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digne d'être universellement adorée, si elle n'eût été pervertie par les conseils de la duchesse de Polignac.

C'est donc bien la calomnie qui 'conduisit la reine à l'échafaud du 16 octobre. Découvrons maintenant les calomniateurs 1.

1. « La reine, dans ses dernières années, avait été l'objet constant des plus amères calomnies que la méchanceté et l'envie ne cessaient de répandre contre elle. Une partie du public avait fini par s'en laisser imposer à cet égard, et croyait bêtement aux atroces méchancetés répandues contre cette princesse.» (Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, tome I, p. 229.)

e qui, au premier coup d'œil, navre de douleur et semble ex

traordinaire, dit Montjoye, c'est

que les premiers coups portés à la réputation de la reine sont sortis du sein même de la cour. »

A son arrivée en France, la reine MarieAntoinette fut d'abord populaire; elle ne pouvait se montrer en public sans être l'objet d'une véritable ovation; en tous lieux on racontait des traits de sa charité, on citait les preuves de la bonté de son cœur, de sa commisération pour les malheureux; on lui savait gré des vertus qu'elle

avait fait monter sur le trône, souillé sous le dernier règne par tant de scandales; de tout le mal que Louis XVI et elle avaient proscrit, et de tout le bien qui résultait de leur probité, ainsi que des améliorations dans la conduite de l'État, que promettait

leur sagesse.

Marie-Antoinette avait refusé le don que de temps immémorial la nation offrait à ses reines, comme Louis XVI avait renoncé au subside connu sous le nom de joyeux avénement. Toutes les actions de ces jeunes époux leur gagnaient l'amour des Français, leurs noms étaient bénis, et Marie-Antoinette surtout était aimée et respectée pour ses grâces majestueuses, pour la dignité de ses sentiments et pour ses bonnes œuvres innombrables.

Qui donc

put aliéner au roi Louis XVI et à la reine Marie-Antoinette l'affection du peuple? quelles passions ou quelles haines changèrent en si peu d'années l'esprit et le cœur de toute une nation pour ses souve

rains? Aux causes de désorganisation que nous avons déjà signalées, aux influences exercées par les prédications de la nouvelle école philosophique, à la démoralisation de toutes les classes, à l'entraînement vers toute nouveauté, levier si puissant chez le peuple français, il faut joindre les plus honteux motifs de vanité froissée, de sot orgueil et d'égoïste lâcheté.

Le mouvement des esprits et les progrès de la civilisation, la lumière de l'intelligence pénétrant plus largement dans le corps social tout entier, devaient nécessairement conduire à une transformation du régime par lequel la France avait été si longtemps gouvernée; le besoin de larges réformes se faisait sentir; le moment de les opérer était venu; la France voulait des réformes 1, elle

1. Dépouillement des cahiers des assemblées électorales. Rapport présenté aux états généraux, par

-

M. de Clermont-Tonnerre.

« 1o Le gouvernement français est un gouvernement monarchique. 2o La personne du roi est invio

ne voulait que cela, et lorsqu'elle envoya des députés aux états généraux, elle ne leur donna point pour mission de construire planche à planche les échafauds de 1793. Mais les philosophes se faisaient un jeu de cette révolution que la France ne voulait

pas; ils y poussèrent les parlements, ils se servirent des mesquines rancunes de la noblesse, et par une sorte de première terreur qu'ils établirent en France dès 1789, ils finirent par avoir raison de la France tout entière. Le pays fut désorganisé par

lable et sacrée. 3° La couronne est héréditaire de måle en mâle. 4o Le roi est dépositaire de la puissance exécutive. 5o La nation fait la loi, avec la sanction royale; le consentement national est nécessaire à l'impôt et à l'emprunt. 6o Les corps administratifs ou états provinciaux seront organisés. »

La métaphysique des philosophes passa dans les œuvres des mandataires du peuple; envoyés pour restaurer, ils voulurent créer une société nouvelle, car on ne peut rien trouver dans les cahiers des états, qui justifie la formation des gouvernements sortis de la révolution.

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