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exporter defdits grains, quoique l'exportation fût libre pour tous les autres; mais fi les bleds du Royaume, à caufe de leur abondance, pouvoient être exportés à l'étranger en payant un droit de fortie, pour lors ce droit devoit être payé au bureau, ou au plus prochain du lieu de l'enlevement, foit par mer, foit par terre, autrement étant envoyé à Marfeille, comme pays étranger, ils auroient joui d'une faveur dont les autres bleds du Royaume auroient été privés.

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Je rapporte ici l'Arrêt du 8 Décem

bre 1723 tout y eft prevu, & tout y eft réglé avec tant de clarté qu'il n'a befoin que d'être lu bien attentivement.

EXTRAIT

DES REGISTRES

DU CONSEIL D'ETAT, Du 8 Décembre 1723.

Vû au Confeil d'Etat du Roi, la requête préfentée par les Echevins de la ville de Marseille, par laquelle ils repréfentent que le terroir de cette ville ne fourniffant que le quart des grains néceffaires à la fubfiftance des habitans, ils fe trouvent fouvent en peine au fujet du bled, d'autant mieux que par les anciens ftatuts & coutumes de ladite ville,n'étant pas permis de faire fortir les bleds qui y font entrés; ceux qui font le commerce des grains, & qui en envoient chercher dans les pays étrangers, craignant de ne pouvoir pas les vendre auffi avantageufement qu'ils feroient s'ils l'envoyoient en d'autres Places de la Méditerranée, donnent ordre anx Capitaines & Patrons de

leurs

Tears Bâtimens, de n'y point aller faire leur déchargement, mais d'attendre leurs ordres en d'autres Ports qu'ils leur indiquent, & d'où les Bâtimens ont la liberté de fortir; & comme cés négocians font informés par leurs correfpondances du prix des grins dans tous les ports de la Méditerrannée ils ne les font aller à Marseille que lorfque le bled s'y vend plus avantageufement qu'ailleurs; ce qui n'arriveFoit pas fi la fortie du bled par mer étoit permife dans Marfeille; parce qu'alors lefdits négocians ordonneroient aux Capitaines & Patrons de leurs navires d'y aller faire leur débarquement, dans l'affurance qu'ils auroient la liberté de les envoyer de Marseille aux autres lieux, où ils fauroient qu'ils pourroient en avoir un plus haut prix; lefdits Echevins repréfentant encore que par cette fortie libre, ils attireroient un grand commerce de grains, dans la ville de Marseille, qui par fa fituation avantageufe & par le prompt débouché qui s'y fait de toutes fortes de marchandifes & denrées, y attire les étrangers; qu'ils procureroient de l'occupation à une grande quantité de gens Tome II. Р

de travail dont cette ville est peuplée; que par-là il y auroit une abondance continuelle de grains; qu'ils en pourroient faire tous les ans une provifion par précaution, & la feroient enfuite prendre par les boulangers à la fin de chaque année, en la faifant renouveller tous les ans par des bleds nouveaux ; qu'ils pourroient même, en cas d'apparence de difette, retenir les bleds qui leur feroient néceffaires pour la fubfiftance des habitans, au prix dont ils conviendroient de gré à gré avec les propriétaires des grains que l'on voudroit envoyer ailleurs, aucun bâtiment ne pouvant fortir du port fans leur permiffion; au moyen de quoi lefdits Echevins pourroient, avec des frais très-médiocres, avoir toujours fuffifamment des grains dans ladite ville, pour ne fe trouver jamais en peine au fujet de la difette, furtout fi cette adminiftration étoit bien réglée, & conduite avec économie, ainh qu'il arriva en l'année 1709, par l'at tention du bureau d'abondance que le defunt Roi avoit établi; mais que la plupart de ceux qui formoient ce bureau étant morts, lefdits Echevins re

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queroient qu'il plût à Sa Majefté de renouveller ce bureau d'abondance & de former unréglement, pour, avec le Confeil du bureau, pouvoir prendre les expediens néceffaires, afin de parvenir à avoir toujours une quantité de grains fuffifante pour ne pas craindre la difette: A quoi Sa Majesté voulant pourvoir; vû l'avis du hieur. Lebret, Premier Préfident & Intendant en Provence. Oui le rapport du fieur, Dodun, Confeiller ordinaire au Confeil royal, Contrôleur Général des Finances, Sa Majefté étant en fon Confeil, a ordonné & ordonne:

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ARTICLE

PREMIER.

Que le bureau d'abondance de la ville de Marfeille fera rétabli & compofé de douze perfonnes, favoir: des quatre Echevins qui fe trouveront en place, des fieurs de Jarente la Bruyere, de Candole, Pierre Remuzat, JeanBaptifte Saint Michel, Nicolas Compian, Guillaume Aillaud, Jean Cordier & Balthazar Paul; & en cas de ou empêchement de quelqu'un d'eux, il fera remplacé par le fieur Contrôleur général des finances,

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