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bondance est le fruit d'une liberté protégée avec prudence, & la gêne qui n'eft pas fondée fur des raifons effentielles, fera toujours un obstacle infurmontable pour faire quelques progrès, en quoi que ce foit; ceffez de molefter le laboureur; ne l'aviliffez plus en méprifant fon état; & ne faites plus fervir fa laborieufe industrie à engraiffer ou des fainéans, ou du moins des gens inutiles; ne l'opprimez. plus par les taxes difproportionnées au produit de fes terres, & établiffez une jufte égalité entre la valeur des denrées de premiere néceffité, & la valeur de tout ce qui eft à l'usage de l'homme pour le nourir, le couvrir & le loger; que l'exemple de quelques peuples vous apprenne, que votre bonheur dépend de la conduite. que vous tiendrez avec le cultivateur; & que tant qu'il fera miférable, vous portagerez fa mifere, quelque précaution que vous preniez pour l'écarter de vous. Ce petit nombre de fages n'a cellé pendant plufieuts fiécles, da publier les mêmes vérités, qu'un aveuglement qu'on ne fauroit définir, a fait dédaigner, & même

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confidérer comme contraires à la bonne police de notre Gouvernement; la peur, qu'un malheureux préjugé avoit fait paffer des peres aux enfans, nous offufquoit les yeux, & nous faifoit regarder comme un véritable bien ce qui étoit la caufe de tous nos maux. Heureufement cet efprit de vertige s'eft diffipé, & il est entré des fages dans le Confeil de notre bon Roi, qui n'avoit befoin que d'être fecondé pour rendre fon peuple plus heureux. Ces fages ont diffipé les fauffes lueurs qui nous avoient éblouis & égarés jufqu'à préfent. La vive lumiere qu'ils ont répandue fur ce qui couftitue notre véritable intérêt, nous a deffillé les yeux; & nous avons vu clairement combien nos principes étoient faux ; & la loi, qui, après la faveur accordée à l'agriculture par la libre circulation des grains dans toutes les Provinces du Royaume, en a permis l'exportation à l'étranger, nous a comblés de joie; loi précieufe & à jamais glorieufe pour toute la nation; jufte dans toutes fes parties, & conçue avec une fageffe qui méritera l'admiration des fiecles à venir.

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EDIT

DURO I,

Concernatt la liberté de la Sortie & de l'Entrée des Grains dans

te Royaume.

Donné à Compiegne au mois de Juillet 1964. Regiftré en Parlement

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OUIS, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navare: » A tous préfens & à venir, SALUT. » L'attention que nous devons à tout » ce qui peut contribuer au bien de "nos Sujets, nous porté à écouter

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favorablement les voeux qui nous » ont été adreffés de toutes parts » pour établir la plus grande liberté » dans le commerce des grains, & révoquer les loix & les réglemens qui auroient été faits précédem»ment, pour le reftreindre dans » des bornes trop étroites. Après avoir

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pris les avis des perfonnes les plus éclairées en ce genre, & en avoir mûrement délibéré en notre Confeil, nous avons cru devoir déférer aux inftances qui nous ont été faites pour, la libre exportation & importation des grains & farines, comme propre à animer & à étendre la culture des terres, dont le produit eft la fource la plus réelle & la plus fûre des richeffes d'un Etat, à entretenir l'a bondance par les magasins, & l'entrée des blés étrangers, à empêcher que les grains ne foient à un prix qui décourage le cultivateur, à écarter le monopole par l'exclufion fans retour de toutes permiffions particulieres & par la libre & entiere concurence dans ce commerce; entretenir enfin entre les différentes nations cette communication d'échanges du fuperflu avec le néceffaire fi conforme à l'ordre établi par la divine providence, & aux vues d'humanité qui doivent ani, mer tous les Souverains. Nous avons reconnu qu'il étoit digne de nos foins continuels pour le bonheur de nos peuples, & de notre juftice pour les propriétaires des terres & pour les

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fermiers, de leur accorder une liberté qu'ils defirent avec tant d'empreffement, & nous avons même cru devoir mettre par une loi folemnelle & perpétuelle, les marchands & négocians à l'abri de toure crainte de retour aux loix prohibitives. Mais pour ne laiffer aucune inquiétude à ceux qui ne fentiraient pas encore affez les avantages que doit procurer la liberté d'un tel commerce, il nous a paru néceffaire de fixer un prix au grain, au-delà duquel toute exporta tion hors du Royaume en feroit interdite, dès que le blé feroit monté à ce prix; & comme nous ne devons. négliger aucune occafion d'exciter l'in duftrie, nous avons réfolu de favori fer en même temps la navigation françoife, en affurant aux vaiffeaux & aux équipages françois exclufivement à tous autres, le tranfport des grains exportés. A ces caufes, & autres.

ce nous mouvant, de l'avis de notre Confeil, & de notte certaine fcience, pleine puiffance & autorité Royale nous avons par le préfent Edit perpétuet & irrévocable, dit, ftatué & ordonné difons, ftatuons & ordonnons , Your lons & nous plaît ce qui fuit ;

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