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un peuple dont les idées morales et politiques étaient faussées, dont les croyances religieuses étaient ébranlées. Comme toutes les corruptions s'enchaînent, à l'époque où la reine Marie-Antoinette arriva jeune et pure dans la société française, les femmes de cette société, qui se piquaient seulement de sensualisme, rêvaient doucement à la lecture des romans de Crébillon ou de Didetandis que celles qui aspiraient au titre de bel esprit se faisaient une joie littéraire des turpitudes que Voltaire prodigue pendant tout un long poëme à la mémoire de l'héroïne la plus sainte de la France.

rot,

Du 10 mai 1774 au 16 octobre 1793, la reine Marie-Antoinette eut dix-neuf ans pour

chesse d'Enville, presque entièrement composée de philosophes réformateurs. Il avait été fêté, cajolé par tous ces personnages, si élevés alors au-dessus de lui, il était devenu surtout l'ami particulier du duc d'Aiguillon, de MM. de Lameth et de M. de Laborde. » (Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad, de Bacourt, tome I, p. 219, 220.)

marcher vers son échafaud; elle eut dix-neuf ans à supporter les insultes et les calomnies le moment est aujourd'hui venu de balayer toute cette boue.

onsieur Sénac de Meilhan fit im

M

primer à Hambourg, en 1795, un

livre qui a pour titre : Du gouver

nement, des mœurs et des conditions en France avant la révolution ; dans le chapitre qu'il y consacre au roi et à la reine, nous trouvons la phrase suivante qui semble une prévision prophétique des jugements erronés dont la mémoire de la reine Marie-Antoinette à taut à souffrir'; voici ce que nous lisons, en effet, à la page 38 de cet intéressant volume.

1. « Depuis la liberté de la presse, d'infâmes libelles, de coupables écrits ont peint la reine à la nation comme une Frédégonde impure, s'accommodant de

« Qui peut assurer que la postérité n'adoptera pas une partie des atroces imputations faites à la reine, et consignées dans mille affreux libelles? >>

En effet, les affreux libelles dont parle M. Sénac de Meilhan ont porté leur fruit; il est resté quelque chose de leurs calomnies sur la mémoire de la reine, et ces calomnies dénuées de preuves la ternissent cependant comme une vapeur de soupçon, presque aussi nuisible que la conviction même.

Personne ne peut nier l'héroïsme de la reine Marie-Antoinette', son dévouement au roi son mari, sa tendresse sans borne pour ses enfants, sa noble attitude devant la mort, non pas pendant une minute, non

tous les sexes, souillée de tous les vices, et cause unique des calamités de l'empire. » (Correspondance d'un habitant de Paris, avec ses amis de Suisse et d'Angleterre, sur les événements de 1789, 1790,' et jusqu'au 4 avril 1791. Paris, M. DCCXCI, p. 179.)

1. « La reine est le seul homme que le roi ait près de lui. » (Mirabeau.)

pas pendant une heure, mais pendant quatre ans; reine elle a grandi dans la prison à travers mille douleurs que le cœur humain ose à peine sonder; femme elle a élevé son courage au-dessus des forces de la femme, à la hauteur du courage le plus viril.

Aussi M. Chauveau-Lagarde, son défenseur, put-il justement s'écrier :

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Je ne suis, dans cette affaire, embarrassé que d'une seule chose; ce n'est pas de trouver des réponses, mais une seule accusation vraisemblable. »

Nous aussi, nous sommes embarrassé de n'avoir à répondre à aucune accusation vraisemblable, et de nous trouver, comme nous le disions en commençant cette notice, en présence de jugements qui ne reposent sur aucune preuve. Lorsque le jour de l'impartialité sera enfin venu, quel ne devra pas être l'étonnement de nos neveux en lisant les accusations dirigées contre la dernière

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