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dans l'occasion comme un surcroît de lest devenu dangereux sur une mer en cour

roux.

Louis XVI et son fils le séparaient du trône et, malheureusement, les excès de la révolution pouvaient seuls lui en ouvrir le chemin obstrué par un roi et par un dauphin.

Quant à Mme Adélaïde, qui avait soumis, par son caractère impérieux, Mme Louise, Mme Victoire et Mme Sophie, ses trois sœurs, au despotisme de sa volonté, son ambition ne portait point ses visées aussi loin que celle de M. le comte de Provence. Mme Adélaïde ne combinait que des révolutions de palais, M. le comte de Provence attendait tout d'une révolution générale. Leurs buts si différents les rapprochaient parfois dans l'attaque, mais il faut dire, à la décharge de Mme Adélaïde, qu'elle ne soupçonna jamais les véritables sentiments de son allié; tous deux ennemis de MarieAntoinette, parurent enrôlés sous la même

bannière. Mme Adélaïde croyait être le chef d'une conspiration contre l'influence de la reine de France, elle ne fut, en réalité, qu'un instrument aux mains plus habiles de M. le comte de Provence.

Mme Adélaïde eut pour alliés les ministres qu'elle fit nommer contre le sentiment de la reine, les courtisans du règne précédent, les ennemis de M. de Choiseul, la cour dévote et la cour enchaînée dans les lois de l'étiquette, enfin, tous ceux qui ne voyaient la France que dans Versailles, tout ce qui frondait, tout ce qui murmurait, tout ce qui par sentiment de sénilité ou d'impuissance, de jalousie ou de regrets, faisait un crime à la jeunesse d'être jeune, et au siècle de se transformer. Mmes de Noailles et de Marsan servirent avec zèle les colères de Mme Adélaïde, elles furent ses agents dans les salons de la haute société ; les princes de Condé, tous les grands seigneurs et toutes les grandes dames, moins offensées de la royauté de Mme du Barry que

de la royauté de la fille de Marie-Thérèse, prêtèrent leur appui à cette croisade impie. M. le comte de Provence laissait faire et encourageait secrètement; il marchait, en apparence, sans parti, et dissimulait ses co

lères derrière les colères des autres.

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e désir de venger la mémoire de la reine des imputations calomnieuses qui n'ont eu, jusqu'à ce jour, que trop de puissance, ne nous entraînera point à des suppositions dénuées de preuves, pour découvrir les auteurs ou les propagateurs de ces calomnies; ce n'est point par des inductions plus ou moins habiles que nous établirons à notre tour l'acte d'accusation des accusateurs, mais par des faits, par les narrations des contemporains consignés dans leurs Mémoires, par les actes publics contre lesquels personne ne s'est inscrit en faux.

Longtemps la vertueuse et sainte Mme Éli

sabeth subit. l'influence de Mme Adélaïde, et si elle ne se montra pas l'ennemie la plus acharnée de sa belle-sœur, du moins eut-elle à se reprocher de ne point fermer son cœur aux soupçons injurieux que Mme Louise et la coterie de Saint-Denis cherchaient à y faire germer. Ses soupçons, ou plutôt ses inquiétudes ne se dissipèrent entièrement qu'au jour où la révolution, en épouvantant les courtisans, fit la solitude autour des princes; Mesdames étaient parties pour Rome, Mme Louise était morte, les princes rassemblaient les émigrés sur les bords du Rhin; il ne restait plus aux Tuileries que Louis XVI, MarieAntoinette, leurs jeunes enfants et Mme Élisabeth; alors les deux belles-sœurs virent sans intermédiaire, le noble caractère de la reine, son grand cœur, son complet dévouement au roi furent prouvés à Mme Élisabeth, elle comprit qu'elle avait été induite en erreur, et, sans vouloir accuser ceux qui avaient surpris sa bonne

se

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