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l'instruction de l'avenir comme pour l'instruction du présent, aux Césars de la Terreur ce qui appartient aux Césars de la Terreur 1.

Les plus mauvais Jacobins de cette époque de sang ne parlaient que de leur philosophie, et se vantaient de leur généalogie philoso

1. « La vraie monarchie n'est qu'une constitution imaginée pour corrompre les mœurs des peuples et pour les asservir, ainsi que les Romains le firent des Spartiates et des Bretons en leur imposant un roi ou un despote.» (Helvétius, de l'Homme, tome II, note sur la section Ix.)

« Si l'autorité des rois vient de Dieu, c'est comme les maladies et les fléaux du genre humain. » (J. J. Rousseau, Émile, tome IV.)

« Les rois sont des bêtes féroces qui dévorent les nations. » (Raynal, Histoire philosophique et politique, tome IV, livre XIX.)

<< S'il nous faut absolument des rois, au moins faut-il nous souvenir qu'un roi ne doit être autre chose que le premier commis de sa nation. » (Helvétius, de l'Homme.)

« Qu'est-ce donc que cet imbécile troupeau qu'on. appelle nation? peuples lâches, imbécile troupeau! vous vous contentez de gémir quand vous devriez rugir! Peuples lâches, stupides! puisque la conti

phique, Le 10 frimaire an 11, Isabeau, Chaudron-Rousseau, Beaudot et Tallien adressaient le rapport suivant au ministre de l'intérieur :

« Cette nuit plus de deux cents gros négociants ont été arrêtés, les scellés mis sur leurs papiers, et la commission militaire ne va pas tarder à en faire justice.

N

nuité de l'oppression ne vous donne aucune énergie; puisque vous êtes par millions, et que vous souffrez qu'une douzaine d'enfants (appelés rois), armés de petits bâtons (appelés sceptres), vous mènent à leur gré; obéissez, marchez, sans nous importuner de vos plaintes; et sachez du moins être malheureux, si vous ne savez pas être libres. » (Hist. polit. et philosoph. de Raynal.)

a Peu importe que les hommes soient vicieux, c'est assez s'ils sont éclairés. » (Helvétius, de l'Esprit, discours IX, chap. VI.)

« Les enfants ne doivent pas plus de reconnaissance à leur père pour le bienfait de la naissance, que pour le champagne qu'il a bu, ou pour les menuets qu'il a bien voulu danser. » (Toussaint, les Mœurs, partie III, art. 4.)

Toussaint, qui admettait Dieu et l'âme, fut surnommé par la secte encyclopédiste philosophe capucin!

« La guillotine et de fortes amendes vont opérer le scrutin épuratoire du commerce et exterminer les agioteurs et les accapa

reurs.

La raison fait ici de grands progrès, toutes les églises sont fermées, l'argenterie arrive en abondance à la Monnaie, et le décadi prochain nous célebrerons le triomphe de la philosophie. »

Un autre rapport, également du mois de frimaire an 11, s'exprime de la manière suivante sur la fête de la Raison et sur l'apostolat philosophique du représentant d'Artigoyte dans les départements du Midi :

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Après un repas lacédémonien, d'Artigoyte parcourt l'enceinte de la ville (Auch), arrache et foule aux pieds tous les signes fanatiques qu'il rencontre.

« De retour sur la place consacrée à la liberté, il assemble le peuple autour d'un bûcher couvert de titres féodaux et se fait amener dans un tombereau deux vierges à

miracles dans ce pays, les croix priucipales et les saints qui, naguère, recevaient l'encens des superstitieux: alors l'enthousiasme civique éclate, lê bûcher est allumé, et ces ridicules idoles y sont précipitées aux acclamations d'une foule innombrable.

« La carmagnole dura toute la nuit autour de ce brasier philosophique qui consumait à la fois tant d'erreurs. »

Ces saturnales sont prédites par Voltaire; le 2 mars 1764 il écrivait au marquis de Chauvelin :

« La lumière s'est tellement répandue de proche en proche, qu'on éclatera à la première occasion, et alors ce sera beau tapage. Les jeunes gens sont bien heureux, ils verront de belles choses! >>

Le 28 septembre 1763 il avait écrit à d'Alembert:

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zélés.

J'ai peur que vous ne soyez pas assež

Vous vous contentez de mépriser

un monstre (la religion) qu'il faut écraser et détruire. »

Cette idée de détruire la religion revient sans cesse dans la correspondance de Voltaire avec ses intimes: presque toutes ses lettres se terminent par ces mots :

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1. « Je voudrais mourir sur un tas de bigots, immolés à mes pieds. » (Lettre à d'Alembert, 20 avril 1761.)

<< Allons, brave Diderot, intrépide d'Alembert, joignez-vous à mon cher Damilaville; courez sus aux fanatiques et aux fripons; plaignez Blaise Pascal, méprisez Houteville et Abadie, autant que s'ils étaient Pères de l'Église. » (Lettre à Damilaville, 1762.)

« Damilaville doit être bien content, et nous aussi, du mépris où l'infáme est tombée chez tous les honnêtes gens de l'Europe: c'était tout ce qu'on voulait, et tout ce qui était nécessaire. On n'a jamais prétendu éclairer les cordonniers et les servantes, c'est le partage des apôtres. » (A d'Alembert, 2 septembre 1768.)

« Quelque parti que vous preniez, je vous recommande l'infame, il faut la détruire chez les honnêtes gens, et la laisser à la

canaille pour qui

elle est faite, » (A Diderot, 2 septembre 1762.)

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