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fcaphandre: elle confifte à fe revêtir du cor felet; ce qui ne demande pas plus de tems. qu'il n'en faut pour prendre une veste. Après avoir noué les cordons par-devant, & paffé le fufpenfoire entre les cuiffes, on attache le plaftron fur la poitrine, & l'on eft auffitôt an état de fe mettre à l'eau, dans laquelle, ainfi que nous l'avons déjà dit, on n'enfon ce que jufques vers la région des mamelles ; on s'y trouve dans une pofition verticale:: on a hors de l'eau la tête & les bras, dont on peut fe fervir comme on le defire. Si l'on veut avancer, on fait ufage du pantalon, qui,. en pareil cas, diminue confidérablement la fatigue qu'on éprouveroit fans lui. On che mine alors dans l'eau par un mouvement des. jambes à peu-près femblable à celui par les quel on marche fur la terre: il faut néanmoins, obferver que les mouvemens des jambes font beaucoup plus grands, & que la grande réfiftance du fluide dans lequel on avance, rend la progreffion plus lente & plus, pénible.

La 3e. partie de ce traité renferme le détail des divers ufages qu'on peut faire du fcaphandre: 1o pour l'amufement de l'un & de l'autre fexe; 2° pour la fanté des hommes & des femmes; 3: pour la chaffe ;. pour la pêche; 5. pour le paffage des grandes rivieres par des troupes; 6°. contre es dangers ou les naufrages fur mer, ou sur Les rivieres; 7o. pour radouber on calfater

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un vaiffeau en mer; 8°. pour faciliter une descente de troupes fur des côtes;. 9° pour y faire aiguade; 10°. pour conftruire des radeaux à la nage en pleine mer, après un naufrage, ou même avant, lorfqu'on le juge inévitable;.11% pour apprendre à nager tout feul, d'une maniere fûre, & en fort peu de tems.. L'auteur a foin de faire connoitre les divers ouvrages qui ont paru jufqu'ici fur l'art de nager fans aucunes machines, & les, tentatives de ceux qui en ont imaginé dans les mêmes vues que lui.

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Nous terminerons l'analyse de ce traité, unique en fon genre, & vraiment utile, en rapportant: deux remarques très-effentiellesdes académiciens qui l'ont examiné, & dus nombre desquels eft le célebre M. de Vaucanfon. « Nous croyons, difent-ils, devoir avertir que les proportions que M. l'abbé de la Chapelle a données de fon fcaphandre, & qui font bonnes pour plufieurs individus, ne feroient peut-être pas bonnes pour tous, & qu'en conféquence, il feroit à propos d'avoir égard à la forme du corps, & à la diftribution du poids de celui auquel le fcaphandre. feroit deftiné, afin d'en varier les proportions fuivant le befoin »..

« Nous croyons encore devoir confeiller de ne pas fe jetter à l'eau, comme nous l'a-vons vu faire (*) plufieurs fois à M. l'abbé

(*) L'inventeur de ce fcaphandre en a fait cinq ou fix

de la Chapelle, furtout dans des endroits qu'on ne connoitroit pas bien: il pourroit fe trouver au fond des chofes capables de bieffer, ou même de retenir l'homme, de façon à l'empêcher de revenir à flot, malgré fa légéreté refpective ».

Les Confidences d'une jolie femme. 4 parties. A Paris, chez la veuve Duchesne, & Guillyn. 1775.

A plupart des romans modernes dénaturent les paffions humaines, leur langage & leurs effets; l'invraifemblance de la marche qu'ils leur donnent, eft la caufe de la fatiété qu'on paroit avoir pour cette efpece d'ouvrage d'efprit; c'eft l'image de la nature, c'eft fa couleur propre qui charment dans tous les arts, dans toutes leurs productions. L'exagération, le gigantefque ne peuvent attacher.

L'auteur des Confidences d'une jolie femme s'eft éloigné de la maniere moderne. Au lieu des vertus à perte de vue, des caracteres idéaux qu'on se plaît à peindre, ce font les foibleffes du cœur qu'il trace, c'eft la fociété telle qu'elle eft dont il fait le ta

fois l'effai, avec beaucoup de fuccès, au mois d'Août dernier, dans la Seine & au réfervoir de Paris, en pré fence des académiciens dont nous parlons.

bleau; l'héroïne du roman n'est qu'un modele à fuir, & c'eft ainfi qu'on corrige au théâtre, où ces êtres de toute perfection qu'on y montre quelquefois, ne font d'aucun effet, parce qu'on y croit peu, faute d'en avoir trouvé dans fa route.

Les foibleffes & les malheurs de Mlle. de Tournemont furent les fuites d'une éducation très-négligée, & de ce goût d'imitation qui devroit faire porter une fi grande attention fur ceux qui peuvent nous communiquer nos premieres idées. Mme. de Tournemont étoit pour fa fille la perfonne la plus dangereufe à voir; tout refpiroit au tour d'elle l'amour & la galanterie : ce fut, dans cet air contagieux que Mlle. de Tournemont, à 13 ans, bleffée de voir que tous les hommages s'adreffoient plutôt à la mere qu'à elle, eut déjà affez de coquetterie pour décider le jeune comte de Rozane à lui parler d'amour... Elle fe croit un perfonnage, dès qu'elle peut dire qu'elle a un amant; c'étoit, dit-elle, dans le fallon que j'allois apprendre mon rôle, & je le jouois passablement avec Rozane.

Les deux petits amans trouvent, par hazard, fous le couffin d'une bergere de Mme. de Tournemont, une de ces productions clandeftines, dit l'auteur, dont les voluptueuses images portent un poifon fubtil dans l'ame la mieux prémunie. On étoit à la campagne, & l'on va s'enfoncer dans un bofquet du jar

din, pour fe livrer à cette coupable lecture. Les efprits s'échauffent par degrés, & déjà Rozane, un bras paffé autour du corps de la jeune perfonne, la ferroit machinalement, lorfque Mme. de Tournemont, accompagnée de Murville, les furprend & les couvre de confufion.

Murville, qui, dans ce roman, doit jouer un rôle odieux, étoit, dit l'auteur, un de ces hommes à la mode, pour qui la nature. fembloit avoir été prodigue d'agrémens, & fort économe de vertus... Beaucoup d'ef prit, , peu de fentimens, des goûts vifs, une plaifanterie légere &c. Une pleuréfie enleve, le 7e. jour, M. de Tournemont, & bientôt après, fa. fille eft mife dans un couvent, où elle trouve une fœur qu'à-peine elle connoiffoit, parce qu'une averfion de fa mere. Py avoit retenue. Mlle. d'Aulnay (c'eft le nom de cette malheureuse feeur), plus vé-hémente que vive, plutôt fombre que fé rieufe, aimoit paffionnément le plaifir, fans. être gaie. Un grand fang froid, une fermeté d'ame, & cette faculté rare chez de jeunes perfonnes, de fe décider fur tous les objets & dans toutes les occafions, tel étoit fon caractere.

Une Mme. de Saintal, retirée dans ce couvent, combat & détruit la fecrette antipathie qu'il y avoit entre les deux fœurs d'um caractere très-oppofé. La concorde s'é-tablic, dit Mlle. de Tournemont, aux dés

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