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nette? Pour quelles expiations a-t-elle subi les cachots de la Conciergerie et l'échafaud de la place de la Révolution?

Marie Stuart, conduite en reine jusque sous la hache de l'exécuteur, est morte noblement et courageusement en reine, nous le reconnaissons encore; mais comment est morte Marie-Antoinette, cette pauvre reine que le dessin de David nous montre telle que les tortures de la révolution l'ont faite avant de l'abandonner au bourreau.

M

arie Stuart ne fut pas traînée au supplice au milieu des vociféra

tions de son peuple, ses femmes en pleurs attachèrent le fatal bandeau sur ses yeux, elle put entendre les gémissements de ses serviteurs, et elle eut enfin pour espérance et pour consolation de recevoir une hostie consacrée par le pape à son intention; la reine, liée sur une charrette, sans un serviteur, sans un ami, sans un vrai prêtre pour l'assister, mit deux heures à franchir la distance qui séparait sa prison de l'échafaud, teint encore du sang de son mari!

La reine, comme nous l'avons déjà raconté, ne voulut jamais consentir à s'éloi

gner de Louis XVI, et elle n'eut pas la douloureuse satisfaction de le précéder dans la mort; elle fut victime par fidélité à ses devoirs, par dévouement à ses affections.

Où se trouvaient alors les ardents ennemis qu'elle avait rencontrés, dès le jour de son arrivée en France, sur les marches même du trône? Où se trouvaient alors les frères, les tantes et les autres parents du roi, qui les premiers l'accusèrent de trahir son mari et sa nouvelle patrie? Où se trouvaient alors tous ces grands coupables des premières calomnies répandues contre elle, tous ces princes et toutes ces princesses qui n'avaient cessé de la représenter comme une épouse infidèle, rebelle à ses devoirs et les foulant tous à ses pieds?

Où se trouvait alors Mme Adélaïde, cette tante qui voulait que le roi la traitât comme une seconde mère, ne crût qu'à son affection et qu'à la sincérité de son dévouement.

Où se trouvait M. le comte de Provence, qui s'était si largement servi contre la reine

de cet axiome que Beaumarchais place dans la bouche de Figaro :

Calomniez....calomniez, il en reste toujours quelque chose. »>

En sûreté.... à Rome, à Venise, en Allemagne!... Le roi leur avait conseillé de partir; le roi leur avait dit : « En restant ici vous seriez en danger!... » Ils avaient obéi au roi et ils avaient émigré.

Mais le roi avait dit aussi à Marie-Antoinette, à cette femme infidèle, à cette femme sans amour pour son mari, sans entrailles pour ses enfants: Partez, Madame, car c'est à vos jours que les révolutionnaires en veulent; et Marie-Antoinette avait répondu : Si l'on en veut à ma vie, c'est à vos côtés qu'on me l'arrachera.

La reine était restée, elle monta sur l'échafaud! M. le comte de Provence avait suivi le conseil du roi, il monta sur le trône de France.

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ous venons de nommer parmi les ennemis de la reine ceux qu'il nous

est le plus pénible d'accuser, mais

qu'il ne nous est pas permis d'élaguer de cette liste, parce que le jour où l'histoire de notre révolution deviendra impartiale, ils seront comptés comme les plus funestes. Nous ne nous occuperons pas du duc d'Orléans ce parent fut plus qu'un ennemi, ce fut un bourreau; nous ne discuterons pas sur les dépositions des témoins qui l'accusèrent de s'être montré, dans la nuit du 5 au 6 octobre 1789, au milieu des assassins qui envahissaient la demeure royale et fouillaient de leurs piques le lit de la reine; nous n'ap

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