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L'Inde, où le defpótifme & le fanatifme exercent un empire fi abfolu, eft un pays. rempli de manufactures.... Ce n'eft ni le fabriquant courbé fur son métier, ni le cultivateur occupé de travaux pénibles, ni même le négociant faifant le commerce des productions du fol & de l'induftrie, qui étendent les limites des connoiffances humai nes, & qui combattent les erreurs funeftes à l'humanité ce font des citoyens vivans dans les grandes villes. C'eft dans les métropoles où fe raffemblent les riches propriétaires & les premiers adminiftrateurs d'une grande nation, que les efprits s'agitent & s'enflamment, que les droits de l'homme & du citoyen font mieux connus. Bacon, Sidney, Locke, Montefquieu, font nés dans des états agricoles, & ont répandu de-là la lumiere fur les nations ».

Le parallele que le chevalier Zanobi fais de Sully & de Colbert, paroit à notre anonyme peu jufte en plufieurs points: nous en rapporterons quelques-uns, pour faire voir à nos lecteurs combien l'auteur des dialogues s'éloigne des écrivains qui récemment ont fait l'éloge de ces deux grands hommes. Sul ly, dit le chevalier, étoit un homme ver tueux, Colbert un habile homme.

« L'habile homme eft, fans doute, celui qui prenant l'adminiftration des finances d'un noyaume épuisé par 100 ans de guerres civiles, a rétabli l'agriculture & les finances.

en 10 ans de tems, a payé 200 millions de dettes qui feroient près de 400 millions ( de nos jours), & a laiffé dans le tréfor du ́ fouverain 30 millions; c'eft ce qu'a fait Sully. Il falloit, fans doute, de la vertu pour entreprendre & exécuter de fi grandes chofes; mais il falloit peut-être encore plus d'habileté..., feulement pour en concevoir la poffibilité ».

Sully guérit la France, Colbert l'enrichit. « On ne fçait ce que veut dire ce mot, guérir la France. Sully a ranimé l'agriculture par la diminution des impôts, par la liberté du commerce des grains, par l'ordre dans l'adminiftration des finances & dans la perception des revenus. N'est ce pas là enrichir la France?.. >>.

Chacun des deux vint à propos pour fon fiecle & pour fon maitre. « Je ne fçais point de fiecle où un Sully ne vint à propos, & point de fouverain qui ne doive defirer un pareil miniftre. L'auteur né pourroit certainement pas nous indiquer des circonftances où il ne faille pas augmenter les richeffes renaiffantes du fol, & où ce ne doive pas être là le premier & prefque l'unique foin d'un miniftre; au lieu qu'il convient lui-même que Colbert auroit été déplacé, avec fon goût pour les manufactures, dans le fiecle de Sully, où tout le royaume étoit en friche ».

L'un convenoit à un prince nouvelle

ment affis fur fon tróne...,& qui trouvoit tout en friche...; l'autre à un fouverain... qui faifoit, pour ainfi dire, fleurir l'herbe fous fes pas.... « Henri IV a fait bien plus véritablement fleurir l'herbe fous les pas que Louis XIV. L'économie d'Henri IV, dirigée par les confeils de Sully, a fait germer le bled & toutes les richeffes de la terre. Les guerres, les dépenfes énormes de Louis XIV ont brûlé le fol; celui-ci auroit donc eu befoin lui-même du miniftre qui convenoit au fouverain qui avoit trouvé tout en friche. Le fafte des rois peut faire fleurir, pendant quelque tems, les beaux-arts & les fciences; mais leur économie feule fait vraiment fleurir les campagnes, & tout le mon de fçait combien cette économie a été inconnue à Louis XIV ».

Par ce peu de paffages que nous venons de citer, il eft facile de juger que le critique a les plus grands avantages fur fon antagoniste refte à fçavoir fi la cause de ce dernier n'eft pas du nombre de celles qui, pour être mal défendues, ne font pas moins les vraiment bonnes : nous nous garderons bien de prononcer fur cette grande queftion; mais ce que nous croyons devoir obferver, c'eft que l'auteur ne fait nulle mention d'un ouvrage qui a paru contre les dialogues & peu après eux, & qui a pour auteur M. l'A. R., qui tient un rang diftingué parmi MM. les économistes. Cet ou

vrage, où brille à la fois la folidité du raifonnement, l'efprit léger & la fine plaisanterie, fe vend chez Defventes de la Doué, rue St. Jacques i*). Nous avons lieu de croire que l'anonyme ne l'a pas connu; car il en auroit parlé, fans doute, avec la même franchise qu'il a rapporté l'extrait critique des dialogues qui a été inféré dans le Mercure d'Avril 1770.

Mémoires de l'académie royale de chirur gie. Tome 13e. In-12. A Paris, chez Didot le jeune. 1774.

L n'y a peut-être pas d'inftitution plus

effentiellement utile au bonheur des hommes que les académies dont l'objet eft le rétabliffement de la fanté, & qui font inftitué dans des villes affez grandes pour que l'immenfité du monde qui s'y réunit, exige nonfeulement un grand nombre d'officiers de fanté, mais préfente encore affez fréquemment ces cas finguliers qui, dans des endroits. moins peuplés, font ifolés, & n'arrivent que tous les cent ans. L'art de guérir ne peut

(*) Nous avons annoncé, dans un de nos journaux de D'année derniere, Hiftoire de Ruffie, 2 vol. in 12, chez Te Sr. Coftar, qui n'en a qu'un petit nombre d'exemplai res. L'édition entiere appartient au Sr. Defventes de la Doué, auquel ceux qui defireront cette hiftoire, peuvent adreffer.

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être perfectionné que par l'expérience; mais cette expérience n'est parfaite que lorfque les lumieres d'un certain nombre de miniftres de la fanté, éclairés & inftruits par la pratique, fe réuniffent & fe confondent pour ainfi dire, dans tous les individus refpectifs qui exercent la même profeffion. C'estlà précisément, ce qu'on voit dans l'académie royale de chirurgie, dont le fçavant secrétaire augmente encore l'utilité individuelle par les foins qu'il a de rapprocher, dans toutes les occafions, l'expérience des anciens, qui, par un dédain un peu trop général ne font

que trop négligés en matiere de chirurgie. Les mémoires que nous allons faire connoitre, font un témoignage authentique de ce que nous venons de dire: qu'il nous foit néanmoins permis de remarquer qu'on defireroit un peu moins de diffufion dans la plupart des differtations de M. Louis. Il y a trop d'érudition. Il fuffit la plupart du tems d'expofer le vrai & l'utile, fans perdre le tems à faire un long récit des erreurs & des fautes.

Le premier mémoire fur les tumeurs fongueules de la dure mere, eft de M. Louis. Ce fujet eft, pour ainfi dire, tout neuf; non pas que ces tumeurs fongueufes ne se foient préfentées que depuis peu, parce que leur nature a été méconnue, & que leur traitement a été ignoré.

mais

« Les fymptômes & les accidens que les tumeurs fongueufes ont de commun avec

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