaient encore dans Paris, à leur disposition immédiate, une force armée, dont ils ne choisissaient ni les chefs, ni les officiers; elle consistait, 1° dans la garde de Paris, soldée par le roi, composée d'une compagnie de cavalerie de cent onze maîtres, et d'une compagnie d'infanterie de huit cent soixante-seize hommes, sous le commandement d'un brigadier des armées du roi; 2° dans la compagnie du guet de Paris, formée de soixante-onze archers à pied, aux ordres du même brigadier.

Avant la révolution, il y avait un prévôt de l'hôtel du roi, et une juridiction de prévôté, composée du

prévôt et des lieutenans-généraux de robe longue, civils, criminels et de police.

La juridiction du prévôt avait pour objet la sûreté et le bon ordre de la Cour, la punition des crimes et délits commis dans les palais, châteaux et maisons royales dans lesquels le roi faisait son habitation actuelle.

A la restauration, la place de prévôt de l'hôtel a été rétablie, mais le prévôt n'a pas eu de juridiction. On a, depuis, nommé un adjudant et un sous-adjudant pour la police du château.

Les lieutenans-généraux de police avaient cessé d'exister au commencement de la révolution. A son retour de l'île d'Elbe, Napoléon les rétablit (décret du 28 mars 1815), mais il en fixa le nombre à sept, et divisa en autant d'arrondissemens les quatrevingt-sept départemens de l'empire. Attachés au ministère de la police générale et mis à la disposition du ministre de ce département, leur traitement fut fixé à 15,000 francs, non compris les frais extraordinaires de tournées et de bureau, et le ministre put, au besoin, leur conférer, pour un temps limité, les fonctions des anciens directeurs-généraux de police. Par la nature de leurs fonctions, et d'après les dispositions du décret du 25 mars 1811, ces officiers pouvaient faire des ordonnances et arrêter, même hors les cas de flagrant délit, et, en outre, employer à leur gré le fonds secret confié à leur zèle ; mais ils devaient surveiller l'esprit national, la librairie, l'instruction publique, les associations politiques et re

ligieuses rendre des comptes secrets, et exécuter les ordres du ministre. ·

Un décret du 4 mai 1815 créa un huitième lieutenant de police, qui eut dix départemens de ceux compris dans les cinquième, sixième et septième arrondissemens.

Enfin, deux autres décrets, des 19 et 25 du même mois, établirent deux lieutenans extraordinaires de police pour les villes de Perpignan et de Chambéry.

Lors de la seconde restauration (juillet 1815), toutes ces lieutenances de police furent supprimées.

ALBERT
(JOSEPH-FRANÇOIS-YLDEFONSE-RÉMOND).

D'abord maître des requêtes, puis conseiller-d'état, Albert fut nommé lieutenant-général de police de la ville de Paris le 14 mai 1775, et n'en rem→ plit les fonctions que jusqu'au mois de juin 1776 :: il avait succédé à Lenoir, Lenoir lui succéda.

Les historiens et les biographes n'ayant donné autre chose de ce magistrat que son nom, je le cite ici pour mémoire, me bornant à rapporter la lettre suivante :

M. Albert aura pour agréable de mander les syndics et adjoints de la librairie, et de leur dire que l'intention du roi est qu'il ne soit imprimé aucun

mémoire dans l'affaire du sieur Tort contre le sieur de Guigues, dans le cas même où il y aurait appel de la sentence du Châtelet rondue sur cette affaire. A Versailles, le 13 août 1775.

Signe, HUE DE MIROMÉNIL..

Aucun écrit ne fut publié, Albert ayant obtempéré aux ordres de monseigneur le garde-des

sceaux.

ARGENSON

(MARC-RENÉ, Voyer de Paulmy, vicomte de Mouzé, baron de Weil, seigneur de Bailiolière, de Draché, etc., chevalier et marquis D').

Ce magistrat, qui a laissé des traces de son passage parini nous, vit le jour à Venise, le 4 novembre 1652.

Le père de cet enfant, René de Voyer, comte d'Argenson, était alors ambassadeur auprès de cette république, continuant ainsi dans sa personne une dignité dont son père avait été revêtu.

Pour prouver sa satisfaction à René de Voyer, par une bienveillance toute spéciale, la sérénissime république voulut être la marraine du nouveau-né ; elle le fit chevalier de Saint-Marc, et le procurateur Contarini, qui le tint sur les fonts le 8 janvier 1655, lui donna au baptême le nom de cet évangéliste.:

Il fit le serment d'avocat au parlement le 12 no

vembre 1669; fut reçu chevalier de l'ordre de SaintLazare le 8 janvier 1677, et lieutenant-général du bailliage d'Angoulême le 9 août 1679.

Ce qui faisait alors l'éloge des qualités de ce jeune. homme, c'est l'amitié que ne cessait de lui montrer Lefèvre de Caumartin (1), qui,'allié de Pontchartrain, contrôleur-général des finances, et plus tard chancelier, le mit en rapport avec ce ministre.

Bientôt après, d'Argenson se défit de sa charge de lieutenant-général au bailliage d'Angoulême, et obtint la main d'une sœur de Caumartin (2).

Pontchartrain approuva ce mariage, qui, avec le secours de quelques amis, mit d'Argenson en état d'acheter une charge de maître des requêtes, sans laquelle, dans ce temps-là, on ne pouvait parvenir à rien. Cette acquisition eut lieu au mois de mars 1694.

Le nouveau maître des requêtes fit naître une idée telle de sa capacité que, deux ans plus tard, le 29 janvier 1697, Pontchartrain obtint facilement sa nomination de lieutenant-général de police de Paris,

(1) Louis-Urbain Lefèvre de Caumartin, conseiller au parlement, maître des requêtes, intendant des finances, conseiller-d'état; magistrat rempli d'esprit, de jugement et de droiture; élève de Fléchier; protecteur de Voltaire.

(2) Marguerite Lefèvre de Caumartin, seconde fille de Louis-François Lefèvre de Caumartin, conseiller-d'état; mariée le 14 janvier 1693, et morte de la petite vérole le 1o août 1719, âgée de quarante-sept ans.

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