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même il auroit été converti en farine, de retourner à l'étranger; pour lors l'exportation peut en être faite en exemption de tous droits, fur toutes fortes de navires & de barques.

La publication de l'Edit de 1764 avoit répandu l'alegreffe dans toutes les Provinces du Royaume; la joie fut générale ; & chacun béniffoit la main qui l'avoit figné: on fe félicitoit d'avance, tant l'efpérance de devenir riche flattoit les defirs de tous; on croyoit déja l'être; tous les Parlemens du Royaume s'emprefferent de l'enregistrer; & jamais loi n'a été reçue avec plus d'applaudiffement; on regarda la faveur de l'exportation comme un bien fi effentiel, que dans les árrêtés de l'enregistrement, on fupplioit le Roi, d'étendre cette faveur

de ne pas la reftreindre à quelques Ports on auroit voulu même, s'il avoit été poffible, convertir en Ports de mer toutes les rades & les caranques du Royaume; on calculoit d'avance les profits immenfes que la na-' tion feroit avec l'étranger; & le cal-' cul étoit jufte; mais il falloit établir auparavant, que nous avions un fu

perfu en grains fnffifant pour le faire exporter de tous côtés, fans nous réduire nous-mêmes dans un état d'indigence: rien de plus favorable que l'expor tation, fi nous avons du fuperflu; rien de plus nuifible, fi nous n'avons que les grains néceffaires à notre fubfiftance; c'eft un principe dont il ne faut jamais fe départit. On avoit oublié dans l'Edit de 1764 de faire mention du biscuit dont les navires font provifion, fuivant la longueur des voyages; on y remédia tout de fuite; & par décifion du 30 juillet 1764, il fut ordonné que le bifcuit pourroit être embarqué pour les pays étrangers, en payant feulement fix deniers par quintal poids de marc; la modicité du droit fait affez connoître combien on defireroit qu'il en pafsât à l'étranger; effectivement des que le bled pouvoit fortir, il y avoit bien plus d'avantage à faire fortic le bifcait, puifque par-là, outre le běnéfice qu'on devoit faire fur le bled, on faifoit gagner encore les meuniers & les boulangers. La pofition de quelques lieux dont la communication avec. l'étranger ne pouvoit être empêchée que difficilement, les fit déclarer pays

étranger, comme on l'avoit déja fait pour le port & ville de Marfeille; ce fut par décifion du 26 janvier 1765, que l'ifle de Noirmoutiers fut déclarée pays étranger par rapport au Commerce des grains; & par une autre, décifion du 31 octobre 1766, il eft ordonné que les bleds qui iront à l'ifle de Bouin, à l'lfle- Dieu, & Belle-Ifle, acquitteront les droits comme s'ils étoient exportés à l'étranger; & que par conféquent venant de ces lieux dans le Royaume, ils payeront le droit. d'entrée. Si d'un côté quelques lieux fürent déclarés pays étrangers pour le commerce des grains, la ville de Bayonne, qui, par la franchife de fon Port, paroiffoit devoir fuivre le fort de celui de Marfeille, confentit que l'Edit de juillet 1764, y eût fa pleine exécution, de forte que, quoique Port franc pour bien d'autres objets, elle ceffa de l'être pour le comimerce des grains, & préférât de jouir de la faveur de la circulation dans le Royaume, à sa franchife; ce qui fût confirmé par décifion du Confeil du 2 octobre 1765. Il n'y a pas de doute que cette Ville crut y trouver un avantage; mais s'il y en avoit un pour

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l'Etat, la queftion eft difficile à réfoudre, & demanderoit une longue difcution. Il paroît d'abord que l'uniformité eft un grand bien; mais 'c'eft auffi un grand 'bien d'avoir des entrepôts à portée de nous fecourir dans le befoin; car de recourir à l'étranger, quand on fe trouve dans la néceffité le remede arrive fouvent bien tard. Nous avions mal calculé lors de la publication de l'Edit de 1764; nous avions eu une abondante récolte, & nous nous imaginions que les fuivantes ne feroient pas moins abondantes; nous avions compté tous feuls, & il fallut révenit fur nos pas. Le prix du bled augmenta, & quelques Provinces en manquerent, peut-être par l'avarice de ceux qui en avoient en abondance, & le cachoient dans des magafins, dans l'efpérance de le vendre chérement dans un temps de néceffiré caufe que je ne veux pas examiner. L'exportation fut prohibée en 1766; la confternation devint générale, & la peur recommença à nous faifir & groffiffoit le mal; les Commis prépofés à la fortie du Royaume, empêchoient de fortir tout ce qui avoit

quelque rapport avec le bled, contre l'intention du Confeil, qui n'avoit prohibé que l'exportation à l'étranger des feuls bleds, fromens, feigles & méteils; il fallut une nouvelle décifion qui permît d'envoyer à l'étranger comme auparavant, les farines, les menus grains, graines, grenailles & légumes, conformément aux difpofitions des Arrêts des 27 mars & 21 novembre 1763, & 21 janvier 1674, que l'Edit de juillet 1764 n'avoit point annullé, en payant les droits ordonnés. Il ne fera pas hors. de place de mettre ici un petit tableau des droits d'entrée de tous les grains qui entrent dans le Royaume, & ceux de fortie de ce qui va à l'étranger ou à Marseille.

TABLEAU DES DROITS,

Entrée dans le Royaume.

L'entrée eft permife par toutes fortes de Bureaux, tant par mer que par

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