Page images
PDF
EPUB

COPIE

DE LA LETTRE

DU ROI

Ecrite aux Archevêques &
Evêques de fon Royaume.

M.

Vous êtes inftruit du brigandage inouï qui s'eft exercé fur les blés autour de la Capitale, & prefque fous mes yeux à Verfailles, & qui femble menacer plufieurs Provinces du Royaume: S'il vient à s'approcher de votre Diocefe, ou à s'y introduire, je

ne doute pas que vous n'y oppofiez tous les obstacles que votre zele, votre attachement à ma Perfonne, & plus encore la Religion fainte dont vous êtes le Miniftre, fauront vous fuggérer. Le maintien de l'ordre public eft une loi de l'Evangile, comme une loi de l'Etat ; & tout ce qui le trouble, eft également criminel devant Dieu & devant les hommes.

J'ai pensé que dans cette circonftance il pourroit être utile que les Curés de mon Royaume fuffent inftruits des principes & des effets de ces Emeutes; & c'est dans cette vue que j'ai fait dreffer pour eux l'inftruction que je vous envoie, & que vous aurez ・foin d'adreffer à ceux de votre Diocefe. Les connoiffances qu'elle renferme, mifes par eux fous les yeux des peuples des peuples, pourront les

a

préferver de la fédition, & les empêcher d'en être les victimes ou les complices.

་་

Je compte que vous y joindrez de votre part toutes les inftructions que les circonstances vous feront juger néceffaires. Je fuis bien perfuadé que je n'ai rien à preferire à votre zele; mais fi le defir de m'être agréable peut l'accroître, foyez sûr qu'on ne peut mieux me fervir & me plaire, qu'en préservant les peuples de tout malheur; & pardeffus tout, de celui d'être coupables · dans un moment, où pour leur intérêt même, il ne me feroit pas permis d'ufer d'indulgence. La préfente n'étant à autre fin, je prie Dieu, M...... qu'il vous ait en fa fainte garde. Ecrit à Verfailles le Mai 1775.

[ocr errors]
[ocr errors]

INSTRUCTION

INSTRUCTION

Envoyée par ordre de Sa Majesté à tous les Curés de fon Royaume.

A MAJESTÉ a ordonné que les brigandages qui dévastent ou menacent plufieurs Provinces de fon Royaume, fuffent réprimés par des punitions promptes & févéres. Mais fi elle a été forcée d'y avoir recours pour diminuet le nombre des coupables, & en arrêter les excès, Elle eft encore plus occupée d'empêcher qu'aucun de fes fujets ne le devienne; & fi Elle peut y parvenir, le fuccès de fes foins fera d'autant plus confolant pour Elle, qu'Elle eft plus vivement affligée des mefures rigoureufes, que les circonstances ne lui permettent pas de négliger.

C'est dans cette vue que Sa Majesté a jugé à propos de faire adreffer la préfente inftruction aux Curés de fon Royaume.

Tome II.

N

1

Elle a déjà éprouvé l'utile influence de plufieurs d'entr'eux dans des Paroiffes dont quelques habitans entraînés à la révolte par des impreffions étrangeres, mais ramenés. par les exhortations de leurs pasteurs, à leur devoir & à leur véritable intérêt, se font empreffés de remettre eux-mêmes, les denrées qu'ils avoient enlevées, & de porter aux pieds des Autels, le repentir de leurs fautes & des prieres ferventes pour leur Roi, dont on avoit ofé, pour les féduire infulter & rendre fufpecte

la bonté.

2

Sa Majefté fe promet le même zele des autres Curés de fon Royaume, La confiance des peuples eft le prix naturel de leur tendreffe de leur affection & de leurs foins; & lorfqu'aux vérités faintes de la Religion qui proferit tout trouble dans l'Ordre public, & toute ufurpation du bien d'autrui, ils joindront la terreur des peines impofées par les loix civiles, contre le vol & la fédition; des avis falutaires fur les dangers & les malheurs du brigandage, & fur-tout les affurances de la bonté du Roi, qui n'est

« PreviousContinue »