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le glaive, où les victimes humaines ont été égorgées par milliers. Les barbares l'appellent l'autel de la liberté, et le dirai-je ? cet autel, c'est la hideuse guillotine!

1. Seize mois de la révolution et les révolutionnaires, 1831, par N. A. de Salvandy.

e que la Restauration n'a pas osé faire, ce que la royauté de 1830

n'a pas voulu faire, nous l'entre

prenons; car le moment est venu d'accomplir l'œuvre de réparation que la mémoire de la reine Marie-Antoinette attend depuis plus de soixante ans. Nous n'avons point à nous occuper de toutes les accusations entassées par Fouquier-Tinville dans son réquisitoire ; le bon sens en a fait justice depuis longtemps, elles sont toutes à la hauteur de celles relatives à la conspiration du 10 août.

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Que la veuve Capet a médité et combiné avec ses perfides agents l'horrible

conspiration qui a éclaté dans la journée du 10 août, laquelle n'a échoue que par les efforts courageux et incroyables des pa

triotes.

pas

Fouquier-Tinville ne produisit pas de preuves, il n'en avait besoin avec le jury choisi par la Commune de Paris à : quoi bon des preuves? La reine est condamnée d'avance, la guillotine est commandée, le bourreau attend. La Convention ne croyait pas aux crimes de Marie-Antoinette, mais elle voulait que la populace y crût, et plus ils présentaient d'invraisemblance, plus la populace devait y croire. La populace des faubourgs était beaucoup moins frappée de la criminalité des complots politiques attribués à la reine, des influences que le réquisitoire lui reprochait d'avoir exercées, que des absurdités calomnieuses dont on la chargeait, comme d'avoir accaparé les grains pour produire, en 1789, une disette à Paris, d'avoir mâché les car

touches des Suisses, la veille du 10 août, et d'avoir fait passer deux cents millions à l'empereur son frère 1.

Ces stupides accusations sont aujourd'hui appréciées à leur juste valeur, nous ne nous y arrêterons pas2. Il fallait des jurés choisis

que

l'em

1. « René Millot, fille domestique (témoin à charge dans le procès de la reine). « Me trouvant de service au grand commun de Versailles, je pris sur moi de demander au ci-devant comte de Coigny, que je voyais un jour de bonne humeur : « Est-ce < pereur continuera toujours à faire la guerre au « Turc? Mais, mon Dieu, cela ruinera la France « par le grand nombre de fonds que la reine fait « passer pour cet effet à son frère, et qui en ce mo«ment doivent au moins se monter à deux cents << millions. Tu ne te trompes pas, me répon‹ dit-il, oui, il en coûte déjà plus de deux cents « millions, et nous ne sommes pas au bout. » (Mémorial révolutionnaire de la Convention, etc., par G. V. Vasselin. Paris, an v (1797), tome II, p. 312, 313.

2. Des témoins appelés à charge, la plupart déclarèrent n'avoir aucune connaissance des faits portés en l'acte d'accusation. Quatre ou cinq seulement, Laurent Lecointre, député de Seine-et-Oise; Labenette, ancien caporal, congédié avec une cartouche jaune;

avec soin pour en tenir compte, et il fallait aussi des juges qui ne craignissent pas la honte pour oser signer de leurs noms le jugement du 16 octobre. Les noms de ces juges et de ces jurés doivent être conservés pour la postérité, les voici :

Juges: Amand-Martial Hermann, président. Étienne Foucauld.

Joseph

François-Ignace Dauzé-Verteuil.-MarieJoseph Lane.-Greffier: Joseph Fabricius. Jurés Ganney, perruquier. Martin Nicolas, imprimeur. Châtelet, peintre. -Grenier Trey, tailleur. - Antonelle, ex-député. Souberbielle, chirurgien.

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Trinchard, menuisier.

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Sourdeuil, exhuissier. Gémon. Davez. Suard. La Convention voulait avant tout dés

Hébert, substitut du procureur de la Commune; Michel Cointre, employé au bureau de la guerre ; Millot, fille domestique; Roussillon, chirurgien et canonnier, essayèrent de donner quelque consistance au récit fabuleux de Fouquier-Tinville. » (Mémorial révolutionnaire de la Convention, etc., par G. V. Vasselin. Tome II, p. 309, 310.)

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