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>> Le comité de Saint-Étienne-du-Mont se plaît à >> publier que votre nom, attaché par la renommée » à la gloire des sciences et des lettres, devait >> l'être encore par le patriotisme à l'époque la >> plus mémorable de notre histoire. Recevez nos hommages, puisque vous remplirez nos espé>> rances; et si, après l'intérêt public qui nous » amène vers vous, Monsieur, il m'est permis de » vous parler des sentimens qui me sont particu» liers, souffrez que je m'applaudisse de n'avoir >> pas attendu le moment actuel pour dire haute>>ment que la France pouvait compter sur un >> homme de bien et sur un grand homme de plus. » J'ai répondu :

« Messieurs, le district de Saint-Étienne-du>> Mont me donne un témoignage qui me flatte et » qui m'honore. Veuillez bien lui porter l'expres»sion de ma reconnaissance et de mon respect. » Pour vous, Monsieur (à M. Roucher), je vois que » vous avez une grande influence sur votre district, >> puisque vous lui avez fait passer vos sentimens » pour moi. »

Dimanche 19 juillet.

Instruit que M. de La Fayette, outre la démarche que nous avions faite tous deux à l'assemblée des électeurs, pour la prier de demander aux districts de délibérer sur notre nomination, avait cependant aussi écrit une circulaire à ces districts pour leur faire la même demande; je m'empressai de leur écrire une circulaire semblable, et j'en fis part à l'assemblée.

On avait arrêté la veille un cocher de M. de Saint-Priest menant une voiture à quatre chevaux il n'avait pas voulu répondre, il avait tenté de se sauver; devenu suspect, on avait tiré sur la voiture et tué un des chevaux. Le cocher avait éte mené en prison; M. de Saint-Priest, nommé ministre de Paris, m'écrivit pour le réclamer. L'assemblée ordonna qu'il serait rendu à M. de SaintPriest, ministre citoyen. M. de Saint-Priest, ministre citoyen! je n'y ai jamais eu de foi.

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Nous eûmes communication d'un arrêté du district des Blancs-Manteaux, portant la détermination d'empêcher dans son sein la naissance ou la continuation de toute association, excepté celle des districts. Cet arrêté était sage, mais ce district faisait alors ce que l'Assemblée constituante longtemps après n'a pas osé faire.

Le comité militaire a été formé et établi.

Il a été arrêté que les spectacles seraient rouverts le lendemain, et la première représentation. au profit des pauvres.

Lundi 20 juillet. — M. le duc de Liancourt, président de l'Assemblée nationale, eut l'attention de mander au comité permanent, que M. Dufresne de Saint-Léon venait d'écrire qu'il n'avait trouvé ni M. ni Mme Necker à Bruxelles, et qu'il le suivait sur la route de Francfort.

On était fort impatient à Paris, et de nouvelles et du retour de ce ministre. Le comité fit imprimer et afficher la lettre de M. de Liancourt.

Il a été arrêté que la bourse serait rouverte demain avec une garde du district des Filles-SaintThomas.

L'Hôtel-de-Ville de Paris était le centre commun; tout y aboutissait. Les municipalités des environs venaient demander des ordres ; les villages voisins, des conseils pour leur administration civile et militaire. On répondait aux unes que la municipalité de Paris n'avait point d'autorité sur elles; aux autres que, n'ayant point encore d'administration légale, il était impossible d'indiquer des formes qu'on ne connaissait pas encore soi-même. Mais il résultait toujours de cette déférence des villages et même des villes autour de Paris, que nous jouissions d'un trèsgrand crédit, et même d'une véritable autorité dont on peut dire que nous n'avons jamais abusé, Par exemple, le juge civil et criminel de la Villette nous renvoyait les prisonniers détenus dans les prisons de son tribunal, avec leurs interrogatoires, pour statuer sur eux ce que l'assemblée jugerait convenable. On croyait toutes les autorités suspendues, tous les tribunaux arrêtés dans leur cours. La ville de Paris semblait rester seule, et était seule consultée et obéie. On juge bien que l'assemblée a renvoyé au Châtelet et aux juges ordi

naires.

Les présidens de district voulaient donner l'ordre aux commandans des gardes nationales du district. L'assemblée consultée sur cet objet, et ayant con

sulté elle-même M. de La Fayette, il a été décidé au moins provisoirement que le commandant recevrait l'ordre et le mot de M. de La Fayette, et qu'il en donnerait communication au président, afin que celui-ci, par des dispositions particulières, ne contredît pas les dispositions générales du commandant en chef. Les principes sont simples, il n'y a point de gardes partielles dans l'armée parisienne. L'armée était une. La source des ordres devait être unique; mais le concert entre le président et le commandant était bon, et celui-ci devait déférer aux réquisitions de celui-là pour les choses instantes de police et d'ordre public.

Malgré l'arrêté pris la veille par l'assemblée, les spectacles n'avaient pas osé ouvrir aujourd'hui. Plusieurs districts avaient déclaré qu'ils ne souffriraient pas qu'on jouât avant le retour de M. Necker. Ce deuil public, raisonnable le premier jour, et qui n'aurait pas dû être prolongé, si la révolution ne fût survenue, devenait parfaitement ridicule : mais voilà ce qui arrive quand tout le monde commande; chacun veut primer par le patriotisme et le zèle; celui qui propose le plus est le plus appuyé, et on administre à l'enchère. Nous supportions facilement tous ces troubles dans notre administration, et cet empiètement sur l'autorité municipale et unique, parce que d'abord elle n'était pas encore légalement organisée, et parce que nous supposions que cette insubordination et cette manie d'ordonner ne passeraient pas les premiers

par

jours de la révolution. M. de La Fayette assura qu'une garde, moitié soldée, moitié citoyenne, répondait de la sûreté aux spectacles. La nécessité de prouver, en les ouvrant, que en les ouvrant, que l'ordre était rétabli, le soulagement des pauvres dépendant des premières représentations à leur profit, tout cela détermina l'assemblée à prononcer absolument que les spectacles seraient rouverts le lendemain, et ils le furent.

M. de Saint-Priest m'a notifié, et j'ai fait part à l'assemblée de sa nomination au ministère de la maison du roi et de Paris, s'il y avait encore un ministre de Paris. Je pensais alors que le véritable était le maire de Paris. M. de Saint-Priest fut encore qualifié sur le procès-verbal de ministre citoyen.

Le soir on m'amena au comité des subsistances deux officiers municipaux de Compiègne, qui vinrent m'instruire que M. Berthier, intendant de Paris, y avait été arrêté et y était détenu; ils ne me dirent pas d'abord qu'ils avaient une lettre pour l'assemblée, et ils me demandèrent en propres termes ce que je voulais que l'on fit de M. Berthier. Je regardai cette arrestation comme un malheur, parce qu'il y avait danger pour lui à le faire amener à Paris, et danger pour ceux qui donneraient l'ordre de le relâcher. Je me gardai bien de me charger de rien à cet égard sur ma responsabilité, ni de proposer aucune décision. Je les renvoyai à l'assemblée; c'est alors qu'ils me dirent

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